dans cette fête, Soyez la plus joyeuse aussi!
[Elle va au fond, et donne des ordres aux valets qui disposent la fête.]
FLEUR-DE-LYS.
Monsieur, depuis l'autre semaine On vous a vu deux fois à peine. Cette fête enfin vous ramène. Enfin! c'est bien heureux vraiment!
PHOEBUS.
Ne grondez pas, je vous supplie!
FLEUR-DE-LYS.
Ah! je le vois, Phoebus m'oublie!
PHOEBUS.
Je vous jure...
FLEUR-DE-LYS.
Pas de serment! On ne jure que lorsqu'on ment.
PHOEBUS.
Vous oublier! quelle folie! N'êtes-vous pas la plus jolie? Ne suis-je pas le mieux aimant?
PHOEBUS, [à part.]
Comme ma belle fiancée Gronde aujourd'hui! Le soup?on est dans sa pensée. Ah! quel ennui! Belles, les amants qu'on rudoie S'en vont ailleurs. On en prend plus avec la joie Qu'avec les pleurs.
FLEUR-DE-LYS, [à part.]
Me trahir, moi, sa fiancée, Qui suis à lui! Moi qui n'ai que lui pour pensée Et pour ennui! Ah! qu'il s'absente ou qu'il me voie, Que de douleurs! Présent, il dédaigne ma joie, Absent, mes pleurs!
FLEUR-DE-LYS.
L'écharpe, que pour vous, Phoebus, j'ai festonnée, Qu'en avez-vous donc fait? je ne vous la vois pas.
PHOEBUS, [troublé.]
L'écharpe? Je ne sais...
[A part.]
Mortdieu! le mauvais pas!
FLEUR-DE-LYS.
Vous l'avez oubliée!
[A part.]
A qui l'a-t-il donnée? Et pour qui suis-je abandonnée?
MADAME ALOISE, [remontant vers eux et tachant de les accorder.]
Mon Dieu! mariez-vous; vous bouderez après.
PHOEBUS, [à Fleur-de-Lys.]
Non, je ne l'ai pas oubliée. Je l'ai, je m'en souviens, soigneusement pliée Dans un coffret d'émail que j'ai fait faire exprès.
[Avec passion, à Fleur-de-Lys, qui boude encore.]
Je vous jure que je vous aime Plus qu'on n'aimerait Vénus même.
FLEUR-DE-LYS.
Pas de serment! pas de serment! On ne jure que lorsqu'on ment.
MADAME ALOISE.
Enfants! pas de querelle; aujourd'hui tout est joie. Viens, ma fille, il faut qu'on nous voie. Voici qu'on va venir. Chaque chose a son tour.
[Aux valets.]
Allumez les flambeaux, et que le bal s'apprête. Je veux que tout soit beau, qu'on s'y croie en plein jour
PHOEBUS.
Puisqu'on a Fleur-de-Lys, rien ne manque à la fête.
FLEUR-DE-LYS.
Phoebus, il y manque l'amour!
[Elles sortent.]
PHOEBUS, [regardant sortir Fleur-de-Lys.]
Elle dit vrai; près d'elle encore Mon coeur est rempli de souci. Celle que j'aime, à qui je pense dès l'aurore, Hélas! elle n'est pas ici!
Fille ravissante, A toi mes amours! Belle ombre dansante, Qui remplis mes jours, Et, toujours absente, M'apparais toujours!
Elle est rayonnante et douce Comme un nid dans les rameaux, Comme une fleur dans la mousse, Comme un bien parmi des maux! Humble fille et vierge fière, Ame chaste en liberté, La pudeur sous sa paupière émousse la volupté!
C'est, dans la nuit sombre, Un ange des cieux, Au front voilé d'ombre, A l'oeil plein de feux!
Toujours je vois son image, Brillante ou sombre parfois; Mais toujours, astre ou nuage, C'est au ciel que je la vois!
Fille ravissante, A toi mes amours! Belle ombre dansante Qui remplis mes jours, Et, toujours absente, M'apparais toujours!
[Entrent plusieurs seigneurs et dames en habits de fête.]
SCENE III.
LES PRéCéDENTS, LE VICOMTE DE GIF, M. DE MORLAIX, M. DE CHEVREUSE, MADAME DE GONDELAURIER, FLEUR-DE-LYS, DIANE, BéRANGèRE, DAMES, SEIGNEURS.
LE VICOMTE DE GIF.
Salut, nobles chatelaines!
MADAME ALOISE, PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS, saluant.
Bonjour, noble chevalier! Oubliez soucis et peines Sous ce toit hospitalier!
M. DE MORLAIX.
Mesdames, Dieu vous envoie Santé, plaisir et bonheur!
MADAME ALOISE, PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS.
Que le ciel vous rende en joie Vos bons souhaits, beau seigneur!
M. DE CHEVREUSE.
Mesdames, du fond de l'ame Je suis à vous comme à Dieu.
MADAME ALOISE, PHOEBUS, FLEUR-DE-LYS.
Beau sire, que Notre-Dame Vous soit en aide en tout lieu!
[Entrent tous les conviés.]
CHOEUR.
Venez tous à la fête! Page, dame et seigneur! Venez tous à la fête, Des fleurs sur votre tête, La joie au fond du coeur.
[Les conviés s'accostent et se saluent. Des valets circulent dans la foule, portant des plateaux chargés de fleurs et de fruits. Cependant un groupe de jeunes filles s'est formé près d'une fenêtre, à droite. Tout à coup l'une d'elles appelle les autres et leur fait signe de se pencher hors de la fenêtre.]
DIANE, [regardant au dehors.]
Oh! viens donc voir, viens donc voir, Bérangère!
BéRANGèRE, [regardant dans la rue.]
Qu'elle est vive! qu'elle est légère!
DIANE.
C'est une fée ou c'est l'Amour!
LE VICOMTE DE GIF, [riant.]
Qui danse dans le carrefour!
M. DE CHEVREUSE, [après avoir regardé.]
Eh mais, c'est la magicienne! Phoebus, c'est ton égyptienne, Que l'autre nuit, avec valeur, Tu sauvas des mains d'un voleur.
LE VICOMTE DE GIF.
Eh! oui, c'est la bohémienne!
M. DE MORLAIX.
Elle est belle comme le jour!
DIANE, à Phoebus.
Si vous la connaissez, dites-lui qu'elle vienne Nous égayer de quelque tour.
PHOEBUS, [regardant à son tour d'un air distrait.]
Il se peut bien que ce soit elle.
[A. M. de Gif.]
Mais crois-tu qu'elle se rappelle?...
FLEUR-DE-LYS, [qui observe et qui écoute.]
De vous toujours on se souvient. Voyons, appelez-la, dites-lui qu'elle monte.
[A part.]
Je verrai s'il faut croire à ce que l'on raconte.
PHOEBUS, [à Fleur-de-Lys.]
Vous le voulez? Eh bien, essayons.
[Il fait signe à la danseuse de monter.]
LES JEUNES FILLES.
Elle vient!
M. DE CHEVREUSE.
Sous le porche elle est disparue.
DIANE.
Comme elle a laissé là ce bon peuple ébahi!
LE VICOMTE DE GIF.
Dames, vous allez voir la nymphe de la rue.
FLEUR-DE-LYS, [à part.]
Qu'au signe de Phoebus elle a vite obéi!.
SCèNE
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