La Recluse | Page 8

Pierre Zaccone
qu'il voyait ou entendait depuis un moment, le rejetait dans un monde de sensations excessives, o�� toutes les lois de la conscience humaine semblaient ��tre singuli��rement m��connues!
Au surplus, on ne lui laissa pas le temps de s'abandonner �� des r��flexions ni de discuter ses impressions.
La jeune femme s'��tait lev��e, et, �� voir l'air de r��solution qui se manifesta sur ses traits, on pouvait croire qu'elle en avait fini avec les ��motions violentes qu'un moment le souvenir du pass�� avait ��veill��es en elle.
-- Maintenant, dit-elle, vous me connaissez tout enti��re, Monsieur, et j'esp��re que vous voudrez bien me rendre le service que j'ai �� vous demander, puisque vous ��tes certain que votre int��r��t ne s'��garera pas sur une cr��ature indigne.
-- Qu'attendez-vous de moi? interrogea Gaston, repris de nouveau par sa curiosit��.
-- Peu de chose, en r��alit��; mais de votre concours d��pend peut- ��tre le succ��s des recherches auxquelles je vais me livrer.
-- Parlez en toute confiance, et si je puis vous ��tre utile.
-- En premier lieu, continua la jeune femme, vous m'aiderez �� abr��ger toutes les formalit��s que je vais avoir �� subir au sortir de cette prison! Il s'agit, d'abord, d'emporter d'ici le corps de mon p��re, et de le d��poser dans le cimeti��re du bourg le plus voisin.
-- Cela sera fait comme vous le souhaitez: dans une heure, la chaloupe viendra prendre le cercueil, et d��s demain, il sera enseveli dans le lieu que vous aurez d��sign�� vous-m��me. J'ajoute que l'��quipage de l'Atalante l'accompagnera �� sa demeure derni��re.
-- Merci.
-- Ce n'est pas tout ce que vous d��sirez?
-- Non, Monsieur.
-- Qu'y a-t-il encore?
La jeune femme parut h��siter une derni��re fois; mais elle fit aussit?t un effort sur elle-m��me, et leva son regard assur�� sur Gaston.
-- Vous ��tes jeune, Monsieur, dit-elle d'une voix ferme; pendant les courts instants que je viens de passer avec vous, j'ai pu m'assurer que vous ��tes sensible et bon, et je me suis persuad�� qu'une femme ne s'adressera pas en vain �� votre loyaut��.
-- Je ne vous comprends pas.
-- Je vais m'expliquer. Votre temps est pr��cieux, je n'en doute pas, et je comprends que vous ayez hate de reprendre la mer.
-- Sans doute.
-- Cependant si je vous priais de ne pas vous ��loigner tout de suite, de m'accorder un jour ou deux, pour m'aider dans certaines d��marches que je ne puis faire seule ou qui, du moins, acquerraient une grande autorit�� si je les faisais appuy��e �� votre bras et recommand��e de votre nom.
-- Que voulez-vous dire?
-- Est-ce trop demander �� votre courtoisie?
-- Ce n'est malheureusement pas de courtoisie qu'il s'agit, Madame, mais de mon devoir qui m'oblige �� reprendre la mer le plus t?t possible.
-- Alors vous comptez repartir demain.
-- Demain, �� l'issue de la c��r��monie fun��bre.
La jeune femme r��prima un mouvement de contrari��t��, et son regard plongea dans celui du commandant.
-- Soit! dit-elle d'un ton nerveux, j'esp��rais mieux, mais je n'insiste pas. Seulement, dans les d��lais que vous venez d'indiquer vous-m��me, pourrai-je compter sur vous?
-- Assur��ment.
-- Vous voudrez bien m'accorder votre appui et votre bras?
-- Sans doute.
-- Ce que je vous demande-l��, songez-y, Monsieur, je ne puis le demander �� personne autre. D��sormais, je suis seule au monde, et si vous me refusiez...
-- Mais, par grace, dites-moi...
-- Voici: je vous ai racont�� tout �� l'heure, que pour le rapt odieux accompli sur ma personne, mon p��re s'��tait fait aider par un sien ami, commandant d'un cutter de l'��tat.
-- Eh bien!
-- Eh bien... cet homme, je veux le voir!
-- Vous savez donc o�� il est.
-- Il habite �� quelques milles de la c?te, o�� il vit mis��rablement! L'infame action qu'il a commise ne lui a pas profit��, et une lettre r��cente qu'il a ��crite �� mon p��re, et que j'ai pu intercepter, t��moigne de quelques remords. Peut-��tre le moment est-il favorable: il doit conna?tre bien des choses du pass��, et qui sait si je ne parviendrai pas �� lui arracher quelques aveux. Vous comprenez.
-- Parfaitement.
-- Et vous consentez �� m'accompagner?
-- Nous partirons quand vous voudrez.
Par un mouvement plus prompt que la pens��e m��me, la jeune femme s'empara des mains de Gaston et les baisa avec un transport de joie folle.
-- Ah! c'est bien, cela! dit-elle en cherchant �� r��agir contre sa propre ��motion, vous ��tes g��n��reux, et Dieu vous r��compensera. Si ma fille m'est rendue, c'est �� vous peut-��tre que je le devrai...
Puis elle passa dans une pi��ce voisine, jeta �� la hate une mante sur ses ��paules, un voile ��pais sur ses cheveux, et revint peu apr��s vers le jeune commandant qui attendait.
-- Partons! partons! dit-elle, ne perdons pas une seconde... nous n'avons plus que quelques heures de jour; et la nuit, nous pouvons ��tre arr��t��s par bien des obstacles... Venez!...
Ils descendirent d'un pas rapide vers l'embarcation qui fut imm��diatement pouss��e �� la mer, et quelques minutes apr��s, elle filait vers la c?te, emportant
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