est mort.
--Et qu'avez-vous fait du cadavre?
--Ah! par ma foi, madame, une patrouille arrivait, et, comme, en me compromettant, je compromettais Votre Majest��, j'ai laiss�� �� cette patrouille le soin de ramasser les morts et de faire panser les bless��s.
--Alors, on va le reconna?tre pour un officier fran?ais!
--A quoi? Voil�� son manteau, voil�� ses pistolets, voil�� son sabre, que j'ai ramass��s sur le champ de bataille. Ah! il en jouait bien, du sabre et du pistolet, je vous en r��ponds! Quant �� ses papiers, il n'avait pas autre chose sur lui que ce portefeuille et ce chiffon, qui y est rest�� coll��.
Et le sbire jetait sur la table un portefeuille en basane teint de sang; une esp��ce de chiffon de papier ressemblant �� une lettre adh��rait en effet au portefeuille, le sang s��ch�� l'y maintenait.
Le sbire les s��para l'un de l'autre avec une profonde insouciance et les jeta tous deux sur la table.
La reine allongea la main; mais sans doute h��sitait-elle �� toucher ce portefeuille ensanglant��; car, s'arr��tant �� moiti�� chemin, elle demanda:
--Et son uniforme, qu'en as-tu fait?
--Voil�� encore une chose qui a manqu�� me faire donner au diable: c'est qu'il n'avait pas plus d'uniforme que sur ma main. Il ��tait tout simplement v��tu, sous son manteau, d'une houppelande de velours vert avec des tresses noires. Comme il avait fait un grand orage, il l'aura laiss�� �� quelque ami qui lui aura pr��t�� sa redingote en ��change.
--C'est ��trange! dit la reine; on m'avait cependant bien donn�� le signalement; au reste, les papiers contenus dans ce portefeuille l��veront tous nos doutes.
Et, de ses doigts gant��s dont les extr��mit��s se teignirent de rouge, elle ouvrit le portefeuille et en tira une lettre portant cette suscription:
?Au citoyen Garat, ambassadeur de la r��publique fran?aise �� Naples.?
La reine brisa le cachet aux armes de la R��publique, ouvrit la lettre, et, aux premi��res lignes qu'elle en lut, poussa une exclamation de joie.
Cette joie allait croissant au fur et �� mesure qu'elle avan?ait dans sa lecture, et, quand elle l'eut achev��e:
--Pasquale, tu es un homme pr��cieux, dit-elle, et je ferai ta fortune.
--Il y a d��j�� bien longtemps que Votre Majest�� me le promet, r��pondit le sbire.
--Pour cette fois, sois tranquille, je te tiendrai parole; en attendant, tiens, voici un ��-compte.
Elle prit un morceau de papier sur lequel elle ��crivit quelques lignes.
--Prends ce bon de mille ducats; il y en a cinq cents pour toi et cinq cents pour tes hommes.
--Merci, madame, fit le sbire soufflant sur le papier pour en faire s��cher l'encre avant de le mettre dans sa poche; mais je n'ai pas dit �� Votre Majest�� tout ce que j'ai �� lui dire.
--Et moi, je ne t'ai point demand�� tout ce que j'ai �� te demander; mais, auparavant, laisse-moi relire cette lettre.
La reine relut la lettre une seconde fois, et, �� cette seconde fois, ne parut pas moins satisfaite qu'�� la premi��re.
Puis, cette seconde lecture achev��e:
--Voyons, mon fid��le Pasquale, qu'avais-tu �� me dire?
--J'avais �� vous dire, madame, que, du moment o�� ce jeune homme est rest�� depuis onze heures et demie jusqu'�� une heure du matin dans les ruines du palais de la reine Jeanne; que, du moment o�� il y a troqu�� son uniforme militaire contre une houppelande bourgeoise, il n'y est pas rest�� seul; et sans doute avait-il des lettres de la part de son g��n��ral pour d'autres personnes encore que l'ambassadeur fran?ais.
--C'��tait justement ce que je pensais en m��me temps que tu me le disais, mon cher Pasquale. Et sur ces personnes, ajouta la reine, tu n'as aucun soup?on?
--Non, pas encore; mais nous allons, je l'esp��re bien, savoir quelque chose de nouveau.
--Je t'��coute, Pasquale, dit la reine en inondant en quelque sorte le sbire de la lumi��re de ses yeux.
--Des huit hommes que j'avais command��s pour l'exp��dition de cette nuit, j'en ai distrait deux, pensant que c'��tait assez de six pour venir �� bout de notre aide de camp; il a failli m'en co?ter cher de l'avoir pes�� �� faux poids; mais cela ne fait rien... Eh bien, ces deux hommes, je les ai plac��s en embuscade au-dessus du palais de la reine Jeanne, avec ordre de suivre les gens qui en sortiraient avant ou apr��s l'homme �� qui j'avais affaire moi-m��me, et de tacher de savoir qui ils sont ou du moins o�� ils demeurent.
--Eh bien?
--Eh bien, madame, je leur ai donn�� rendez-vous au pied de la statue du G��ant, et, si Votre Majest�� le permet, je vais voir s'ils sont �� leur poste.
--Va! et, s'ils y sont, am��ne-les-moi; je veux les interroger moi-m��me.
Pasquale de Simone disparut dans le corridor, et l'on entendit le bruit de ses pas d��cro?tre au fur et �� mesure qu'il descendait les marches de l'escalier.
Rest��e seule, la reine jeta vaguement un regard sur la table, elle y vit ce second papier que le sbire avait trait�� de
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