de Marengo. Le reste est inutile �� dire. L'ivresse des Milanais fut au comble; mais, cette fois, elle ��tait m��lang��e d'id��es de vengeance: on avait appris la haine �� ce bon peuple. Bient?t l'on vit arriver ce qui restait des patriotes d��port��s aux bouches de Cattaro; leur retour fut c��l��br�� par une f��te nationale. Leurs figures pales, leurs grands yeux ��tonnes, leurs membres amaigris, faisaient un ��trange contraste avec la joie qui ��clatait de toutes parts. Leur arriv��e fut le signal du d��part pour les familles les plus compromises. Le marquis del Dongo fut un des premiers �� s'enfuir �� son chateau de Grianta. Les chefs des grandes familles ��taient remplis de haine et de peur; mais leurs femmes leurs filles, se rappelaient les joies du premier s��jour des Fran?ais, et regrettaient Milan et les bals si gais, qui aussit?t apr��s Marengo s'organis��rent �� la Casa Tanzi;. Peu de jours apr��s la victoire, le g��n��ral fran?ais charg�� de maintenir la tranquillit�� dans la Lombardie s'aper?ut que tous
les fermiers des nobles, que toutes les vieilles femmes de la campagne, bien loin de songer encore �� cette ��tonnante victoire de Marengo qui avait chang�� les destin��es de l'Italie, et reconquis treize places fortes en un jour, n'avaient l'ame occup��e que d'une proph��tie de saint Giovita, le premier patron de Brescia. Suivant cette parole sacr��e, les prosp��rit��s des Fran?ais et de Napol��on devaient cesser treize semaines juste apr��s Marengo. Ce qui excuse un peu le marquis del Dongo et tous les nobles boudeurs des campagnes, c'est que r��ellement et sans com��die ils croyaient �� la proph��tie. Tous ces gens-l�� n'avaient pas lu quatre volumes en leur vie; ils faisaient ouvertement leurs pr��paratifs pour rentrer �� Milan au bout de treize semaines, mais le temps, en s'��coulant, marquait de nouveaux succ��s pour la cause de la France. De retour �� Paris, Napol��on, par de sages d��crets, sauvait la R��volution �� l'int��rieur, comme il l'avait sauv��e �� Marengo contre les ��trangers. Alors les nobles lombards, r��fugi��s dans leurs chateaux, d��couvrirent que d'abord ils avaient mal compris la pr��diction du saint patron de Brescia: il ne s'agissait pas de treize semaines, mais bien de treize mois. Les treize mois s'��coul��rent, et la prosp��rit�� de la France semblait s'augmenter tous les jours.
Nous glissons sur dix ann��es de progr��s et de bonheur, de 1800 �� 1810; Fabrice passa les premi��res au chateau de Grianta, donnant et recevant force coups de poing au milieu des petits paysans du village, et en n'apprenant rien, pas m��me �� lire. Plus tard, on l'envoya au coll��ge des j��suites �� Milan. Le marquis son p��re exigea qu'on lui montrat le latin, non point d'apr��s ces vieux auteurs qui parlent toujours de r��publiques, mais sur un magnifique volume orn�� de plus de cent gravures, chef-d'oeuvre des artistes du XVIIe si��cle; c'��tait la g��n��alogie latine des Valserra, marquis del Dongo, publi��e en 1650 par Fabrice del Dongo, archev��que de Parme. La fortune des Valserra ��tant surtout militaire, les gravures repr��sentaient force batailles, et toujours on voyait quelque h��ros de ce nom donnant de grands coups d'��p��e. Ce livre plaisait fort au jeune Fabrice. Sa m��re, qui l'adorait, obtenait de temps en temps la permission de venir le voir �� Milan, mais son mari ne lui offrant jamais d'argent pour ces voyages, c'��tait sa belle-soeur, l'aimable comtesse Pietranera, qui lui en pr��tait. Apr��s le retour des Fran?ais, la comtesse ��tait devenue l'une des femmes les plus brillantes de la cour du prince Eug��ne, vice-roi d'Italie.
Lorsque Fabrice eut fait sa premi��re communion, elle obtint du marquis, toujours exil�� volontaire, la permission de le faire sortir quelquefois de son coll��ge. Elle le trouva singulier, spirituel, fort s��rieux, mais joli gar?on, et ne d��parant point trop le salon d'une femme �� la mode; du reste, ignorant �� plaisir, et sachant �� peine ��crire. La comtesse, qui portait en toutes choses son caract��re enthousiaste, promit sa protection au chef de l'��tablissement, si son neveu Fabrice faisait des progr��s ��tonnants, et �� la fin de l'ann��e avait beaucoup de prix. Pour lui donner les moyens de les m��riter, elle l'envoyait chercher tous les samedis soir, et souvent ne le rendait �� ses ma?tres que le mercredi ou le jeudi. Les j��suites, quoique tendrement ch��ris par le prince vice-roi, ��taient repouss��s d'Italie par les lois du royaume, et le sup��rieur du coll��ge, homme habile, sentit tout le parti qu'il pourrait tirer de ses relations avec une femme toute-puissante �� la cour. Il n'eut garde de se plaindre des absences de Fabrice, qui, plus ignorant que jamais, �� la fin de l'ann��e obtint cinq premiers prix. A cette condition, la brillante comtesse Pietranera, suivie de son mari, g��n��ral commandant une des divisions de la garde, et de cinq ou six des plus grands personnages de la cour du vice-roi, vint assister �� la
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