que la grƒce divine p–t le soutenir dans cette
position extraordinaire*, avait pr‚dit au seigneur de Campireali que sa
famille s'‚teindrait avec lui, et qu'il n'aurait que deux enfants, qui tous
deux P‚riraient de mort violente. Ce fut … cause de cette pr‚diction
qu'il ne put trouver … se marier dans le pays et qu'il alla chercher
fortune … Naples, o— il eut le bonheur de trouver de grands biens et
une femme capable, par son g‚nie de changer sa mauvaise destin‚e, si
toutefois une telle chose e–t ‚t‚ possible. Ce seigneur de Campireali
passait pour fort honnˆte homme et faisait de grandes charit‚s; mais il
n'avait nul esprit, ce qui fit que peu … peu il se retira du s‚jour de
Rome, et finit par passer presque toute l'ann‚e dans son palais d'Albano.
Il s'adonnait … la culture de ses terres situ‚es dans cette plaine si riche
qui s'‚tend entre l… ville et la mer. Par les conseils de sa femme, il fit
donner l'‚ducation la plus magnifique … son fils Fabio, jeune homme
trŠs fier de sa naissance, et … sa fille H‚lŠne, qui fut un miracle de
beaut‚, ainsi qu'on peut le voir encore par son portrait, qui existe dans
la collection FarnŠse. Depuis que j'ai commenc‚ … ‚crire son histoire,
je suis all‚ au palais FarnŠse pour consid‚rer l'enveloppe mortelle que
le ciel avait donn‚e … cette femme, dont la fatale destin‚e fit tant de
bruit de son temps, et occupe mˆme encore la m‚moire des hommes. La
forme de la tˆte est un ovale allong‚, le front est trŠs grand, les cheveux
sont d'un blond fonc‚. L'air de sa physionomie est plut“t gai; elle avait
de grands yeux d'une expression profonde, et des sourcils chƒtains
formant un arc parfaitement dessin‚. Les lŠvres sont fort minces, et l'on
dirait que les contours de la bouche ont ‚t‚ dessin‚s par le fameux
peintre CorrŠge. Consid‚r‚e au milieu des portraits qui l'entourent … la
galerie FarnŠse, elle a l'air d'une reine. Il est bien rare que l'air gai soit
joint … la majest‚. * Encore aujourd'hui, cette position singuliŠre est
regard‚e, par le peuple de la campagne de Rome, comme un signe
certain de saintet‚. Vers l'an 1826, un moine d'Albano fut aper‡u
plusieurs fois soulev‚ de terre par la grƒce divine. On lui attribua de
nombreux miracles; on accourait de vingt lieues … la ronde pour
recevoir sa b‚n‚diction; des femmes, appartenant aux premiŠres classes
de la soci‚t‚, l'avaient vu se tenant dans sa cellule, … trois pieds de
terre. Tout … coup, il disparut.
"AprŠs avoir pass‚ huit ann‚es entiŠres, comme pensionnaire au
couvent de la Visitation de la ville de Castro, maintenant d‚truite, o—
l'on envoyait, dans ce temps-l…, les filles de la plupart des princes
romains, H‚lŠne revint dans sa patrie, mais ne quitta point le couvent
sans faire offrande d'un calice magnifique au grand autel de l'‚glise. A
peine de retour dans Albano, son pŠre fit venir de Rome moyennant
une pension consid‚rable, le c‚lŠbre poŠte Cechino, alors fort ƒg‚; il
orna la m‚moire d'H‚lŠne des plus beaux vers du divin Virgile, de
P‚trarque, de l'Arioste et du Dante, ses fameux ‚lŠves."
Ici le traducteur est oblig‚ de passer une longue dissertation sur les
diverses parts de gloire que le seiziŠme siŠcle faisait … ces grands
poŠtes. Il paraŒtrait qu'H‚lŠne savait le latin. Les vers qu'on lui faisait
apprendre parlaient d'amour, et d'un amour qui nous semblerait bien
ridicule, si nous le rencontrions en 1839; je veux dire l'amour passionn‚
qui se nourrit de grands sacrifices, ne peut subsister qu'environn‚ de
mystŠre, et se trouve toujours voisin des plus affreux malheurs.
Tel ‚tait l'amour que sut inspirer … H‚lŠne, … peine ƒg‚e de dix-sept
ans, Jules Branciforte. C'‚tait un de ses voisins, fort pauvre; il habitait
une ch‚tive maison bƒtie dans la montagne, … un quart de lieue de la
ville, au milieu des ruines d'Albe et sur les bords du pr‚cipice de cent
cinquante pieds, tapiss‚ de verdure, qui entoure le lac. Cette maison,
qui touchait aux sombres et magnifiques ombrages de la forˆt de la
Faggiola, a depuis ‚t‚ d‚molie, lorsqu'on a bƒti le couvent de Palazzuola.
Ce pauvre jeune homme n'avait pour lui que son air vif et leste, et
l'insouciance non jou‚e avec laquelle il supportait sa mauvaise fortune.
Tout ce que l'on pouvait dire de mieux en sa faveur, c'est que sa figure
‚tait expressive sans ˆtre belle. Mais il passait pour avoir bravement
combattu sous les ordres du prince Colonna et parmi ses bravi, dans
deux ou trois entreprises fort dangereuses. Malgr‚ sa pauvret‚, malgr‚
l'absence de beaut‚, il n'en poss‚dait pas moins, aux yeux de toutes les
jeunes filles d'Albano, le coeur qu'il e–t ‚t‚ le plus flatteur de conqu‚rir.
Bien accueilli partout, Jules Branciforte n'avait eu que
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