elle remua, son bras s'engourdissait.
?Le coude un peu rabattu, je vous prie.? Puis, d'un air d'int��r��t, pour s'excuser:
?Ce sont vos parents qui doivent ��tre dans la d��solation, s'ils ont appris la catastrophe.
--Je n'ai pas de parents.
--Comment! ni p��re ni m��re.... Vous ��tes seule?
--Oui, toute seule.? 'Elle avait dix-huit ans, et elle ��tait n��e �� Strasbourg, par hasard, entre deux changements de garnison de son p��re, le capitaine Hallegrain. Comme elle entrait dans sa douzi��me ann��e, ce dernier, un Gascon de Montauban, ��tait mort �� Clermont, o�� une paralysie des jambes l'avait forc�� de prendre sa retraite. Pendant pr��s de cinq ans, sa m��re, qui ��tait Parisienne, avait v��cu l��-bas, en province, m��nageant sa maigre pension, travaillant, peignant des ��ventails, pour achever d'��lever sa fille en demoiselle; et, depuis quinze mois, elle ��tait morte �� son tour, la laissant seule au monde, sans un sou, avec l'unique amiti�� d'une religieuse, la sup��rieure des Soeurs de la Visitation, qui l'avait gard��e dans son pensionnat. C'��tait du couvent qu'elle arrivait tout droit, la sup��rieure ayant fini par lui trouver cette place de lectrice, chez sa vieille amie, Mme Vanzade, devenue presque aveugle.
Claude restait muet, �� ces nouveaux d��tails. Ce couvent, cette orpheline bien ��lev��e, cette aventure qui tournait au romanesque le rendaient �� son embarras, �� sa maladresse de gestes et de paroles. Il ne travaillait plus, les yeux baiss��s sur son croquis.
?C'est joli, Clermont? demanda-t-il enfin.
--Pas beaucoup, une ville noire.... Puis, je ne sais gu��re, je sortais �� peine.? Elle s'��tait accoud��e, elle continua tr��s bas, comme se parlant �� elle-m��me, d'une voix encore bris��e des sanglots de son deuil:
?Maman, qui n'��tait pas forte, se tuait �� la besogne....
Elle me gatait, il n'y avait rien de trop beau pour moi, j'avais des professeurs de tout; et je profitais si peu, d'abord j'��tais tomb��e malade, puis je n'��coutais pas, toujours �� rire, le sang �� la t��te.... La musique m'ennuyait, des crampes me tordaient les bras au piano. C'est encore la peinture qui allait le mieux....? Il leva la t��te, il l'interrompit d'une exclamation.
?Vous savez peindre!--Oh! non, je ne sais rien, rien du tout.... Maman, qui avait beaucoup de talent, me faisait faire un peu d'aquarelle, et je l'aidais parfois pour les fonds de ses ��ventails....
Elle en peignait de si beaux!? Elle eut, malgr�� elle, un regard autour de l'atelier, sur les esquisses terrifiantes, dont les murs flambaient; et, dans ses yeux clairs, un trouble reparut, l'��tonnement inquiet de cette peinture brutale. De loin, elle voyait �� l'envers l'��tude que le peintre avait ��bauch��e d'apr��s elle, si constern��e des tons violents, des grands traits de pastel sabrant les ombres, qu'elle n'osait demander �� la regarder de pr��s. D'ailleurs, mal �� l'aise dans ce lit o�� elle br?lait, elle s'agitait, tourment��e de l'id��e de s'en aller, d'en finir avec ces choses qui lui semblaient un songe depuis la veille.
Sans doute, Claude eut conscience de cet ��nervement.
Une brusque honte l'emplit de regret. Il lacha son dessin inachev��, il dit tr��s vite:
?Merci bien de votre complaisance, mademoiselle....
Pardonnez-moi, j'ai abus��, vraiment.... Levez-vous, levez-vous, je vous en prie. Il est temps d'aller �� vos affaires.?
Et, sans comprendre pourquoi elle ne se d��cidait pas, rougissante, renfon?ant au contraire son bras nu, �� mesure qu'il s'empressait devant elle, il lui r��p��tait de se lever.
Puis, il eut un geste de fou, il repla?a le paravent et gagna l'autre bout de l'atelier, en se jetant �� une exag��ration de pudeur, qui lui fit ranger bruyamment sa vaisselle, pour qu'elle p?t sauter du lit et se v��tir, sans craindre d'��tre ��cout��e.
Au milieu du tapage qu'il d��cha?nait, il n'entendait pas une voix h��sitante.
?Monsieur, monsieur....?! Enfin, il tendit l'oreille.
?Monsieur, si vous ��tiez assez Obligeant.... Je ne trouve pas mes bas.? Il se pr��cipita. O�� avait-il la t��te? que voulait-il qu'elle dev?nt, en chemise derri��re ce paravent, sans les bas et les jupes qu'il avait ��tendus au soleil? Les bas ��taient secs, il s'en assura en les frottant doucement; puis, il les passa par-dessus la mince cloison, et il aper?ut une derni��re fois le bras nu, frais et rond, d'un charme d'enfance. Il lan?a ensuite les jupes sur le pied du lit, poussa les bottines, ne laissa que le chapeau pendu �� un chevalet.
Elle avait dit merci, elle ne parlait plus, il distinguait �� peine des fr?lements de linges, des bruits discrets d'eau remu��e. Mais lui, continuait de s'occuper d'elle.
?Le savon est dans une soucoupe, sur la table.... Ouvrez le tiroir, n'est-ce pas? et prenez une serviette propre....
Voulez-vous de l'eau davantage? Je vous passerai le broc.? L'id��e qu'il retombait dans ses maladresses l'exasp��ra tout �� coup.
?Allons, voil�� que je vous emb��te encore! Faites comme chez vous.? Il retourna �� son m��nage. Un d��bat l'agitait. Devait-il lui offrir �� d��jeuner? Il ��tait difficile de la laisser partir ainsi. D'autre part, ?a n'en finirait plus, il allait perdre
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.