LHomme invisible | Page 8

H.G. Wells
des objets furent bris��s, d��chir��s, ��cras��s, broy��s dans des acc��s de violence. Son habitude de se parler tout bas �� lui-m��me allait augmentant?; mais, quoique Mme?Hall ��coutat avec soin, elle ne pouvait trouver ni queue ni t��te aux discours qu'elle entendait.
Le voyageur paraissait rarement le jour?; mais, au cr��puscule, il partait, bien envelopp��, la figure encapuchonn��e, que le temps f?t froid ou chaud, et il choisissait les chemins les plus solitaires et les plus ombrag��s ou les plus encaiss��s. Ses gros yeux, dans son visage de spectre, sous le bord du chapeau, ��mergeaient soudain de l'obscurit��, apparition d��sagr��able pour les habitants qui rentraient au logis. Teddy Henfrey, sortant vivement, un soir, �� neuf heures et demie, de L'Habit Rouge, fut honteusement effray�� par la t��te de mort du voyageur (il se promenait le chapeau �� la main) qu'une porte ouverte �� l'improviste mit en pleine lumi��re. Tous les enfants qui le voyaient �� la chute du jour r��vaient de fant?mes?; on ne savait pas s'il craignait les gamins plus qu'il n'en ��tait craint, ou inversement?; mais ce qui est s?r, c'est qu'il y avait de part et d'autre antipathie profonde.
Il ��tait in��vitable que, dans un village comme Iping, un personnage d'allure si originale et de m?urs si singuli��res f?t souvent le sujet des conversations. Sur l'emploi de son temps, l'opinion ��tait tr��s divis��e, Mme?Hall ��tait, sur ce point, tr��s susceptible. �� toutes les questions, elle r��pondait que ??c'��tait un faiseur d'exp��riences??, et elle appuyait �� peine sur les syllabes, en personne qui craint de se compromettre. Lui demandait-on ce qu'��tait un ??faiseur d'exp��riences???? Elle r��pliquait, avec un petit ton de sup��riorit��, que les gens instruits savent cela, et elle ajoutait alors qu' ??il d��couvrait des choses??. Son client, affirmait-elle, avait eu un accident qui, pour un temps, lu avait d��color�� le visage et les mains?: il tenait �� ce que l'on ne le remarquat point.
Malgr�� ses dires, il y avait une id��e g��n��ralement admise, �� savoir que c'��tait un criminel s'effor?ant d'��chapper �� la justice et s'enveloppant de myst��re pour se d��rober �� l'?il de la police. Cette id��e avait germ�� dans la cervelle de M.?Teddy Henfrey. Pourtant, �� la connaissance du public, aucun crime important n'avait ��t�� commis vers le milieu ou la fin de f��vrier.
Perfectionn��e par l'imagination de M.?Gould, l'instituteur adjoint, cette croyance prit une autre forme?; l'��tranger ��tait un anarchiste d��guis�� qui pr��parait des mati��res explosives?; et M.?Gould entreprit, autant que ses loisirs le lui permettaient, de le d��masquer. Ses op��rations consistaient surtout �� d��visager ??le bandit?? chaque fois qu'ils se rencontraient, ou �� interroger des gens qui, n'ayant jamais vu l'inconnu, ne savaient pas de quoi on leur parlait. Il ne d��couvrit rien du tout.
Un autre parti suivait M.?Fearenside et l'on admettait que le voyageur ��tait pie, ou quelque chose dans ce go?t-l��. Ainsi, par exemple, Silas Durgan affirmait que ??si le ph��nom��ne voulait se montrer dans les foires, il ferait fortune rapidement???; ��tant un peu th��ologien, il le comparait �� l'homme de la parabole qui n'avait qu'un seul talent.
Toutefois, une autre opinion encore avait cours?: l'��tranger ��tait un maniaque inoffensif. Ceci avait l'avantage de tout expliquer.
Mais, entre ces deux principaux groupes, il y avait les esprits h��sitants et les esprits conciliants. Les gens du Sussex ont peu de superstitions, et ce ne fut qu'apr��s les ��v��nements des premiers jours d'avril que le mot de surnaturel fut pour la premi��re fois chuchot�� dans le village. M��me alors, d'ailleurs, il n'y eut que des femmes pour admettre cette id��e.
Quoi que l'on pensat de lui, tout le monde �� Iping s'accordait �� ne pas aimer cet ��tranger. Sa nervosit��, compr��hensible pour des citadins adonn��s aux travaux intellectuels, ��tait pour ces placides villageois du Sussex un objet d'��tonnement. Ses gesticulations furieuses, qu'ils surprenaient de temps en temps?; sa d��marche pr��cipit��e, quand la nuit bien tomb��e l'invitait aux promenades tranquilles?; sa mani��re de repousser toutes les avances de la curiosit��?; son go?t pour l'ombre, qui le conduisait �� fermer ses portes, �� baisser ses stores, �� ��teindre ses bougies et ses lampes �C qui donc ne se f?t pr��occup�� de pareilles allures?? On s'��cartait un peu quand il descendait le village, et, quand il ��tait pass��, les gamins moqueurs relevaient le col de leur v��tement, rabattaient les bords de leur chapeau, embo?taient le pas derri��re lui, singeant sa d��marche myst��rieuse. Il y avait �� cette ��poque une chanson populaire intitul��e Le Croquemitaine?: Mlle Satchell l'avait chant��e au concert de l'��cole �C au profit de l'��clairage du temple?: depuis lors, toutes les fois que plusieurs villageois ��taient r��unis, si l'��tranger venait �� para?tre, les premi��res mesures de cet air partaient du groupe, siffl��es plus ou moins haut. Aussi, le soir, les enfants criaient-ils sur son chemin?: ??Croquemitaine?!?? quitte �� d��camper aussit?t, prudemment.
Cuss, l'empirique du pays, ��tait d��vor�� par la curiosit��. Les
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 63
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.