LAffaire Lerouge | Page 7

Emile Gaboriau
qu'elle voulait du cognac vieux. Elle payait comptant.
L'��pici��re, ne sachant plus rien, fut cong��di��e. L'enfant qui lui succ��da appartenait �� des gens ais��s de la commune. Il ��tait grand et fort pour son age. Il avait l'oeil intelligent, la physionomie ��veill��e et narquoise. Le juge ne sembla nullement l'intimider.
-- Voyons, mon gar?on, lui demanda le juge, que sais-tu?
-- Monsieur, l'autre avant-hier, le jour du dimanche gras, j'ai vu un homme sur la porte du jardin de madame Lerouge.
-- �� quel moment de la journ��e?
-- De grand matin, j'allais �� l'��glise pour servir la seconde messe.
-- Bien! fit le juge, et cet homme ��tait un grand brun, v��tu d'une blouse...
-- Non, monsieur, au contraire, celui-l�� ��tait petit, court, tr��s gros et pas mal vieux.
-- Tu ne te trompes pas?
-- Plus souvent! r��pondit le gamin. Je l'ai envisag�� de pr��s, puisque je lui ai parl��.
-- Alors, voyons, raconte-moi cela.
-- Donc, monsieur, je passais, quand je vois ce gros-l�� sur la porte. Il avait l'air vex��, oh! mais vex�� comme il n'est pas possible. Sa figure ��tait rouge, c'est-��-dire violette jusqu'au milieu de la t��te, ce qui se voyait tr��s bien, car il ��tait t��te nue et n'avait plus gu��re de cheveux.
-- Et il t'a parl�� le premier?
-- Oui, monsieur. En m'apercevant, il m'a appel��: ?Eh! petit!? Je me suis approch��. ?Voyons, me dit-il, tu as de bonnes jambes?? Moi je r��ponds: ?Oui.? Alors il me prend l'oreille, mais sans me faire de mal, en me disant: ?Puisque c'est comme ?a, tu vas me faire une commission et je te donnerai dix sous. Tu vas courir jusqu'�� la Seine. Avant d'arriver au quai, tu verras un grand bateau amarr��; tu y entreras et tu demanderas le patron Gervais. Sois tranquille, il y sera; tu lui diras qu'il peut parer �� filer, que je suis pr��t.? L��-dessus, il m'a mis dix sous dans la main, et je suis parti.
-- Si tous les t��moins ��taient comme ce petit gar?on, murmura le commissaire, ce serait un plaisir.
-- Maintenant, demanda le juge, dis-nous comment tu as fait ta commission?
-- Je suis all�� au bateau, monsieur, j'ai trouv�� l'homme, je lui ai dit la chose, et c'est tout.
G��vrol, qui ��coutait avec la plus vive attention, se pencha vers l'oreille de M. Daburon.
-- Monsieur le juge, fit-il �� voix basse, serait-il assez bon pour me permettre de poser quelques questions �� ce mioche?
-- Certainement, monsieur G��vrol.
-- Voyons, mon petit ami, interrogea l'agent, si tu voyais cet homme dont tu nous parles, le reconna?trais-tu?
-- Oh! pour ?a, oui.
-- Il avait donc quelque chose de particulier?
-- Dame!... sa figure de brique.
-- Et c'est tout?
-- Mais oui! monsieur.
-- Cependant, tu sais comme il ��tait v��tu; avait-il une blouse?
-- Non. C'��tait une veste. Sous les bras, elle avait de grandes poches, et de l'une d'elles sortait �� moiti�� un mouchoir �� carreaux bleus.
-- Comment ��tait son pantalon?
-- Je ne me le rappelle pas.
-- Et son gilet?
-- Attendez donc! r��pondit l'enfant. Avait-il un gilet?... Il me semble que non. Si, pourtant... Mais non, je me souviens, il n'en portait pas, il avait une longue cravate attach��e pr��s du cou avec un gros anneau.
-- Ah! fit G��vrol d'un air satisfait, tu n'es pas un sot, mon gar?on, et je parie qu'en cherchant bien tu vas trouver d'autres renseignements encore �� nous donner.
L'enfant baissa la t��te et garda le silence. Aux plis de son jeune front, on devinait qu'il faisait un violent effort de m��moire.
-- Oui! s'��cria-t-il, j'ai encore remarqu�� une chose.
-- Quoi?
-- L'homme avait des boucles d'oreilles tr��s grandes.
-- Bravo! fit G��vrol, voil�� un signalement complet. Je le retrouverai, celui-l��; monsieur le juge peut pr��parer son mandat de comparution.
-- Je crois, en effet, le t��moignage de cet enfant de la plus haute importance, r��pondit M. Daburon. Et se retournant vers l'enfant:
-- Saurais-tu, mon petit ami, demanda-t-il, nous dire de quoi ��tait charg�� le bateau?
-- C'est que je n'en sais rien, monsieur, il ��tait pont��.
-- Montait-il ou descendait-il la Seine?
-- Mais, monsieur, il ��tait arr��t��.
-- Nous le pensons bien, dit G��vrol; monsieur le juge te demande de quel c?t�� ��tait tourn�� l'avant du bateau. ��tait-ce vers Paris ou vers Marly?
-- Les deux bouts du bateau m'ont sembl�� pareils.
Le chef de la s?ret�� fit un geste de d��sappointement.
-- Ah! reprit-il en s'adressant �� l'enfant, tu aurais bien d? regarder le nom du bateau; tu sais lire, je suppose. Il faut toujours regarder le nom des bateaux sur lesquels on monte.
-- Je n'ai pas vu de nom, dit le petit gar?on.
-- Si ce bateau s'est arr��t�� �� quelques pas du quai, objecta M. Daburon, il aura probablement ��t�� remarqu�� par des habitants de Bougival.
-- Monsieur le juge a raison, approuva le commissaire.
-- C'est juste, fit G��vrol. Du reste les mariniers ont d? descendre et aller au cabaret. Je m'informerai. Mais comment ��tait ce patron Gervais, mon petit ami?
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