La Recluse | Page 4

Pierre Zaccone
��taient tapiss��s de varech, de fucus, et de petits lima?ons de mer qui en rendaient la surface si glissante, que l'on ne pouvait s'y tenir debout, et Gaston commen?ait �� s'��tonner qu'on les e?t appel��s pour les laisser se morfondre ainsi sans indication sur la route �� suivre, quand une ��chelle de cordes tomba tout �� coup �� ses pieds, en se d��roulant du haut de la plate-forme.
En m��me temps une voix arriva jusqu'�� lui.
-- Attachez l'��chelle aux deux montants de fer qui sont scell��s dans le talus, dit cette voix, et hatez-vous de monter, il y a des malheureux �� sauver.
Gaston ��prouva un moment de stup��faction profonde; cette voix qui venait de se faire entendre n'avait rien de masculin, et c'��tait bien manifestement une voix de femme!...
Quel ��tait ce myst��re?
L'impr��vu de la situation ��veilla au dernier point la curiosit�� du jeune marin, et ce fut avec une sorte d'imp��tuosit�� fi��vreuse qu'il s'engagea le premier sur l'��chelle de corde, et parvint en quelques secondes �� la balustrade de fer qui entourait la plate- forme.
Ses hommes le suivaient de pr��s.
Une fois l��, n'apercevant personne, il entra dans la cage du phare, et p��n��tra dans les couloirs.
Chose invraisemblable! il n'y trouva aucun ��tre vivant!
C'��tait la tour enchant��e des l��gendes de chevalerie.
Mais il n'��tait pas de nature patiente, et, apr��s une courte attente, il se mit �� frapper �� une porte de bronze devant laquelle il s'��tait arr��t��.
L'effet ne se fit pas longtemps d��sirer.
Presque aussit?t, la porte roula sur ses gonds, et �� peine eut-il p��n��tr�� dans la chambre, un peu sombre, sur laquelle elle ouvrait, qu'il se trouva en pr��sence d'une belle jeune femme, fort ��l��gante, qui lui fit une r��v��rence de l'air le plus naturel du monde.
Gaston ne put r��primer un geste de surprise.
L'aventure prenait des proportions de conte de f��e! et il se demandait si vraiment il ��tait bien ��veill��.
La jeune femme sourit tristement:
-- Pardon de vous avoir fait attendre, commandant, dit-elle avec un geste gracieux; -- mais je n'ai pas voulu me pr��senter devant vous dans une toilette dont le d��sordre ne s'explique que par l'��pouvantable drame qui s'est accompli ici cette nuit!... J'esp��re que vous ne me garderez pas rancune...
En parlant ainsi, la pauvre femme enveloppa Gaston d'un long regard dont la flamme noire p��n��tra jusqu'au coeur du jeune officier.
Jamais peut-��tre, en raison des circonstances exceptionnelles o�� il se trouvait, jamais il ne s'��tait senti si troubl��.
La jeune femme qui ��tait devant lui pouvait avoir trente ans au plus; elle ��tait grande, ��lanc��e, ��l��gante, et rien ne saurait rendre l'expression saisissante qui se d��gageait par instants, de ses deux grands yeux bruns!
Elle portait une toilette �� la mode, robe blanche avec des noeuds cerise, ample crinoline, des mitaines sur une main blanche et effil��e; une fanchon en dentelles noires sur de magnifiques cheveux blonds.
Gaston la regardait et ne savait que penser de cette singuli��re apparition.
Toutefois, il se remit bient?t, et s'inclinant respectueusement:
-- Pourquoi voulez-vous que je vous garde rancune? r��pliqua-t-il apr��s un court silence. J'ai aper?u les signaux que l'on nous envoyait de loin; j'ai pens�� qu'il y avait ici des malheureux �� secourir, et je me suis empress�� de venir �� votre appel. Dites- moi, de grace, ce qu'il faut que je fasse, et ce que vous attendez de moi?...
�� cette question, un nuage assombrit le front de la jeune femme, et un soupir gonfla sa poitrine.
-- Qu'avez-vous? Parlez! insista Gaston; ne disiez-vous pas qu'il s'est accompli cette nuit, ici, un drame terrible?
-- En effet.
-- De quoi s'agit-il?
-- Venez! venez! Monsieur, r��pondit la jeune femme, et quand vous aurez vu, vous comprendrez mieux de quelle effroyable ��preuve je sortais, quand j'ai appel�� �� mon secours.
Et saisissant avec autorit�� le bras de son interlocuteur, elle l'entra?na vers un endroit de la chambre qu'��clairait obliquement une meurtri��re creus��e dans l'��norme ��paisseur du mur.
Instinctivement, Gaston se prit �� frissonner.
Il y avait l�� une longue bo?te pos��e sur deux escabeaux, et qui rappelait vaguement la forme d'un cercueil.
C'��tait sinistre.
-- Qu'est-ce �� dire? balbutia-t-il, la gorge serr��e. Pour toute r��ponse, la jeune femme souleva, d'une main nerveuse, le couvercle du cercueil, et montra un cadavre dont le visage seul apparaissait sous le blanc suaire qui l'enveloppait.
-- Grand Dieu!... fit Gaston -- quel est ce malheureux?
-- Mon p��re, r��pondit la jeune femme s'affaissant sur ses genoux.
Gaston prit sa t��te entre ses doigts et garda le silence.
Tout un monde de sensations inconnues s'��tait empar�� de son ��tre; il osait �� peine sonder le drame myst��rieux qui ne lui ��tait r��v��l�� que par son effroyable d��nouement.
Il resta ainsi un long moment silencieux et morne, et ce ne fut qu'au bout de quelques minutes qu'il releva le front et se prit �� regarder la jeune femme.
Celle-ci ��tait toujours agenouill��e, les mains jointes, l'oeil attach�� au cercueil.
Il lui tendit la main, la releva et la fit asseoir
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