des objets furent bris��s, d��chir��s, ��cras��s, broy��s dans des acc��s de violence. Son habitude de se parler tout bas �� lui-m��me allait augmentant?; mais, quoique Mme?Hall ��coutat avec soin, elle ne pouvait trouver ni queue ni t��te aux discours qu'elle entendait.
Le voyageur paraissait rarement le jour?; mais, au cr��puscule, il partait, bien envelopp��, la figure encapuchonn��e, que le temps f?t froid ou chaud, et il choisissait les chemins les plus solitaires et les plus ombrag��s ou les plus encaiss��s. Ses gros yeux, dans son visage de spectre, sous le bord du chapeau, ��mergeaient soudain de l'obscurit��, apparition d��sagr��able pour les habitants qui rentraient au logis. Teddy Henfrey, sortant vivement, un soir, �� neuf heures et demie, de L'Habit Rouge, fut honteusement effray�� par la t��te de mort du voyageur (il se promenait le chapeau �� la main) qu'une porte ouverte �� l'improviste mit en pleine lumi��re. Tous les enfants qui le voyaient �� la chute du jour r��vaient de fant?mes?; on ne savait pas s'il craignait les gamins plus qu'il n'en ��tait craint, ou inversement?; mais ce qui est s?r, c'est qu'il y avait de part et d'autre antipathie profonde.
Il ��tait in��vitable que, dans un village comme Iping, un personnage d'allure si originale et de m?urs si singuli��res f?t souvent le sujet des conversations. Sur l'emploi de son temps, l'opinion ��tait tr��s divis��e, Mme?Hall ��tait, sur ce point, tr��s susceptible. �� toutes les questions, elle r��pondait que ??c'��tait un faiseur d'exp��riences??, et elle appuyait �� peine sur les syllabes, en personne qui craint de se compromettre. Lui demandait-on ce qu'��tait un ??faiseur d'exp��riences???? Elle r��pliquait, avec un petit ton de sup��riorit��, que les gens instruits savent cela, et elle ajoutait alors qu' ??il d��couvrait des choses??. Son client, affirmait-elle, avait eu un accident qui, pour un temps, lu avait d��color�� le visage et les mains?: il tenait �� ce que l'on ne le remarquat point.
Malgr�� ses dires, il y avait une id��e g��n��ralement admise, �� savoir que c'��tait un criminel s'effor?ant d'��chapper �� la justice et s'enveloppant de myst��re pour se d��rober �� l'?il de la police. Cette id��e avait germ�� dans la cervelle de M.?Teddy Henfrey. Pourtant, �� la connaissance du public, aucun crime important n'avait ��t�� commis vers le milieu ou la fin de f��vrier.
Perfectionn��e par l'imagination de M.?Gould, l'instituteur adjoint, cette croyance prit une autre forme?; l'��tranger ��tait un anarchiste d��guis�� qui pr��parait des mati��res explosives?; et M.?Gould entreprit, autant que ses loisirs le lui permettaient, de le d��masquer. Ses op��rations consistaient surtout �� d��visager ??le bandit?? chaque fois qu'ils se rencontraient, ou �� interroger des gens qui, n'ayant jamais vu l'inconnu, ne savaient pas de quoi on leur parlait. Il ne d��couvrit rien du tout.
Un autre parti suivait M.?Fearenside et l'on admettait que le voyageur ��tait pie, ou quelque chose dans ce go?t-l��. Ainsi, par exemple, Silas Durgan affirmait que ??si le ph��nom��ne voulait se montrer dans les foires, il ferait fortune rapidement???; ��tant un peu th��ologien, il le comparait �� l'homme de la parabole qui n'avait qu'un seul talent.
Toutefois, une autre opinion encore avait cours?: l'��tranger ��tait un maniaque inoffensif. Ceci avait l'avantage de tout expliquer.
Mais, entre ces deux principaux groupes, il y avait les esprits h��sitants et les esprits conciliants. Les gens du Sussex ont peu de superstitions, et ce ne fut qu'apr��s les ��v��nements des premiers jours d'avril que le mot de surnaturel fut pour la premi��re fois chuchot�� dans le village. M��me alors, d'ailleurs, il n'y eut que des femmes pour admettre cette id��e.
Quoi que l'on pensat de lui, tout le monde �� Iping s'accordait �� ne pas aimer cet ��tranger. Sa nervosit��, compr��hensible pour des citadins adonn��s aux travaux intellectuels, ��tait pour ces placides villageois du Sussex un objet d'��tonnement. Ses gesticulations furieuses, qu'ils surprenaient de temps en temps?; sa d��marche pr��cipit��e, quand la nuit bien tomb��e l'invitait aux promenades tranquilles?; sa mani��re de repousser toutes les avances de la curiosit��?; son go?t pour l'ombre, qui le conduisait �� fermer ses portes, �� baisser ses stores, �� ��teindre ses bougies et ses lampes �C qui donc ne se f?t pr��occup�� de pareilles allures?? On s'��cartait un peu quand il descendait le village, et, quand il ��tait pass��, les gamins moqueurs relevaient le col de leur v��tement, rabattaient les bords de leur chapeau, embo?taient le pas derri��re lui, singeant sa d��marche myst��rieuse. Il y avait �� cette ��poque une chanson populaire intitul��e Le Croquemitaine?: Mlle Satchell l'avait chant��e au concert de l'��cole �C au profit de l'��clairage du temple?: depuis lors, toutes les fois que plusieurs villageois ��taient r��unis, si l'��tranger venait �� para?tre, les premi��res mesures de cet air partaient du groupe, siffl��es plus ou moins haut. Aussi, le soir, les enfants criaient-ils sur son chemin?: ??Croquemitaine?!?? quitte �� d��camper aussit?t, prudemment.
Cuss, l'empirique du pays, ��tait d��vor�� par la curiosit��. Les
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