La Guerre Sociale | Page 9

André Léo
na?vet��, je crois qu'il serait facile d'��laborer, sur le terrain des principes de la R��volution, un trait�� d'alliance, un programme commun �� tous les d��mocrates sinc��res, programme au bout duquel toute libert�� serait laiss��e �� chacun de s'arr��ter ou de poursuivre sa route. Il y faudrait seulement une bonne volont�� vraie; l'��tude s��rieuse des questions, �� la lumi��re des principes; au lieu de la critique apre, et toujours un peu personnelle, qui grossit les malentendus, la recherche des points de rapport. Il faudrait employer �� ��laborer l'id��e et �� la r��pandre, le temps et les moyens qu'on perd �� se d��nigrer, �� se combattre et �� d��populariser la cause par le bruit de ces dissensions. Il faudrait enfin renoncer �� ses d��fauts, ce qui ��videmment est difficile, et �� ses pr��jug��s, ce qui ne l'est pas moins; mais ce qui pourtant ne serait pas impossible �� des hommes en marche sur la route de l'id��e et du progr��s. Le plus difficile, comme en toutes choses, est le premier pas de la mise en question des choses ��tablies; mais l'esprit qui a fait cet effort peut les faire tous, pourvu que son mobile soit la recherche sinc��re.
Aussi, n'est-ce qu'aux sinc��res que je m'adresse, laissant les autres railler de telles illusions; c'est �� ceux qui sentent l'imminence du p��ril o�� est la France, o�� est la r��volution dans le monde entier; et qui souffrent au plus profond de leur ame, de tant de fautes et de pu��rilit��s de ce c?t��, de tant de crimes de l'autre; de la d��moralisation croissante, en face de tant d'abjurations et de trahisons; du doute mortel qui envahit la conscience humaine; �� ceux qui ont trouv�� des le?ons dans les spectacles que nous avons sous les yeux; �� ceux-l�� surtout qui voient, qui sentent venir, au loin, l'��pouvantable bataille, o�� les app��tits mat��riels d'en bas se vengeront �� la fin des app��tits mat��riels de ce qu'on appelle en haut et seront sans frein, comme les autres ont ��t�� sans piti��; la guerre sanglante, f��roce, inexpiable, comme celle qui vient d'avoir lieu--mais plus d��cisive, car les aristocraties ne peuvent pas exterminer le peuple, mais le peuple peut exterminer les aristocraties.
Et comment s'��tonnerait-on qu'�� force de tels exemples, ce peuple perd?t ce qu'il a, dans sa mis��re, de patience, d'id��al et de bont��? Est-ce donc �� cause de son ignorance qu'il serait oblig�� �� plus de vertu? Qui peut mesurer la haine amass��e �� cette heure dans le coeur des veuves, des p��res, des filles, des fr��res, des orphelins?--Ah! c'est en tuant qu'on r��pond �� nos revendications; eh bien, il ne sert plus de parlementer.--A la fin, la d��fense devient l'attaque. A la rage sauvage, r��pond la rage sauvage. Les hommes du peuple ne sont pas des philosophes sto?ques. Qui peut s'en indigner? Sont-ce les lettr��s qui les tuent? Ou m��me ceux qui les laissent tuer?
Je reviens �� mon r��ve d'union, tout insens�� qu'il soit. Il ne faut pourtant jamais d��sesp��rer. Quelquefois, quand les chateaux br?lent, il y a des nuits du 4 ao?t.
Le grand point qui divise les d��mocrates lib��raux et les socialistes, c'est la question du capital, la m��me, sous une forme plus pr��cise, que cette question de libert�� et d'��galit��, dont je parlais tout �� l'heure. Je ne puis songer �� la traiter ici avec ��tendue; je veux seulement indiquer un fait aussi vrai que peu compris g��n��ralement: c'est que la plus grande partie de la bourgeoisie, toute la bourgeoisie moyenne et pauvre, souffre autant que le peuple du r��gime actuel du capital.
Tout le monde conna?t, et plaint, l'avenir du jeune homme sans fortune, frais bachelier, qui se pr��sente, plein d'esp��rance, et avec toute l'ambition que conf��re l'��ducation classique, au combat de la vie. S'il a du talent, il a de grandes chances d'��tre ��cras��, soit par l'ineptie, soit par l'envie; s'il a du g��nie, il est �� peu pr��s perdu; s'il a du caract��re, la chose n'est pas douteuse.
Pourquoi?--Parce que les forces naturelles, ardentes, g��n��reuses, sont en ce monde comme des bras de noy��, qui ne trouvent rien o�� s'accrocher. Parce qu'elles ne peuvent pas par elles-m��mes, et d��pendent du bon plaisir d'un autre, ��lu du hasard, monarque h��r��ditaire, qui se trouve, par droit de naissance, juge de tous les genres de m��rite--ou par droit de conqu��te; mais ceux-l�� sont pires encore; ils sont, �� l'id��e, des Gens��ric ou des Attila.--C'est enfin partout l'ordre monarchique, c'est-��-dire de la faveur, de l'intrigue et de l'abus, non de la libert�� et de la justice. On se plaint du manque de forces viriles; mais au lieu de s'employer �� produire, elles sont employ��es �� lutter. Ce qu'on trouve au d��but de la vie, ce n'est pas la route fray��e, c'est le hallier, c'est l'obstacle. Combien s'arr��tent �� mi-chemin, las, d��sesp��r��s, dans cette impuissance terrible, �� laquelle la capacit��,
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