La Guerre Sociale | Page 4

André Léo
fut une provocation. Le d��part imm��diat du gouvernement de tous les services publics, l'enl��vement des caisses et de tout le mat��riel de l'administration, montre un plan arr��t�� d'avance. L'��meute devint une r��volution. Le grand courage du petit machiniste de ce drame ne faiblit pas. On isola de nouveau Paris, et la calomnie officielle dont l'empire avait fait une institution, devint un service public, appuy�� avec ensemble par tout le choeur des calomnies officieuses. Paris ��tait �� feu et �� sang... en province. On y jetait les enfants dans la Seine; on y clouait les vieillards contre les murs.--L'humanit�� semble divis��e en rou��s et en na?fs, en gouvernants et en gouvern��s. Les bonnes gens crurent tout cela... parce qu'on le disait. J'ai vu des lettr��s, des intelligents, des d��mocrates, n'entrer �� Paris qu'en tremblant.
Combien y a-t-il d'esprits ind��pendants qui se soient dit: Quand les vainqueurs ont seuls la parole, quand les vaincus ne peuvent rien all��guer, ni rien d��mentir, il est de justice et de sens commun de suspendre son jugement?
Combien y a-t-il de gens qui aient voulu douter des accusations calomnieuses, r��pandues �� pleines colonnes par les journaux, officieux, et odieusement r��p��t��es par les autres, sur les hommes et les faits de la Commune, et sur tous ceux en g��n��ral qui avaient pris parti pour la r��volution communale? Eh bien, je demande �� citer deux faits comme exemple; et s'ils ont un trop grand caract��re de personnalit��, que j'aurais ��vit�� en toute autre occasion, c'est que plus le t��moignage est direct, plus il est concluant:
Non contents de m'avoir fait arr��ter, interroger, puis relacher, sans que j'aie jamais cess�� d'��tre libre... dans une cachette prudente, un journal, dont on s'abstient de prononcer le nom par pudeur, a os�� m��ler �� des extraits d'articles ��crits par moi, des lignes qu'il signe ��galement de mon nom, et o�� il me fait demander �� la Commune... des fusillades.--On m'a fait encore prononcer un discours �� la chute de la colonne et porter en triomphe, apr��s ce discours, quand je n'ai pas mis les pieds place Vend?me, et n'ai fait que d��plorer ces enfantillages d��molisseurs.
Voici l'autre fait: Nous apprenons par lettre l'arriv��e en Suisse d'un de nos amis. Trois jours apr��s, Paris-Journal publie que ce m��me personnage vient d'��tre arr��t�� dans une maison de d��bauche, et ajoute �� ce r��cit des mots effront��s, prononc��s, dit-il, par ce communeux.
Ces deux faits, dont je puis, vous le voyez, t��moigner en toute assurance, ne vous disent-ils pas ce qu'il faut penser du reste? Et un tel syst��me, appliqu�� sous la garantie du gouvernement, et par ce gouvernement lui-m��me, ne d��montre-t-il pas l'existence d'une faction capable de toutes les infamies et de tous les crimes, pour arriver �� son but? l'existence d'un plan poursuivi avec ensemble, et qui a son mot d'ordre et ses r?les pr��par��s?...
De tous les points de la France, que de d��marches n'ont pas ��t�� faites pour conjurer cette guerre fatale, pour sauver Paris! Combien de d��putations! que de tentatives! que de projets de conciliation! que d'instances! La Commune se garda bien de se donner le beau r?le en y acquies?ant ouvertement; mais elle ne refusa rien, puisque jamais aucune concession ne fut faite du c?t�� de Versailles. Le non possumus de M. Thiers fut �� la hauteur de celui du pape. On avait beau lui demander: Voulez-vous accepter ceci? cela? Il ne voulait qu'une chose, celle pr��cis��ment qu'on s'effor?ait d'emp��cher: l'extermination des d��mocrates et l'��crasement de Paris.
Et il a r��ussi! Ce complot de mensonge, de meurtre et de monarchie a r��ussi. Les chemins du tr?ne sont maintenant d��blay��s. La libert�� a repris ses cha?nes; la pens��e a ses menottes; encore une fois, grace �� la peur, tout est permis �� ceux qui r��gnent. La ville qui ��tait la capitale du monde, et qui n'est plus m��me la capitale de la France, a perdu ses citoyens; mais elle a retrouv�� ses petits-crev��s et ses courtisanes. Tout ce qu'elle avait de sang g��n��reux a coul�� dans ses ruisseaux et a rougi--ce n'est pas une figure--les eaux de la Seine; et pendant huit jours et huit nuits, afin que le Paris de la r��volution redev?nt le Paris des empires, on en a fait un immense abattoir humain!
J'ai vu ces jours de sang; j'ai entendu pendant ces nuits horribles, le bruit des feux de peloton et des mitrailleuses. J'ai re?u de nombreux t��moignages; j'ai recueilli les aveux ��crits des assassins eux-m��mes, au milieu de leur joie f��roce; et jamais le sentiment d'indignation qui s'est ��lev�� en moi ne s'apaisera! et tant que je vivrai, partout o�� je pourrai ��tre entendue, je t��moignerai contre cette incarnation monstrueuse de l'��go?sme, de l'hypocrisie et de la f��rocit��, que l'imb��cile vulgaire accepte sous le nom de parti de l'ordre, et qui derri��re cette raison sociale abrite effront��ment ses tripots, ses coupe-gorge et ses
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