il prit imm��diatement possession de son poste.
Mais que pouvait-il en pareille occurrence?... Le mieux ��tait encore de s'en remettre �� l'Atalante, et c'est ce qu'il fit, attendant gravement une accalmie.
Du reste, la jolie go��lette ne paraissait gu��re se douter du danger qu'elle courait; au milieu du d��sordre indescriptible des lames soulev��es, fouett��es, d��chir��es par les lani��res sifflantes du vent, sans prendre souci de ces mille voix qui hurlaient autour d'elle, s'injuriant dans les t��n��bres avec des intonations de cat��chisme poissard, elle allait, inconsciente, tant?t s'abandonnant au roulis qui la ber?ait avec violence, tant?t trempant ses flancs, avides de caresses, dans les baignoires d'��cume que le cyclone lui creusait entre deux vagues!
On e?t dit qu'�� chaque instant l'ouragan redoublait d'intensit�� et de furie, s'acharnant pour ainsi dire, contre le fr��le et gracieux navire qui semblait narguer sa rage impuissante.
Gaston de Pradelle demeurait impassible, mesurant d'un oeil calme l'immensit�� du danger, donnant, de temps �� autre, quelque ordre, en apparence insignifiant, mais qui avait pour effet salutaire de maintenir la communication entre l'��quipage et le chef.
Les matelots savaient ainsi que le commandant ��tait l��, partageant le p��ril commun; et ce dernier s'assurait en m��me temps que ses hommes restaient �� ses c?t��s, intr��pides, d��vou��s, fid��les �� l'honneur et au devoir jusqu'�� la mort!
Cinq heures se pass��rent de la sorte.
Cinq heures! pendant lesquelles le terrible ouragan n'accorda pas une seconde de tr��ve.
Le vent ne cessa pas de souffler avec la m��me violence, aucun rayon ne vint ��clairer les sombres t��n��bres qui enveloppaient l'Atalante comme d'un linceul, et les vagues irrit��es continu��rent de menacer de leurs ��treintes mortelles la d��licate ossature de la pauvre petite go��lette.
Si cette situation s'��tait prolong��e davantage; c'en ��tait fait d'elle et de son vaillant ��quipage.
Mais Dieu veillait, et il ne voulut pas que cela f?t.
Les marins croient encore �� la Providence, et peut-��tre, en effet, fut-ce elle seule qui les arracha, sains et saufs, du plus ��pouvantable cyclone qui se soit d��cha?n�� sur l'Oc��an.
La temp��te avait commenc�� �� minuit.
Vers cinq heures, Gaston de Pradelle ��tait toujours debout, tenant lui-m��me la barre, aveugl�� par la rafale, tremp�� par les paquets de mer, cherchant vainement �� p��n��trer ce mur de t��n��bres qui s'interposait entre lui et l'infini.
Rien, jusque-l��, n'avait entam�� ni son ��nergie, ni son courage, son coeur ne battait pas plus vite; aucune paleur n'��tait mont��e �� son front.
Mais il est des limites �� la force humaine; depuis quelques minutes, il sentait la fatigue envahir ses membres, et redoutait vaguement quelque d��faillance. Il se raidissait cependant, bien r��solu �� mourir entier �� son poste; mais d��j�� une sueur moite mouillait ses tempes; un voile glissait sur ses yeux; �� deux ou trois reprises, ses doigts se crisp��rent comme affol��s sur le m��tal de la barre...
Il ��tait perdu!
Tout �� coup, un cri s'��chappa de ses l��vres, un immense soupir de soulagement souleva sa poitrine, et ses regards, subitement illumin��s de deux lueurs fulgurantes, s'attach��rent avec une fixit�� farouche vers un coin du ciel.
Le vacarme ne s'��tait point tu; pourtant, chose ��trange, sur le pont, tout le monde avait entendu ce cri bizarre, et, m? par un m��me sentiment, chacun s'��tait tourn�� vers le commandant.
Sa silhouette vigoureuse se d��tachait de l'ombre, et on le vit diriger son bras vers l'horizon.
Qu'y avait-il de ce c?t��?
Un rien... qui ��tait le salut!...
Une ligne, imperceptible encore, rayait le ciel, et m��lait aux derni��res ombres de la nuit une teinte rose et claire qui ��tait le signe certain de la fin de l'ouragan.
Du reste, et comme par enchantement, le vent perdit presque aussit?t son apre violence; la houle sembla se calmer presque instantan��ment, et, au bout d'une demi-heure, quand le jour vint, il ne restait plus autour de l'Atalante que ces brumes l��g��res du matin, qu'un rayon de soleil suff?t �� dissiper.
Gaston de Pradelle avait fait distribuer un quart de vin �� ses matelots, pour les r��conforter apr��s le rude assaut qu'ils venaient d'essuyer, et au lieu de descendre pour se reposer lui- m��me dans sa chambre, il ��tait demeur�� sur le pont avec Maxime de Palonier.
Une derni��re inqui��tude lui restait: apr��s la nuit qu'il venait de passer, il se demandait avec appr��hension dans quels parages le cyclone pouvait bien les avoir pouss��s...
Et, arm�� de sa longue-vue, il interrogeait l'horizon, cherchant un point de rep��re qui p?t le fixer.
-- Tu ne vois rien? dit Maxime de Palonier, qui l'observait avec int��r��t.
-- Non, rien encore, r��pondit Gaston.
Il faisait maintenant grand jour... les nuages fuyaient au loin, chass��s par les derniers efforts de la rafale; le regard embrassait sans obstacle toute l'immensit��.
-- Comment marchons-nous? dit alors le commandant.
-- Nous filons six noeuds �� l'heure, lui r��pondit Maxime.
-- Et nous ��tions, vers minuit, �� trente milles sud-sud-ouest de Terre-Neuve?
-- Pr��cis��ment.
-- C'est bizarre.
Il allait suspendre ses observations, quand, brusquement, il s'arr��ta et se reprit �� regarder avec une nouvelle attention.
-- Ah!
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.