Marcel lui-m?me fut mis en prison. Puis on s'aper?ut que personne n'avait perdu la vie, et que ces emprisonnements ne faisaient qu'augmenter le scandale, qui retombait tout entier sur le cardinal. On se h?ta de mettre en libert? les prisonniers, et l'immense pouvoir des trois fr?res se r?unit pour chercher �� ?touffer l'affaire. Ils esp?r?rent d'abord y r?ussir; mais, le troisi?me jour, le r?cit du tout vint aux oreilles du pape. Il fit appeler ses deux neveux et leur parla comme pouvait le faire un prince aussi pieux et aussi profond?ment offens?.
Le cinqui?me jour de janvier, qui r?unissait un grand nombre de cardinaux dans la congr?gation du Saint Office, le saint pape parla le premier de cette horrible affaire, il demanda aux cardinaux pr?sents comment ils avaient os? ne pas la porter �� sa connaissance:
- Vous vous taisez! et pourtant le scandale touche �� la dignit? sublime dont vous ?tes rev?tus! Le cardinal Carafa a os? para?tre sur la voie publique couvert d'un habit s?culier et l'?p?e nue �� la main. Et dans quel but? Pour se saisir d'une inf?me courtisane?
On peut juger du silence de mort qui r?gnait parmi tous ces courtisans durant cette sortie contre le premier ministre. C'?tait un vieillard de quatre-vingts ans qui se f?chait contre un neveu ch?ri ma?tre jusque-l�� de toutes ses volont?s. Dans son indignation, le pape parla d'��ter le chapeau �� son neveu.
La col?re du pape fut entretenue par l'ambassadeur du grand-duc de Toscane, qui alla se plaindre �� lui d'une insolence r?cente du cardinal premier ministre. Ce cardinal, nagu?re si puissant, se pr?senta chez Sa Saintet? pour son travail accoutum?. Le pape le laissa quatre heures enti?res dans l'antichambre, attendant aux yeux de tous, puis le renvoya sans vouloir l'admettre �� l'audience. On peut juger de ce qu'eut �� souffrir l'orgueil immod?r? du ministre. Le cardinal ?tait. irrit?, mais non soumis; il pensait qu'un vieillard accabl? par l'?ge, domin? toute sa vie par l'amour qu'il portait �� sa famille, et qui enfin ?tait peu habitu? �� l'exp?dition des affaires temporelles, serait oblig? d'avoir recours �� son activit?. La vertu du saint pape l'emporta; il convoqua les cardinaux, et, les ayant longtemps regard?s sans parler, �� la fin il fondit en larmes et n'h?sita point �� faire une sorte d'amende honorable:
- La faiblesse de l'?ge, leur dit-il, et les soins que je donne aux choses de la religion, dans lesquelles, comme vous savez, je pr?tends d?truire tous les abus, m'ont port? �� confier mon autorit? temporelle �� mes trois neveux; ils en ont abus?, et je les chasse �� jamais.
On lut ensuite un bref par lequel les neveux ?taient d?pouill?s de toutes leurs dignit?s et confin?s dans de mis?rables villages. Le cardinal premier ministre fut exil? �� Civita Lavinia, le duc de Palliano �� Soriano, et le marquis �� Montebello; par ce bref, le duc ?tait d?pouill? de ses appointements r?guliers, qui s'?levaient �� soixante-douze mille piastres (plus d'un million de 1838).
Il ne pouvait pas ?tre question de d?sob?ir �� ces ordres s?v?res: les Carafa avaient pour ennemis et pour surveillants le peuple de Rome tout entier qui les d?testait.
Le duc de Palliano, suivi du comte d'Alife, son beau-fr?re, et de L?onard del Cardine, alla s'?tablir au petit village de Soriano, tandis que la duchesse et sa belle-m?re vinrent habiter Gallese, mis?rable hameau �� deux petites lieues de Soriano.
Ces localit?s sont charmantes; mais c'?tait un exil, et l'on ?tait chass? de Rome o�� nagu?re on r?gnait avec insolence.
Marcel Capece avait suivi sa ma?tresse avec les autres courtisans dans le pauvre village o�� elle ?tait exil?e. Au lieu des hommages de Rome enti?re, cette femme, si puissante quelques jours auparavant, et qui jouissait de son rang avec tout l'emportement de l'orgueil, ne se voyait plus environn?e que de simples paysans dont l'?tonnement m?me lui rappelait sa chute. Elle n'avait aucune consolation; son oncle ?tait si ?g? que probablement il serait surpris par la mort avant de rappeler ses neveux, et, pour comble de mis?re, les trois fr?res se d?testaient entre eux. On allait jusqu'�� dire que le duc et le marquis qui ne partageaient point les passions fougueuses du cardinal, effray?s par ses exc?s, ?taient all?s jusqu'�� les d?noncer au pape leur oncle.
Au milieu de l'horreur de cette profonde disgr?ce, il arriva une chose qui, pour le malheur de la duchesse et de Capece lui-m?me, montra bien que, dans Rome, ce n'?tait pas une passion v?ritable qui l'avait entra?n? sur les pas de la Martuccia.
Un jour que la duchesse l'avait fait appeler pour lui donner un ordre, il se trouva seul avec elle, chose qui n'arrivait peut-?tre pas deux fois dans toute une ann?e. Quand il vit qu'il n'y avait personne dans la salle o�� la duchesse le recevait, Capece resta immobile et silencieux. Il alla vers la porte pour voir s'il y
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