Jim lindien | Page 4

Gustave Aimard
cordon graisseux; affublez-le d’une couverture en
guenilles; vous aurez un Indien Minnesota pur sang.
-- Et les femmes, en est-il de même
-- Les femmes!... des squaws, voulez-vous dire! Leur portrait est
exactement le même.
-- Cependant nous sommes dans «la région des Dacotahs, le pays des
Beauté», dont parle le poète Longfellow dans son ouvrage intitulé
Hiawatha.
-- Il est bien possible que ce soit le pays auquel vous faites allusion.
Dans tous les cas, c’est pitoyable qu’il ne l’ait pas visité avant d’écrire
son poème, -- Néanmoins, poursuivit la jeune fille, pour être juste, je
dois apporter une restriction à ce que je viens de vous dire; les Indiens
convertis au christianisme sont tout à fait différents, ils ont laissé de

côté, leurs allures et vêtements sauvages, pour adopter ceux de la
civilisation; ils sont devenus des créatures passables. J’en ai vu
plusieurs, et, le contraste frappant qu’ils offrent en regard de leurs
frères barbares, m’a porté à en dire du bien. Je pourrais vous en
nommer: Chaskie, Paul, par exemple, qui seraient dignes de servir de
modèles à beaucoup d’hommes blancs.
-- Ainsi, vous admettrez qu’il se trouve parmi eux des êtres humains?
-- Très certainement. Il y en a un surtout qui vient parfois rendre visite
à l’oncle John. Il est connu sous le nom de Jim Chrétien; je peux dire
que c’est un noble garçon. Je ne craindrais point de lui confier ma vie
en toute circonstance,
-- Mais enfin, Maria, parlant sérieusement, ne pensez-vous pas que ces
mêmes hommes rouges dont vous faites si peu de cas, ne sont devenus
pervers que par la fatale et détestable influence des Blancs. Ces
trafiquants!... Ces agents!...
-- Je ne puis vous le refuser. Il est tout-à-fait impossible aux
missionnaires de lutter contre les machinations de ces vils intrigants.
Pauvres, bons missionnaires! voilà des hommes dévoués! Je vous
citerai le docteur Williamson qui a fourni une longue et noble carrière,
au milieu de ces peuplades farouches, se heurtant sans cesse à la mort, à
des périls pires que la mort! tout cela pour leur ouvrir la voie qui mène
au ciel! Et le Père Riggs, qui, depuis trente-cinq ans, erre autour du Lac
qui parle, ou Jyedan, comme les Indiens l’appellent. C’est un second
apôtre saint Paul; dans les bois, dans les eaux, dans le feu, en mille
occasions sa vie a été en péril; un jour sa misérable hutte brûla sur sa
tête; il ne pût s’échapper qu’à travers une pluie de charbons ardents. Eh
bien! il bénissait le ciel d’avoir la vie sauve, pour la consacrer encore
au salut de ses chères ouailles
-- Je suppose que ces pauvres missionnaires sont relevés et secourus de
temps en temps, dans ces postes périlleux?
-- Pas ceux-là, du moins! Ils se croiraient indignes de l’apostolat s’ils
faiblissaient un seul instant; cette lutte admirable, ils la continueront

jusqu’à la mort. Pour savoir ce que c’est que le sublime du dévouement,
il faut avoir vu de près le missionnaire Indien!
-- Ah! voici un changement de décor, à vue, dans le paysage;
regardez-moi çà! s’écrie le jeune artiste en ouvrant son album et taillant
ses crayons; je vais croquer ce site enchanté.
-- Vous n’aurez pas le temps, mon cousin. Regardez par-dessus la rive,
à environ un quart de mille; voyez-vous une voiture qui est proche d’un
bouquet de sycomores; elle est attelée d’un cheval; un jeune homme se
tient debout à côté.
Adolphe implanta gravement son lorgnon dans l’oeil droit, et inspecta
les bords du fleuve pendant assez longtemps avant de répondre.
-- J’ai quelque idée d’avoir aperçu ce dont vous me parlez. Quel est le
propriétaire, est-ce l’oncle John?... dit-il enfin.
-- Oui; et je pense que c’est Will qui m’attend. Un petit temps de galop
à travers la prairie, et nous serons arrivés au terme de notre voyage.
CHAPITRE II LÉGENDES DU FOYER.
Après avoir fait des tours et des détours sans nombre, le petit steamer
vira de bord se rangea sur le rivage, mouilla son ancre, raidit une
amarre, jeta son petit pont volant, et nos deux jeunes passagers
débarquèrent.
-- Ah! Will! c’est toi?... Comment ça va, vieux gamin?...
Cette exclamation d’Halleck s’adressait à un robuste et beau garçon,
bronzé par le soleil et le hâle du désert, mais qui demeura tout interdit,
ne reconnaissant pas son interlocuteur.
-- Mais, Will! vous ne voyez donc pas notre cousin Adolphe? demanda
Maria en riant.
-- Ha! ha! le soleil me donnait donc dans l’oeil de ce côté-là! répondit
sur le champ le jeune settler; ça va bien, Halleck?... je suis ravi de vous

voir! vous êtes le bienvenu chez nous, croyez-le.
-- Je vous crois, mon ami, répondit Halleck en échangeant une cordiale
poignée de main; sans cela, je ne serais point venu. Ah! mais! ah mais!
vous
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