La Guerre Sociale | Page 8

André Léo
les mots affolent, ne voient de malheur �� craindre que dans le r��tablissement de la monarchie. Ceux-l�� sont difficiles �� convaincre.
La France, abandonn��e �� l'��tranger; les trahisons et les malversations de 1870; l'armistice et la paix de 1871, la guerre civile, l'��gorgement de Paris, la terreur tricolore, l'instruction publique aux pr��tres, la presse aux financiers, la justice aux entremetteurs, l'arm��e aux assassins, l'administration aux corrompus, la politique aux Basiles, que peut faire de mieux une monarchie? Cessons de nous acharner sur les effets au profit des causes. Le tr?ne n'est autre chose qu'une barricade �� l'usage des aristocraties. Il occupe l'ennemi, re?oit les coups, et quand au bout de quinze ou vingt ans, il est emport��, elles en sont quittes pour d��clarer qu'il ne valait rien, faire des proclamations aux vainqueurs, et travailler imm��diatement �� en rebatir un autre.
Si vous ��tes cons��quents, Messieurs, si vous ��tes sinc��res, en contemplant les treize mois ��coul��s depuis le 4 Septembre, tant d'intrigues, tant de crimes, tant de duplicit��s, tant d'horreurs, vous reconna?trez--non plus seulement que la paix entre les nations est incompatible avec la monarchie--mais que la paix des nations elles-m��mes, et la moralit�� publique, sont incompatibles avec l'existence des aristocraties. Et vous ajouterez �� votre titre, cet autre dogme r��volutionnaire, l'��galit��, que vous n��gligez �� tort; car la libert�� ne peut exister sans elle, pas plus qu'elle ne peut exister sans la libert��.
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Quelque divis��s qu'ils soient, pr��ts �� se d��vorer d��s qu'ils n'auront plus peur et qu'il s'agira de la cur��e, ils se sont mis pourtant tous ensemble: Mac-Mahon et Changarnier, Thiers et Rouher, le duc d'Aumale et Jules Favre, Jules Simon et Belcastel, Vacherot et du Temple, Ferry et Hausmann. Ils se sont r��unis tous contre le grand ennemi, le Satan de la r��volte populaire.
Thiers a oubli�� Mazas et les d'Orl��ans la confiscation. Audran de Kerdrel a oubli�� Deutz et Blaye. On voit trinquer, hurler, d��noncer et tuer ensemble les Villemessant de tous les journaux, les Galiffet de toutes les alc?ves, les St-Arnaud de toutes les caisses, les vieux et les petits crev��s de tous les r��gimes. Ils se sont tous essuy�� les joues sur les soufflets qu'ils se sont donn��s, et se sont employ��s, d'un touchant accord, �� fusiller, �� incarc��rer, �� d��cr��ter et �� budg��ter en bons fr��res.--Parce que ces gens-l�� ont une foi; une foi in��branlable et profonde. Le comte de Chambord, le comte de Paris, le Bonaparte, ce sont leurs saints; mais au-dessus de leurs saints, ils ont un Dieu, le Privil��ge, et sur son autel ils sacrifient leurs ressentiments et leurs divisions.
C'est l�� leur force; et ils l'auront toujours, tant qu'elle ne sera pas d��truite par une plus grande force contraire; car, en cas pareil, ils feront toujours ainsi.
Pourquoi les d��mocrates agissent-ils diff��remment? C'est ce qui fait leur faiblesse.
Parce qu'ils n'ont pas une m��me foi; ni une foi profonde. Parce qu'ils sont divis��s en une infinit�� de petites chapelles, plus monarchiques qu'elles ne veulent en avoir l'air, et surtout en deux grandes sectes, qui adorent l'une la libert��, l'autre l'��galit��.
Ce qui est au fond comme serait un combat entre les partisans de la Vierge d'Atocha et ceux de la Vierge de Lorette; car la libert�� et l'��galit�� sont un seul et m��me Dieu en deux personnes.
Notre dogme �� nous vient du Sina? de la grande R��volution, grande, parce qu'elle fut r��v��latrice, grande, beaucoup moins par ce qu'elle a fait que par ce qu'elle a dit. Qui se pr��tend d��mocrate, date sa naissance de la D��claration des droits de l'homme. Aucun assur��ment ne la rejette, et ce sont m��me les lib��raux qui parlent le plus de 1789. Eh bien, que dit-elle?--?Libres et ��gaux.?
Et elle ne pouvait pas dire autrement; car, du moment o�� le droit, le droit nouveau qui va renouveler le monde, est fond�� sur la simple qualit�� d'homme, il ne peut y avoir d'��galit�� sans libert��, ni de libert�� sans ��galit��. L'une implique l'autre absolument. Creusez l'un des deux termes et vous trouvez l'autre au fond.
--Si vous jouissez d'avantages, que je ne puis obtenir moi-m��me et qui me sont n��cessaires, si je ne suis pas votre ��gal, vous ��tes mon bienfaiteur ou mon ma?tre. Je ne suis pas libre.
--Si l'��galit�� d��cr��t��e par vous, offense ma conscience, ordonne de mes go?ts, tue mes initiatives, je ne suis pas libre; vous ��tes mon pape et mon roi.
Etre libre, c'est ��tre en possession de tous les moyens de se d��velopper selon sa nature. Si cette libert�� est la v?tre--et n'est-elle pas juste et vraie?--nous nous entendons; car c'est justement notre ��galit��; et nous n'avons plus qu'�� chercher ensemble les mesures par lesquelles la soci��t�� humaine r��alisera ce but l��gitime, normal.
Eh bien, oui, d?t cette opinion, ou du moins cet espoir--car on ne fait rien sans une esp��rance, si faible soit-elle,--d?t-elle para?tre �� beaucoup une
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