La Cité Antique | Page 6

Fustel de Coulanges
IV, 30. Servius, _ad Aen._, II, 644; III, 68; XI, 97. Tacite, _Agric._, 46.
[4] Euripide, _Héc._, passim; _Alc._, 618; _Iphig._, 162. Iliade, XXIII, 166. Virgile, _én._, V, 77; VI, 221; XI, 81. Pline, _H. N._, VIII, 40. Suétone, Caesar, 84; Lucien, De luctu, 14.
[5] Pindare, _Pythiq._, IV, 284, édit. Heyne; voir le Scholiaste.
[6] _Odyssée_, XI, 72. Euripide, _Troad._, 1085. Hérodote, V, 92. Virgile, VI, 371, 379. Horace, Odes, I, 23. Ovide, _Fast._, V, 483. Pline, _Epist._, VII, 27. Suétone, _Calig._, 59. Servius, _ad Aen._, III, 68.
[7] Plaute, Mostellaria.
[8] Virgile, _én._, III, 300 et seq.; V, 77. Ovide, _Fast._, II, 535-542.
[9] Hérodote, II, 40. Euripide, _Hécube_, 536. Pausanias, II, 10. Virgile, V, 98. Ovide, _Fast._, II, 566. Lucien, Charon.
[10] Eschyle, _Choéph._, 476. Euripide, _Iphigénie_, 162.
[11] Euripide, _électre_, 513.
[12] Festus, v. Culina.
[13] Plutarque, Aristide, 21.
[14] Lucien, De luctu.

CHAPITRE II.
LE CULTE DES MORTS
Ces croyances donnèrent lieu de très-bonne heure à des règles de conduite. Puisque le mort avait besoin de nourriture et de breuvage, on con?ut que c'était un devoir pour les vivants de satisfaire à ce besoin. Le soin de porter aux morts les aliments ne fut pas abandonné au caprice ou aux sentiments variables des hommes; il fut obligatoire. Ainsi s'établit toute une religion de la mort, dont les dogmes ont pu s'effacer de bonne heure, mais dont les rites ont duré jusqu'au triomphe du christianisme.
Les morts passaient pour des êtres sacrés. Les anciens leur donnaient les épithètes les plus respectueuses qu'ils pussent trouver; ils les appelaient bons, saints, bienheureux. Ils avaient pour eux toute la vénération que l'homme peut avoir pour la divinité qu'il aime ou qu'il redoute. Dans leur pensée chaque mort était un dieu. [1]
Cette sorte d'apothéose n'était pas le privilège des grands hommes; on ne faisait pas de distinction entre les morts. Cicéron dit: ? Nos ancêtres ont voulu que les hommes qui avaient quitté cette vie, fussent comptés au nombre des dieux. ? Il n'était même pas nécessaire d'avoir été un homme vertueux; le méchant devenait un dieu tout autant que l'homme de bien; seulement il gardait dans cette seconde existence tous les mauvais penchants qu'il avait eus dans la première. [2]
Les Grecs donnaient volontiers aux morts le nom de dieux souterrains. Dans Eschyle, un fils invoque ainsi son père mort: ? O toi qui es un dieu sous la terre. ? Euripide dit en parlant d'Alceste: ? Près de son tombeau le passant s'arrêtera et dira: Celle-ci est maintenant une divinité bienheureuse. ? [3] Les Romains donnaient aux morts le nom de dieux Manes. ? Rendez aux dieux Manes ce qui leur est d?, dit Cicéron; ce sont des hommes qui ont quitté la vie; tenez-les pour des êtres divins. ? [4]
Les tombeaux étaient les temples de ces divinités. Aussi portaient-ils l'inscription sacramentelle Dis Manibus, et en grec theois chthoniois. C'était là que le dieu vivait enseveli, manesque sepulti, dit Virgile. Devant le tombeau il y avait un autel pour les sacrifices, comme devant les temples des dieux. [5]
On trouve ce culte des morts chez les Hellènes, chez les Latins, chez les Sabins, [6] chez les étrusques; on le trouve aussi chez les Aryas de l'Inde. Les hymnes du Rig-Véda en font mention. Le livre des lois de Manou parle de ce culte comme du plus ancien que les hommes aient eu. Déjà l'on voit dans ce livre que l'idée de la métempsycose a passé par-dessus cette vieille croyance; déjà même auparavant, la religion de Brahma s'était établie. Et pourtant, sous le culte de Brahma, sous la doctrine de la métempsycose, la religion des ames des ancêtres subsiste encore, vivante et indestructible, et elle force le rédacteur des Lois de Manou à tenir compte d'elle et à admettre encore ses prescriptions dans le livre sacré. Ce n'est pas la moindre singularité de ce livre si bizarre, que d'avoir conservé les règles relatives à ces antiques croyances, tandis qu'il est évidemment rédigé à une époque où des croyances tout opposées avaient pris le dessus. Cela prouve que s'il faut beaucoup de temps pour que les croyances humaines se transforment, il en faut encore bien davantage pour que les pratiques extérieures et les lois se modifient. Aujourd'hui même, après tant de siècles et de révolutions, les Hindous continuent à faire aux ancêtres leurs offrandes. Cette croyance et ces rites sont ce qu'il y a de plus vieux dans la race indo-européenne, et sont aussi ce qu'il y a eu de plus persistant.
Ce culte était le même dans l'Inde qu'en Grèce et en Italie. Le Hindou devait procurer aux manes le repas qu'on appelait sraddha. ? Que le ma?tre de maison fasse le sraddha avec du riz, du lait, des racines, des fruits, afin d'attirer sur lui la bienveillance des manes. ? Le Hindou croyait qu'au moment où il offrait ce repas funèbre, les manes des ancêtres venaient
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