o��, bien que de taille m��diocre, il ne tenait qu'assis. Meubl�� d'un vieux fauteuil en tapisserie, d'une ancienne table �� jeu et d'un cartonnier, ce d��barras s'��clairait sur la cour par le cintre de la grande fen��tre du dessous; cela faisait dans la muraille une porte d'orangerie, basse et vitr��e, devant laquelle l'historien en labeur s'apercevait des pieds �� la t��te, p��niblement ramass�� comme le cardinal La Balue dans sa cage. C'est l�� qu'il se trouvait un matin, les yeux sur un vieux grimoire, quand le timbre de l'entr��e retentit dans l'appartement envahi par le tonnerre de Teyss��dre.
?Est-ce vous, Fage? demanda l'acad��micien de sa voix de basse, cuivr��e et profonde.
--Non, meuchieu Achtier... ch'est votre garchon.?
Le frotteur ouvrait, le mercredi matin, parce que Corentine habillait madame.
?Comment va le ma?tre?? cria Paul Astier tout en filant vers la chambre de sa m��re. L'acad��micien ne r��pondit pas. Cette ironie de son fils l'appelant: Ma?tre, cher ma?tre,... pour moquer ce titre dont on le flattait g��n��ralement, le choquait toujours.
?Qu'on fasse monter M. Fage d��s qu'il viendra, dit-il sans s'adresser directement au frotteur.
--Oui, meuchieu Achtier...? Et le tonnerre recommen?a �� ��branler la maison.
?Bonjour, m'man...
--Tiens! c'est Paul. Entre donc... Prenez garde aux pliss��s, Corentine.?
Madame Astier passait une jupe devant la glace; longue, mince, encore bien, malgr�� la fatigue des traits et d'une peau trop fine. Sans bouger, elle lui tendit sa joue velout��e de poudre qu'il fr?la de sa barbe en pointe blonde, aussi peu d��monstratifs l'un que l'autre.
?Est-ce que M. Paul d��jeune?? demanda Corentine, une forte paysanne �� teint huileux, coutur�� de petite v��role, assise sur le tapis comme une pastoure au pr��, en train de raccommoder le bas de la jupe de sa ma?tresse, une loque noire; le ton, l'attitude, trahissaient la grande familiarit�� dans la maison de la bonne �� tout faire mal r��tribu��e.
Non, Paul ne d��jeunait pas. On l'attendait. Il avait son boghey en bas: venu seulement pour dire un mot �� sa m��re.
?Ta nouvelle charrette anglaise?... Voyons!?
Mme Astier s'approcha de la fen��tre ouverte, ��carta un peu les persiennes toutes ray��es d'une belle lumi��re de mai, juste assez pour voir le fringant petit attelage ��tincelant de cuir neuf et de sapin verni, et le domestique en livr��e fra?che, debout �� la t��te du cheval qu'il maintenait.
?Oh! madame, que c'est beau!... murmura Corentine qui regardait aussi; comme M. Paul doit ��tre mignon, l��-dedans.?
La m��re rayonnait. Mais des fen��tres s'ouvraient en face, du monde s'arr��tait devant l'��quipage qui mettait tout ce bout de la rue de Beaune en rumeur, et, la servante cong��di��e, Mme Astier, assise au bord d'une chaise longue, acheva de repriser sa jupe elle-m��me, attendant de savoir ce que son fils avait �� lui dire, s'en doutant bien un peu, quoiqu'elle par?t tout attentionn��e �� sa couture. Paul Astier, renvers�� dans un fauteuil, ne parlait pas non plus, jouait avec un ��ventail d'ivoire, une vieillerie qu'il connaissait �� sa m��re depuis qu'il ��tait n��. A les voir ainsi, leur ressemblance frappait: la m��me chair cr��ole ros��e sur un l��ger bistre, la m��me taille souple, l'oeil gris imp��n��trable, et dans les deux visages une tare l��g��re, �� peine visible, le nez fin, un peu d��vi��, donnant l'expression narquoise, quelque chose de pas s?r. Silencieux, ils se guettaient, s'attendaient, avec la brosse de Teyss��dre au lointain.
?Gentil, tout ?a...?, fit Paul.
Sa m��re leva la t��te:
??a, quoi??
Du bout de l'��ventail, d'un geste d'atelier il indiquait les bras nus, le dessin des ��paules tombantes sous un corsage de fine batiste. Elle se mit �� rire:
?Oui, mais il y a ?a...? Elle montrait son cou tr��s long o�� des craquelures marquaient l'age de la femme. ?Oh! et puis...? Elle pensa: ?Qu'est-ce que ?a fait, puisque tu es beau...? mais ne le dit pas. Cette parleuse renomm��e, rompue �� tous les papotages, �� tous les mensonges de soci��t��, experte �� tout dire ou faire entendre, restait sans expression pour le seul sentiment v��ritable qu'elle e?t jamais ressenti.
En r��alit��, Mme Astier n'��tait pas de celles qui ne peuvent se d��cider �� vieillir. Longtemps avant l'heure du couvre-feu, peut-��tre aussi n'y avait-il jamais eu grand feu chez elle, toute sa coquetterie, tout son d��sir f��minin de conqu��rir et de s��duire, ses ambitions glorieuses, ��l��gantes ou mondaines, elle les avait mises dans son fils, ce grand joli gar?on de vingt-huit ans, �� la tenue correcte de l'artiste moderne, la barbe l��g��re, les cheveux ras au front, et dans l'allure, l'encolure, cette grace militaire, que le volontariat laisse �� la jeunesse de maintenant.
?Ton premier est-il lou��? demanda enfin la m��re.
--Ah oui! lou��!... pas un chat! les ��criteaux, les annonces, rien n'y fait... Comme disait V��drine �� son exposition particuli��re: Je ne sais pas ce qu'ils ont, ils ne viennent pas.?
Il se mit �� rire doucement; il voyait la belle fiert�� paisible et convaincue de V��drine au milieu de ses ��maux, de ses
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