La Recluse | Page 3

Pierre Zaccone
ah! fit Maxime... cette fois, il y a quelque chose.
-- Je le crois.
-- Qu'y a-t-il?
-- Si je ne me trompe, sur la ligne extr��me, vers l'ouest, je viens d'apercevoir...
-- Quoi donc?
-- Un phare!...
Maxime eut un geste enjou��:
-- ?a, c'est ma partie! dit-il sur un ton qui rappelait de loin les intonations des boulevards parisiens. Tu sais que j'ai fait une ��tude sp��ciale des phares. Je crois conna?tre tous ceux qui existent, et j'aurai bien peu de chance si je ne mets pas du premier coup un nom sur celui qui s'offre �� nos yeux.
En parlant de la sorte, le jeune enseigne prit la longue-vue des mains du commandant, et se mit �� regarder �� son tour dans la direction qu'il lui indiqua.
Quelques secondes se pass��rent... puis une exclamation s'��chappa des l��vres de Maxime.
-- C'est bien un phare, n'est-ce pas? insista Gaston, de Pradelle.
-- Le phare Saint-Laurent, r��pondit le jeune enseigne, sans cesser de tenir sa longue-vue braqu��e; un des plus remarquables qui aient ��t�� construits: 47 m��tres 40 de hauteur, avec 13 m��tres 70 de diam��tre �� sa base et 8 m��tres 60 �� son sommet. Il a ��t�� ��tabli sur une cha?ne de rochers qui affleure �� mar��e basse et dont les pointes granitiques sont exceptionnellement dangereuses �� mar��e haute.
-- Alors, nous sommes sur les c?tes du Canada?
-- Pr��cis��ment.
-- Cela suffit, et je vais donner des ordres en cons��quence.
Gaston allait, ainsi qu'il l'annon?ait, commander la manoeuvre qui devait remettre la go��lette dans la bonne route, quand Maxime lui fit un signe imp��rieux et bref.
-- Que veux-tu? interrogea le commandant surpris.
-- Attends encore... fit Maxime.
-- Pourquoi!
-- Plus j'observe, plus je suis frapp�� de certaines particularit��s insolites.
-- Lesquelles?
-- L'horizon est maintenant limpide; la galerie sup��rieure du phare se d��tache clairement sur le fond plus clair du ciel; on dirait que quelqu'un est l�� qui nous a vus et qui nous envoie des signaux.
-- Quels signaux?
-- C'est justement ce qui m'a sembl�� inexplicable car ils sont absolument inusit��s et incompr��hensibles. ��videmment, c'est une main inexp��riment��e qui les envoie -- et �� moins d'erreur que je n'admets pas, c'est un pavillon noir que l'on agite.
Gaston de Pradelle ne perdit pas de temps �� r��fl��chir, et son parti fut vite pris.
D'un accent assur�� et ferme, il donna aussit?t l'ordre de hisser toutes les voiles, et, reprenant la barre, il gouverna dans la direction du phare Saint-Laurent.
Ce ne fut pas long.
La go��lette n'avait pas l'habitude de se faire prier, et elle ob��issait au commandement avec une soumission et une pr��cision qui l'avaient mise depuis longtemps hors de pair.
Le phare n'��tait plus qu'�� dix milles environ: en une heure, le trajet s'accomplit, et l'on put apercevoir, enfin, la silhouette de l'imposante construction, qui avait, comme e?t dit Michelet, la sublime simplicit�� d'une gigantesque plante de mer.
?��norme, immobile, silencieuse, elle semble une sorte de d��fi jet�� au d��mon des temp��tes par le g��nie de l'homme, et pendant qu'une mer incessamment d��cha?n��e s'acharne �� sa base et monte jusqu'�� son sommet, impassible et immuable, elle indique aux navires l'entr��e de la passe du fleuve, et les rochers sur lesquels ils iraient infailliblement se briser.?
Cependant, les signaux avaient continu�� �� mesure que l'Atalante approchait, et maintenant on distinguait presque �� l'oeil nu, le pavillon noir que l'on agitait de la galerie.
Quelque chose d'extraordinaire s'��tait ��videmment pass��, et l'on appelait au secours.
Gaston se tourna vers Maxime.
-- Puisque tu as fait une ��tude sp��ciale des phares, dit-il �� voix rapide, et que tu reconnais celui-ci, tu peux nous renseigner sur les abords de la c?te.
-- Oh! parfaitement, r��pondit le jeune enseigne, nous pouvons approcher encore d'un mille au moins. Les abords sont tr��s dangereux, mais la mar��e est haute, et il y a plus de deux brasses sur les barres. Avec la chaloupe, pendant trois heures il n'y a aucun danger d'accoster.
-- Que l'on mette donc le canot �� la mer, ordonna Gaston, et j'irai moi-m��me au secours de ces malheureux.
Maxime ne f?t pas d'objection et alla tout pr��parer. Dix minutes plus tard, le canot glissait le long du navire avec six hommes d'��quipage et un quartier-ma?tre, et quand il fut par��, Gaston y descendit �� son tour, emmenant le petit Bob, un jeune mousse qui ne le quittait pas et qui avait fait toute la campagne avec lui.
-- Pousse au large! commanda-t-il alors, en prenant place a l'arri��re.
Les six avirons s'abattirent imm��diatement, et la fr��le embarcation fendit les flots avec rapidit��.
Au bout d'un quart d'heure, ils rangeaient l'?lot de rochers sur lequel le phare est construit.
�� ce moment, la base ��tait compl��tement immerg��e, ainsi que l'avait pr��vu Maxime, et le flot venait battre les flancs de la tour.
Le canot alla s'engager dans une anse de sable; Gaston, Bob et deux matelots saut��rent �� la mer, et, gagnant l'escalier m��nag�� dans le talus, ils commenc��rent l'ascension.
Ce n'��tait pas facile.
Talus et escaliers
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 94
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.