bien demain au conseil! je pr��viens la reine et M. le capitaine g��n��ral que je ne serai pas de bonne humeur.
--Bah! sire, dit le cardinal en riant, la nuit portera conseil.
Le roi rentra dans sa chambre �� coucher et sonna �� briser la sonnette. Le valet de chambre accourut tout effar��, croyant que le roi se trouvait mal.
--Que l'on me d��shabille et que l'on me couche! cria le roi d'une voix de tonnerre; et, une autre fois, vous aurez soin que l'on ferme mes jalousies, afin que l'on ne voie pas que ma chambre est ��clair��e �� trois heures du matin.
Disons maintenant ce qui s'��tait pass�� dans la chambre obscure de la reine, tandis que ce que nous venons de raconter se passait dans la chambre ��clair��e du roi.
XX
LA CHAMBRE OBSCURE
A peine la reine ��tait-elle rentr��e chez elle, que le capitaine g��n��ral Acton s'��tait fait annoncer en lui mandant qu'il avait deux nouvelles importantes �� lui communiquer; mais sans doute ce n'��tait pas lui que la reine attendait ou n'��tait-il point le seul qu'elle attendit; car elle r��pondit assez durement:
--C'est bien! qu'il entre au salon; aussit?t que je serai libre, j'irai le rejoindre.
Acton ��tait habitu�� �� ces boutades royales. Depuis longtemps, entre la reine et lui, il n'y avait plus d'amour; il ��tait l'amant en titre comme il ��tait premier ministre; ce qui n'emp��chait point qu'il n'y e?t d'autres ministres que lui.
Un lien politique rattachait seul l'un �� l'autre ces deux anciens amants. Acton avait besoin, pour rester au pouvoir, de l'influence que la reine avait prise sur le roi, et la reine, pour ses vengeances ou ses sympathies, qu'elle satisfaisait avec une ��gale passion, avait besoin du g��nie intrigant d'Acton et de sa complaisance infinie, pr��te �� tout supporter pour elle.
La reine se d��pouilla rapidement de toute sa toilette de gala, de ses fleurs, de ses diamants, de ses pierreries; elle effa?a et fit dispara?tre le rouge dont les femmes et surtout les princesses couvraient leurs joues �� cette ��poque, passa un long peignoir blanc, prit une bougie, suivit un couloir solitaire, et, apr��s avoir travers�� tout un appartement, elle arriva �� une chambre isol��e, d'un ameublement s��v��re et communiquant �� l'ext��rieur avec un escalier secret dont la reine avait une clef, et son sbire Pasquale de Simone une autre.
Les fen��tres de cette chambre restaient constamment ferm��es pendant le jour, et pas le moindre rayon de lumi��re n'y p��n��trait.
Une lampe de bronze occupait le centre de la table, o�� elle ��tait scell��e, et un abat-jour pos�� sur la lumi��re ��tait construit de mani��re �� concentrer cette lumi��re dans la circonf��rence de la table seulement, et �� laisser tout le reste de la chambre dans l'obscurit��.
C'��tait l�� que l'on entendait les d��nonciations. Si les d��nonciateurs, malgr�� l'ombre qui s'��paississait dans les profondeurs de la salle, craignaient d'��tre reconnus, ils pouvaient entrer un masque sur le visage, ou rev��tir dans l'antichambre une de ces longues robes de p��nitent qui accompagnent le cadavre au cimeti��re ou le patient �� l'��chafaud: linceuls effrayants qui rendent l'homme pareil �� un spectre et qui, ne laissant de passage qu'�� la vue, font, des trous pratiqu��s �� cet effet, deux ouvertures pareilles aux orbites vides d'une t��te de mort.
Les trois inquisiteurs qui s'asseyaient �� cette table ont acquis une assez triste c��l��brit�� pour faire leurs noms immortels; ils se nommaient Castel-Cicala, ministre des affaires ��trang��res, Guidobaldi, vice-pr��sident de la junte d'��tat en permanence depuis quatre ans, et Vanni, procureur fiscal.
La reine, en r��compense de ses bons services, venait de faire ce dernier marquis.
Mais, cette nuit-l��, la table ��tait d��serte, la lampe ��teinte, la chambre solitaire; le seul ��tre vivant ou plut?t ayant apparence de vie qui l'habitat ��tait une pendule dont le balancement monotone et le timbre strident troublaient seuls le silence fun��bre qui semblait descendre du plafond et peser sur le parquet.
On e?t dit que les t��n��bres qui r��gnaient ��ternellement dans cette chambre en avaient ��paissi l'air et l'avaient rendu semblable �� cette vapeur qui flotte au-dessus des marais; on sentait, en y entrant, que l'on changeait non-seulement de temp��rature, mais encore d'atmosph��re, et que celle-ci, ne se composant plus des ��l��ments qui forment l'air ext��rieur, devenait plus difficile �� respirer.
Le peuple, qui voyait les fen��tres de cette chambre constamment ferm��es, l'avait appel��e la chambre obscure; et, par les bruits vagues qui s'en ��taient ��chapp��s comme de toute chose myst��rieuse, il avait, avec le terrible instinct de divination qui le caract��rise, �� peu pr��s entrevu ce qui s'y passait, mais, comme ce n'��tait pas lui que mena?ait cette fun��bre obscurit��, comme les d��crets qui sortaient de cette chambre sombre passaient au-dessus de sa t��te pour frapper des t��tes plus hautes que la sienne, c'��tait lui qui parlait le plus de cette chambre, mais c'��tait lui aussi qui, au bout du compte, la craignait le moins.
Au
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