avril.--On causait aujourd'hui, aux Spartiates, de l'espèce d'esclavage que la femme apporte naturellement dans une liaison, de sa charmante et complaisante servilité en amour.
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Jeudi 11 avril.--La curieuse conversation--une conversation dont je n'ai pu attraper que des bribes dans la gare du chemin de fer--entre un cul-de-jatte, une jeune fille marchant avec des crosses, une vieille femme aux oeillères à verres bleus lui couvrant les tempes.
La vieille femme a d'abord parlé de son mari malade, disant que depuis trois mois elle couchait sur le paillasson, et que lui, ne voulait pas aller à la consultation, parce que les médecins ne lui ?teraient pas le mal qu'il avait dans le corps,--et se courbant, et imitant une toux au plus profond de l'être, elle a ajouté: ?C'est comme cela toute la nuit!... Oui quand il ne pourra plus cracher, il sera nettoyé.?
Il est question d'une espèce de maladrerie de banlieue, où demeurent tous ces estropiés, et où, un vieux père Romain vient faire, pour un sou, les lits des gens qui ne peuvent se lever. Il était aussi question de travaux, je ne sais lesquels par exemple, de travaux que pouvaient faire des gens n'ayant presque plus l'usage de leurs membres.
Et chez ces éclopés, aux pépins déteints, ficelés autour de leurs corps, et qui semblent les membres d'une immense association haillonneuse, loqueteuse, vermineuse, il n'y avait ni tristesse, ni désolation, mais bien au contraire régnait en eux un certain gaudissement, sur une note raillarde.
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--------Tout me désespère dans ce temps! ce n'est pas assez que mon pays soit en république, il fallait encore qu'il se pla?at sous l'invocation de Voltaire, de cet historien prenant le mot d'ordre des chancelleries, de ce bas flatteur des courtisanes de la cour, de cet exploiteur de la sensibilité publique, de ce roublard metteur en oeuvre de l'actualité, de ce poncif faiseur de tragédies, de ce poète de la poésie de commis voyageur, de ce poète anti-fran?ais de la Pucelle, de ce lettré enfin, que je hais autant que j'aime Diderot.
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Dimanche 14 avril.--On parlait des joies que donnait la croyance en soi, folle, exagérée, enfantine. à ce propos, Zola nous entretenait de Courbet, qu'il avait vu planté devant un de ses tableaux, se caressant la barbe, et riant tout de bon, avec la répétition de cette phrase: ?C'est comique, cette peinture!?...
Et le terme de comique dans la bouche du Jordans moderne, équivalait à sublime.
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Mardi 23 avril.--Les critiques pourront dire tout ce qu'ils voudront, ils ne pourront pas nous empêcher, mon frère et moi, d'être les Saint Jean-Baptiste de la nervosité moderne.
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Mardi 30 avril.--Chez Daumier la réalité bourgeoise a parfois une intensité telle, qu'elle arrive au fantastique.
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--------Aujourd'hui, au d?ner Brébant, devenu une espèce d'antichambre de ministère, c'est autour de moi un susurrement à voix basse de gens qui se demandent et se promettent des places pour les amis. Aujourd'hui littérature, art, science, tout se tait sous la grosse et bête voix de la politique.
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Jeudi 2 mai.--à l'exposition. C'est vraiment charmant cette petite et rustique maison japonaise du Trocadéro, avec son enclos de bambous, sa porte aux grosses fleurs sculptées dans un bois tendre, ses petits arbres en paraphes d'écriture, ses parasols, sous l'ombre desquels se remuent des volatiles minuscules, ses resserres en essences joliment veinées: tout ce go?t et tout cet art décoratif dans une habitation des champs. Puis la petite maison aux chambres, grandes comme les chambres de Pompéi, vous fait toucher le cadre étroit, où se joue la vie de ce petit peuple.
Je déjeune avec le Chinois Tien-Pa?, qui ne prend que du thé et des oeufs. C'est un musulman sérieux, qui depuis qu'il est ici, faute d'avoir trouvé un boucher, qui tue avec la parole consacrée, n'a pas encore mangé de viande, et n'en mangera pas pendant les deux mois qu'il restera ici. Tien-Pa? a une entaille derrière le cou, où l'on mettrait les deux doigts. à l'age de quatorze ans, il a commencé à être décapité par les Ta?-Ping, et n'a d? son salut qu'à sa queue, qu'il se désole d'avoir moins belle que celle de ses compatriotes.
Décidément, à l'exposition du Japon, l'écran au héron d'argent, et le paravent avec toute cette flore sur laque, en pierre dure, en ivoire, en porcelaine, en métaux de toutes sortes: ce sont pour moi les deux plus beaux objets mobiliers, que depuis le commencement du monde a fabriqués l'art industriel chez aucun peuple. Comment Rothschild a-t-il pu laisser cela à vendre, cinq minutes?
Pendant que je me promène au milieu de cette industrie féerique, arrive le chocolatier Marquis, auquel la vue de ces merveilles semble donner la démarche et le pas de l'ivresse.
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Lundi 6 mai.--Un désastre que le
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