La San-Felice, Tome II | Page 3

Alexandre Dumas, père
part de son gouvernement.
?Faites-moi donc, par le retour du m��me courrier que je vous envoie, tr��s-excellent fr��re, cousin et neveu, alli�� et conf��d��r��, savoir quelles sont vos dispositions pour la prochaine guerre, et surtout l'��poque pr��cise �� laquelle vous comptez vous mettre en campagne, ne voulant absolument rien faire qu'en m��me temps que vous et d'accord avec vous.
?J'attendrai la r��ponse de Votre Majest�� pour me r��gler en tout point sur les instructions qu'elle me donnera.
?La pr��sente n'��tant �� autre fin, je me dis, en lui souhaitant toute sorte de prosp��rit��s, de Votre Majest��, le bon fr��re, cousin et oncle, alli�� et conf��d��r��.?
--Ouf! fit le roi.
Et il leva la t��te pour interroger le cardinal.
--Eh bien, c'est fini, sire, et Votre Majest�� n'a plus qu'�� signer.
Le roi signa, selon son habitude: Ferdinand B.
--Et quand je pense, continua le roi, que j'aurais mis la nuit tout enti��re �� ��crire cette lettre. Merci, mon cher cardinal, merci.
--Que cherche Votre Majest��? demanda Ruffo, qui voyait que le roi cherchait autour de lui avec inqui��tude.
--Une enveloppe.
--Bien, dit Ruffo, nous allons en faire une.
--C'est encore une chose que San-Nicandro ne m'a point appris �� faire, des enveloppes! Il est vrai qu'ayant oubli�� de m'apprendre �� ��crire, il avait regard�� la science des enveloppes comme chose inutile.
--Votre Majest�� permet-elle? demanda Ruffo.
--Comment, si je la permets! dit le roi en se levant. Asseyez-vous l�� �� ma place sur mon fauteuil, mon cher cardinal.
Le cardinal s'assit sur le fauteuil du roi, et, avec une grande prestesse et une grande habilet��, plia et d��chira le papier qui devait recouvrir la lettre royale.
Ferdinand le regardait faire avec admiration.
--Maintenant, dit le cardinal, Votre Majest�� veut-elle me dire o�� est son sceau?
--Je vais vous le donner, je vais vous le donner, ne vous d��rangez pas, dit le roi.
La lettre fut cachet��e, et le roi mit l'adresse.
Puis, appuyant son menton dans sa main, il demeura pensif.
--Je n'ose interroger le roi, demande Ruffo en s'inclinant.
--Je veux, r��pondit le roi toujours pensif, que personne ne sache que j'ai ��crit cette lettre �� mon neveu, ni par qui je l'ai envoy��e.
--Alors, sire, dit en riant Ruffo, Votre Majest�� va me faire assassiner en sortant du palais.
--Vous, mon cher cardinal, vous n'��tes pas quelqu'un pour moi; vous ��tes un autre moi-m��me.
Ruffo s'inclina.
--Oh! ne me remerciez point, allez, le compliment n'est pas riche.
--Comment faire, alors? Il faut cependant que vous envoyiez chercher Ferrari par quelqu'un, sire.
--Justement, je m'oriente.
--Si je savais o�� il est, dit Ruffo, j'irais le chercher.
--Pardieu! moi aussi, fit le roi.
--Vous avez dit qu'il ��tait dans le palais.
--Certainement qu'il y est; seulement, le palais est grand. Attendez, attendez donc! En v��rit��, je suis encore plus b��te que je ne croyais.
Il ouvrit la porte de sa chambre �� coucher et siffla.
Un grand ��pagneul s'��lan?a du tapis o�� il ��tait couch�� pr��s du lit de son ma?tre, posa ses deux pattes sur la poitrine du roi, toute chamarr��e de plaques et de cordons, et se mit �� lui l��cher le visage, occupation �� laquelle le ma?tre paraissait prendre autant de plaisir que le chien.
--C'est Ferrari qui l'a ��lev��, dit le roi; il va me trouver Ferrari tout de suite.
Puis, changeant de voix et parlant �� son chien comme il e?t parl�� �� un enfant:
--O�� est-il donc, ce pauvre Ferrari, Jupiter? Nous allons le chercher. Ta?aut! ta?aut!
Jupiter parut parfaitement comprendre; il fit trois ou quatre bonds par la chambre, humant l'air et jetant des cris joyeux; puis il alla gratter �� la porte d'un corridor secret.
--Ah! nous en revoyons donc, mon bon chien? dit le roi.
Et, allumant un bougeoir au cand��labre, il ouvrit la porte du couloir en disant:
--Cherche, Jupiter! cherche!
Le cardinal suivait le roi, d'abord pour ne pas le laisser seul, ensuite par curiosit��.
Jupiter s'��lan?a vers l'extr��mit�� du couloir et gratta �� une seconde porte.
--Nous sommes donc sur la voie, mon bon Jupiter? continua le roi.
Et il ouvrit cette seconde porte, comme il avait ouvert la premi��re; elle donnait sur une antichambre vide.
Jupiter alla droit �� une porte oppos��e �� celle par laquelle il ��tait entr�� et se dressa contre cette porte.
--Tout beau! dit le roi, tout beau!
Puis, se tournant vers Ruffo:
--Nous br?lons, cardinal, dit-il.
Et il ouvrit cette troisi��me porte.
Elle donnait sur un petit escalier. Jupiter s'y ��lan?a, monta rapidement une vingtaine de marches, puis se mit �� gratter la porte en poussant de petits cris.
--Zitto! zitto! dit le roi.
Le roi ouvrit cette quatri��me porte comme il avait ouvert les trois autres; seulement, cette fois, il ��tait arriv�� au terme de son voyage: le courrier, tout v��tu et tout ��peronn��, dormait sur un lit de camp.
--Hein! fit le roi, tout fier de l'intelligence de son chien; et quand je pense que pas un de mes ministres, m��me celui de la police, n'aurait fait ce que vient de faire mon chien!
Malgr�� l'envie qu'avait Jupiter de sauter sur le lit de son
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