le commandant, la jeune femme et Bob, le petit mousse.
Quand ils atteignirent la c?te, il ��tait cinq heures environ.
La bourrasque s'��tait tout �� fait calm��e; la mer ��tait unie comme un lac; de chaque c?t�� de l'embarcation, le regard plongeait en des profondeurs limpides, o�� l'on distinguait une v��g��tation vigoureuse, aux tons color��s, o�� se m��laient les foug��res h��riss��es, de v��ritables parterres ��maill��s de p��pites azur��es, ou encore de longs rubans de lianes globuleuses ou tubul��es. C'��tait comme une f��te des yeux; de temps �� autre, s'��lan?aient du flanc des rochers aigus et noirs des arbres gigantesques dont les branches charg��es de fleurs ��clatantes se balan?aient mollement au mouvement du flux et du reflux.
Gaston de Pradelle avait rarement observ�� un pareil spectacle, et s'abandonnait �� l'admiration qu'il ��veillait en lui.
Quant �� miss Fanny Stevenson, elle semblait indiff��rente �� tout, absorb��e dans une pens��e unique, ne songeant qu'�� son but.
Elle s'��tait rejet��e �� l'arri��re de l'embarcation, avait serr�� fortement sa mante autour de sa taille, son voile ��pais sur ses cheveux.
Ainsi accot��e, elle gardait le silence, et pendant tout le temps elle ne prof��ra pas une parole.
Seulement, quand on approcha de terre, elle parut ��prouver comme une secousse nerveuse, se dressa sur son s��ant, et, ��cartant brusquement son voile, elle jeta un regard plein de flamme sur la rive.
-- Qu'avez-vous? interrogea Gaston, rappel�� par ce mouvement �� la r��alit�� de la situation.
-- Nous approchons! fit la jeune femme.
-- Vous reconnaissez la c?te?
Un sourire amer crispa la l��vre de miss Stevenson, pendant qu'un frisson secouait ses ��paules.
-- Depuis dix ann��es, r��pondit-elle, tout cela a bien chang��; la nature ne vieillit pas, et l'age ne fait que l'embellir. Ce bourg, que vous apercevez maintenant derri��re ces bouquets d'arbres, n'��tait autrefois qu'un pauvre petit refuge de p��cheurs; maintenant c'est presque une ville.
-- Est-ce l�� que vous habitiez?
Miss Stevenson ��tendit la main vers un point de la rive.
-- Tenez, dit-elle avec un sanglot mal ��touff��, vous voyez cette petite maison blanche, �� moiti�� cach��e aujourd'hui par un ��pais rideau de peupliers et de tamaris, il y a dix ans, elle ��tait humble et pauvre, et le sol, autour d'elle, ��tait pel�� et nu. C'est l�� que j'ai pass�� les plus doux instants de ma vie, assise aupr��s du berceau de ma fille. C'est de l�� aussi que j'ai ��t�� violemment arrach��e, pour ��tre jet��e dans cette prison o�� vous m'avez trouv��e.
-- Est-ce de ce c?t�� qu'il faut gouverner? demanda Gaston.
-- Si vous le voulez bien, r��pondit miss Stevenson.
La c?te n'��tait plus qu'�� une faible distance, il y avait l�� une petite crique de sable fin, au-dessus de laquelle le bourg s'��levait en amphith��atre. Gaston y dirigea l'embarcation, et peu apr��s, il sautait �� terre et aidait la jeune femme �� en faire autant.
Celle-ci avait repris toute son ��nergie; d��s qu'elle eut senti le sol sous ses pieds, elle prit r��solument le bras du commandant, et l'entra?na vers la maison qu'elle avait d��sign��e.
Une fois qu'elle en eut atteint le seuil, elle abandonna brusquement le jeune marin et ne tarda pas �� dispara?tre dans le jardin.
Elle resta absente quelques minutes.
Quand elle revint, Gaston remarqua qu'elle ��tait plus pale encore et qu'elle semblait plus oppress��e et plus sombre.
-- Eh bien? fit-il avec un vif int��r��t.
-- Rien, r��pondit miss Stevenson, les gens que je viens d'interroger n'habitent le pays que depuis peu de temps. Ils ne savent rien du pass��, et ont ouvert de grands yeux quand j'ai prononc�� le nom que je portais autrefois.
-- Alors, vous n'avez obtenu aucun renseignement?
-- Ils ignorent ce qu'est devenue mon enfant; mais ils m'ont donn�� l'adresse d'un colon qui, peut-��tre, me le dira.
-- L'ami de votre p��re?
-- Oui, Monsieur, Georges-Adam Palmer est tr��s connu, para?t-il, dans le bourg de Smeaton. Ah! il n'a pas chang��, celui-l��, et les r��f��rences que j'ai recueillies sont peu flatteuses. Sensuel, brutal, ivrogne et voleur, on l'a, pour ainsi dire, mis en quarantaine depuis quelques ann��es, et il habite dans un enclos situ�� �� l'extr��mit�� nord, vivant de rapines, adonn�� �� toutes les d��bauches.
-- Et vous ne craignez pas d'affronter un pareil homme? objecta Gaston en fron?ant les sourcils.
-- Je ne crains rien, puisque vous m'avez promis de m'accompagner.
Le jeune officier approuva du geste.
-- Vous avez raison, dit-il, je suis �� vos ordres. Seulement, c'est moi, maintenant, qui vous prierai de vous hater, car la nuit vient vite, et nous avons �� peine une heure devant nous.
Ils s'��loign��rent et se mirent �� gravir la rampe par laquelle on montait sur les hauteurs du bourg de Smeaton.
�� quelques pas derri��re marchait lentement le petit Bob.
�� mesure qu'ils avan?aient, les habitations devenaient plus rares et le sentier plus ��troit... C'��tait, �� droite et �� gauche, des terrains vagues, o�� l'on ne remarquait aucune trace de travail humain. De loin en loin seulement, quelques mauvaises cabanes ��videmment abandonn��es, ou de
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.