La San-Felice, Tome II | Page 4

Alexandre Dumas, père
p��re nourricier Ferrari, le roi lui fit un signe de la main, et il se tint tranquille derri��re lui.
Ferdinand alla droit au dormeur, et, du bout de la main, lui toucha l'��paule.
Si l��g��re qu'eut ��t�� la pression, celui-ci se r��veilla imm��diatement et se mit sur son s��ant, regardant autour de lui avec cet oeil effar�� de l'homme que l'on ��veille au milieu de son premier sommeil; mais, aussit?t, reconnaissant le roi, il se laissa glisser de son lit de camp et se tint debout et les coudes au corps, attendant les ordres de Sa Majest��.
--Peux-tu partir? lui demanda le roi.
--Oui, sire, r��pondit Ferrari.
--Peux-tu aller �� Vienne sans t'arr��ter?
--Oui, sire.
--Combien de jours te faut-il pour aller �� Vienne?
--Au dernier voyage, sire, j'ai mis cinq jours et six nuits; mais je me suis aper?u que je pouvais aller plus vite et gagner douze heures.
--Et �� Vienne, combien de temps te faut-il pour te reposer?
--Le temps qu'il faudra �� la personne �� laquelle Votre Majest�� ��crit pour me donner une r��ponse.
--Alors, tu peux ��tre ici dans douze jours?
--Auparavant si l'on ne me fait pas attendre, et s'il ne m'arrive pas d'accident.
--Tu vas descendre �� l'��curie, seller un cheval toi-m��me; tu iras le plus loin possible avec le m��me cheval, au risque de le forcer; tu le laisseras chez un ma?tre de poste quelconque et tu l'y reprendras �� ton retour.
--Oui, sire.
--Tu ne diras �� personne o�� tu vas.
--Non, sire.
--Tu remettras cette lettre �� l'empereur lui-m��me et point �� d'autres.
--Oui, sire.
--Et �� qui que ce soit, m��me �� la reine, tu ne laisseras prendre la r��ponse.
--Non, sire.
--As-tu de l'argent?
--Oui, sire.
--Eh bien, pars, alors.
--Je pars, sire.
Et, en effet, le brave homme ne prit que le temps de glisser la lettre du roi dans une petite poche de cuir pratiqu��e en mani��re de portefeuille dans la doublure de sa veste, de mettre sous son bras un petit paquet contenant un peu de linge et de se coiffer de sa casquette de courrier; apr��s quoi, sans en demander davantage, il s'appr��ta �� descendre l'escalier.
--Eh bien, tu ne fais pas tes adieux �� Jupiter? dit le roi.
--Je n'osais, sire, r��pondit Ferrari.
--Voyons, embrassez-vous; n'��tes-vous pas deux vieux amis, et tous les deux �� mon service?
L'homme et le chien se jet��rent dans les bras l'un de l'autre: tous deux n'attendaient que la permission du roi.
--Merci, sire, dit le courrier.
Et il essuya une larme en se pr��cipitant par les degr��s pour rattraper le temps perdu.
--Ou je me trompe fort, dit le cardinal, ou vous avez l�� un homme qui se fera tuer pour vous �� la premi��re occasion, sire!
--Je le crois, dit le roi: aussi, je pense �� lui faire du bien.
Ferrari avait disparu depuis longtemps que le roi et le cardinal n'��taient point encore au bas de l'escalier.
Ils rentr��rent dans l'appartement du roi par le m��me chemin qu'ils avaient pris pour en sortir, refermant derri��re eux les portes qu'ils avaient laiss��es ouvertes.
Un huissier de la reine attendait dans l'antichambre, porteur d'une lettre de Sa Majest��.
--Oh! oh! fit le roi en regardant la pendule, �� trois heures du matin? Ce doit ��tre quelque chose de bien important.
--Sire, la reine a vu votre chambre ��clair��e, et elle a pens�� avec raison que Votre Majest�� n'��tait pas encore couch��e.
Le roi ouvrit la lettre avec la r��pugnance qu'il mettait toujours �� lire les lettres de sa femme.
--Bon! dit-il aux premi��res lignes, c'est amusant: voil�� ma partie de chasse �� tous les diables!
--Je n'ose demander �� Votre Majest�� ce que lui annonce cette lettre.
--Oh! demandez, demandez, Votre ��minence. Elle m'annonce qu'au retour de la f��te et �� la suite de nouvelles importantes re?ues, M. le capitaine g��n��ral Acton et Sa Majest�� la reine ont d��cid�� qu'il y aurait conseil extraordinaire aujourd'hui mardi. Que le bon Dieu b��nisse la reine et M. Acton! Est-ce que je les tourmente, moi? Qu'ils fassent donc ce que je fais, qu'ils me laissent tranquille.
--Sire, r��pliqua Ruffo, pour cette fois, je suis oblig�� de donner raison �� Sa Majest�� la reine et �� M. le capitaine g��n��ral; un conseil extraordinaire me para?t de toute n��cessit��, et plus t?t il aura lieu, mieux cela vaudra.
--Eh bien, alors, vous en serez, mon cher cardinal.
--Moi, sire? Je n'ai point droit d'assister au conseil!
--Mais, moi, j'ai le droit de vous y inviter.
Ruffo s'inclina.
--J'accepte, sire, dit-il; d'autres y apporteront leur g��nie, j'y apporterai mon d��vouement.
--C'est bien. Dites �� la reine que je serai demain au conseil �� l'heure qu'elle m'indiquera, c'est-��-dire �� neuf heures. Votre ��minence entend?
--Oui, sire.
L'huissier se retira.
Ruffo allait le suivre, lorsqu'on entendit le galop d'un cheval qui passait sous la vo?te du palais.
Le roi saisit la main du cardinal.
--En tout cas, dit-il, voil�� Ferrari qui part. ��minence, vous serez instruit un des premiers, je vous le promets, de ce qu'aura r��pondu mon cher neveu.
--Merci, sire.
--Bonne nuit �� Votre ��minence... Ah! qu'ils se tiennent
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