LHomme invisible | Page 5

H.G. Wells
s'agit d'��trangers?! Hall, il s'est install�� chez vous, et il n'a m��me pas encore donn�� de nom?!
�C Vraiment?? r��pondit Hall, qui avait l'intelligence plut?t paresseuse.
�C Parfaitement?! reprit Teddy. Il a lou�� �� la semaine, et vous ne serez pas d��barrass�� de lui avant huit jours. Et il tra?ne un tas de bagages, qui arriveront demain, �� ce qu'il dit. Esp��rons, Hall, que ce ne sont pas seulement des caisses remplies de cailloux?!??
Il raconta comment sa tante, �� Hastings, avait ��t�� refaite par un ��tranger dont les valises ��taient vides. Bref, il laissa Hall vaguement inquiet.
??Hue, donc?! fit celui-ci. Il faut que j'y aille voir.?? Teddy poursuivit sa route, l'esprit tout �� fait soulag��.
Au lieu d' ??y aller voir??, Hall, �� son retour chez lui, fut s��v��rement attrap�� par sa femme pour le temps qu'il avait pass�� �� Sidderbridge?; ses questions timides furent accueillies avec aigreur, sans qu'elle r��pond?t �� l'objet de ses pr��occupations. Mais, en d��pit des rebuffades, la graine de m��fiance sem��e par Teddy germait dans sa cervelle.
??Vous ne savez pas tout, vous autres femmes?!?? dit M.?Hall, r��solu �� ��tre renseign�� le plus t?t possible sur la qualit�� de son h?te.
D��s que l'��tranger fut couch��, vers neuf heures et demie, M.?Hall entra, l'air agressif, dans le salon, et il examina d'un ?il soup?onneux le mobilier de sa femme, pour bien affirmer que l'��tranger n'��tait pas ma?tre dans la place?; il reluqua, non sans un peu de m��pris, une feuille d'op��rations math��matiques oubli��e par l'autre. En se retirant, il recommanda �� Mme?Hall de veiller de tr��s pr��s aux bagages, quand ils arriveraient le lendemain.
??Occupez-vous de vos affaires, Hall?! r��pliqua celle-ci?; moi, je m'occuperai des miennes.??
Elle ��tait d'autant plus port��e �� quereller son mari que l'��tranger ��tait ��videmment un voyageur extraordinaire, et que, au fond, elle ne se trouvait pas du tout rassur��e sur son compte. Au milieu de la nuit, elle s'��veilla en sursaut, r��vant de grosses t��tes, blanches comme des navets, mont��es sur des cous sans fin, avec de gros yeux noirs, qui s'avan?aient vers elle en rampant. Mais, femme de bon sens, elle ma?trisa ses terreurs, se retourna et se rendormit.

CHAPITRE III LES MILLE ET UNE BOUTEILLES
C'est le 29 f��vrier, au commencement du d��gel, que le singulier personnage ��tait tomb�� des nues �� Iping. Le lendemain, on apporta ses bagages, �� travers la neige fondue. C'��taient des bagages bien remarquables. Il y avait deux malles, telles que le premier venu peut en poss��der?; mais, en outre, il y avait une caisse de livres �C de livres gros et lourds, dont quelques-uns couverts d'un grimoire manuscrit incompr��hensible, et une douzaine, ou plus, de mannes, de bo?tes, de coffres contenant certains objets envelopp��s dans de la paille, des bouteilles de verre, �� ce qu'il parut �� Hall, lequel, curieux, arrachait la paille comme par hasard.
L'��tranger, bien emmitoufl��, avec son chapeau, son pardessus, ses gants, son cache-nez, avait manifest�� l'intention d'aller au-devant de Fearenside et de sa voiture, tandis que Hall, cherchant l'occasion d'offrir son aide, risquait quelques mots de bavardage. Il sortit sans prendre garde au chien de Fearenside, qui flairait en amateur les jambes de Hall.
??Allez, arrivez donc, avec ces caisses?! Vous m'avez assez fait attendre?!??
Et il descendit le perron, se dirigeant vers l'arri��re du chariot comme pour mettre la main sur la malle la plus petite.
Le chien de Fearenside ne l'eut pas plus t?t aper?u qu'il se h��rissa et se prit �� grogner d'une mani��re farouche?; l'autre avait �� peine fait les premiers pas que l'animal sauta d'abord d'une fa?on inqui��tante, puis s'��lan?a bient?t sur la main.
??Oust?!?? cria Hall, en reculant, car il n'��tait pas brave. Fearenside hurla?:
??Allez coucher?!?? et prit son fouet.
Tous deux virent les dents du chien effleurer la main, la b��te ex��cuta un saut de c?t�� et saisit la jambe de l'��tranger?: le pantalon se d��chira, avec un bruit sec. Alors, la fine pointe du fouet de Fearenside atteignit le coupable, et celui-ci, aboyant de peur, se r��fugia sous la voiture. Cela fut l'affaire d'une demi-minute. Personne n'avait parl��, tout le monde avait cri��. L'��tranger jeta un coup d'?il sur son gant d��chir��, sur sa jambe, fit comme s'il voulait se baisser, puis se redressa brusquement et franchit le perron pour rentrer dans l'auberge. On l'entendit traverser pr��cipitamment le corridor et grimper jusqu'�� sa chambre l'escalier sans tapis.
??Ah?! la sale b��te?!?? fit Fearenside, sautant de la voiture avec son fouet �� la main, tandis que le chien, sous la voiture, le suivait du regard. ??Ici?! ici?!��??
Hall ��tait rest�� bouche b��ante.
??Il aura ��t�� mordu, dit-il. Je ferais bien d'y aller moi-m��me.??
Il suivit l'��tranger. Dans le couloir il rencontra Mme?Hall et lui apprit le m��fait du chien. Il monta rapidement l'escalier. La porte du voyageur ��tant entrebaill��e, il la poussa, l'ouvrit et entra sans c��r��monie?: la nature l'avait fait d'humeur famili��re. Le store baiss��, la pi��ce ��tait
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