jeune … Rome, o— il fut aid‚ par la faveur de son
cousin Olivier Carafa, cardinal et archevˆque de Naples. Alexandre VI,
ce grand homme qui savait tout et pouvait tout, le fit son cameriere (…
peu prŠs ce que nous appellerions, dans nos moeurs, un officier
d'ordonnance). Jules II le nomma archevˆque de Chieti; le pape Paul le
fit cardinal, et enfin, le 23 de mai 1555, aprŠs des brigues et des
disputes terribles parmi les cardinaux enferm‚s au conclave, il fut cr‚‚
pape sous le nom de Paul IV; il avait alors soixante-dix-huit ans. Ceux
mˆmes qui venaient de l'appeler au tr“ne de saint Pierre fr‚mirent
bient“t en pensant … la duret‚ et … la pi‚t‚ farouche, inexorable, du
maŒtre qu'ils venaient de se donner.
La nouvelle de cette nomination inattendue fit r‚volution … Naples
et … Palerme. En peu de jours Rome vit arriver un grand nombre de
membres de l'illustre famille Carafa. Tous furent plac‚s; mais comme il
est naturel, le pape distingua particuliŠrement ses trois neveux, fils du
comte de Montorio, son frŠre.
Don Juan, l'aŒn‚, d‚j… mari‚, fut fait duc de Palliano. Ce duch‚,
enlev‚ … Marc-Antoine Colonna, auquel il appartenait, comprenait un
grand nombre de villages et de petites villes. Don Carlos, le second des
neveux de Sa Saintet‚, ‚tait chevalier de Malte et avait fait la guerre; il
fut cr‚‚ cardinal, l‚gat de Bologne et premier ministre. C'‚tait un homme
plein de r‚solution; fidŠle aux traditions de sa famille, il osa ha‹r le roi
le plus puissant du monde (Philippe II, roi d'Espagne et des Indes), et
lui donna des preuves de sa haine. Quant au troisiŠme neveu du
nouveau pape, don Antonio Carafa, comme il ‚tait mari‚, le pape le fit
marquis de Montebello. Enfin, il entreprit de donner pour femme …
Fran‡ois, Dauphin de France et fils du roi Henri II, une fille que son
frŠre avait eue d'un second mariage; Paul IV pr‚tendait lui assigner
pour dot le royaume de Naples, qu'on aurait enlev‚ … Philippe II, roi
d'Espagne. La famille Carafa ha‹ssait ce roi puissant, lequel, aid‚ des
fautes de cette famille, parvint … l'exterminer, comme vous le verrez.
Depuis qu'il ‚tait mont‚ sur le tr“ne de saint Pierre, le plus puissant du
monde, et qui, … cette ‚poque, ‚clipsait mˆme l'illustre monarque des
Espagnes, Paul IV, ainsi qu'on l'a vu chez la plupart de ses successeurs,
donnait l'exemple de toutes les vertus. Ce fut un grand pape et un grand
saint; il s'appliquait … r‚former les abus dans l'Eglise et … ‚loigner par
ce moyen le concile g‚n‚ral, qu'on demandait de toutes parts … la cour
de Rome, et qu'une sage politique ne permettait pas d'accorder.
Suivant l'usage de ce temps trop oubli‚ du n“tre, et qui ne permettait
pas … un souverain d'avoir confiance en des gens qui pouvaient avoir
un autre int‚rˆt que le sien, les Etats de Sa Saintet‚ ‚taient gouvern‚s
despotiquement par ses trois neveux. Le cardinal ‚tait premier ministre
et disposait des volont‚s de son oncle; le duc de Palliano avait ‚t‚ cr‚‚
g‚n‚ral des troupes de la sainte Eglise; et le marquis de Montebello,
capitaine des gardes du palais, n'y laissait p‚n‚trer que les personnes qui
lui convenaient. Bient“t ces jeunes gens commirent les plus grands
excŠs; ils commencŠrent par s'approprier les biens des familles
contraires … leur gouvernement. Les peuples ne savaient … qui avoir
recours pour obtenir justice. Non seulement ils devaient craindre pour
leurs biens, mais, chose horrible … dire dans la patrie de la chaste
LucrŠce, l'honneur de leurs femmes et de leurs filles n'‚tait pas en
s–ret‚. Le duc de Palliano et ses frŠres enlevaient les plus belles
femmes; il suffisait d'avoir le malheur de leur plaire. On les vit, avec
stupeur, n'avoir aucun ‚gard … la noblesse du sang et, bien plus, ils ne
furent nullement retenus par la cl“ture sacr‚e des saints monastŠres. Les
peuples, r‚duits au d‚sespoir, ne savaient … qui faire parvenir leurs
plaintes, tant ‚tait grande la terreur que les trois frŠres avaient
inspir‚e … tout ce qui approchait du pape: ils ‚taient insolents mˆme
envers les ambassadeurs.
Le duc avait ‚pous‚, avant la grandeur de son oncle, Violante de
Cardone, d'une famille originaire d'Espagne, et qui, … Naples,
appartenait … la premiŠre noblesse.
Elle comptait dans le Seggio di Nido.
Violante, c‚lŠbre par sa rare beaut‚ et par les grƒces qu'elle savait se
donner quand elle cherchait … plaire, l'‚tait encore davantage par son
orgueil insens‚. Mais il faut ˆtre juste, il e–t ‚t‚ difficile d'avoir un g‚nie
plus ‚lev‚, ce qu'elle montra bien au monde en n'avouant rien, avant de
mourir, au frŠre capucin qui la confessa. Elle savait par coeur et r‚citait
avec une grƒce infinie l'admirable Orlando de messer Arioste, la
plupart des sonnets du divin P‚trarque, les contes
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