ni dans l'��glise ni �� l'entour de l'��glise, elle ne vit personne qui r��clamat l'enfant.
La petite pleurait; H��l��ne soupirait.
?Que vais-je faire de cette enfant? pensa-t-elle. Je n'ai pas les moyens de la garder. Je ne me suis pas s��par��e de mon pauvre petit Jean pour prendre la charge d'une ��trang��re. Mais je suis bien sotte de m'inqui��ter; le bon Dieu me l'a remise entre les mains, le bon Dieu me donnera de quoi la nourrir, si sa m��re ne vient pas la rechercher.?
Rassur��e par cette pens��e, H��l��ne ne s'en inqui��ta plus; elle la coucha au pied de son lit, la couvrit de quelques vieilles hardes; le printemps ��tait avanc��, on ��tait au mois de juin; il faisait beau et chaud. Les petits gar?ons se couch��rent; Jeannot s'��tablit dans le lit de son cousin, et Jean s'��tendit pr��s de lui.
?C'est notre derni��re nuit heureuse, maman, dit Jean en l'embrassant avant de se coucher.
--Non, mon enfant, pas la derni��re; laissons marcher le temps, qui passe bien vite, et nous nous retrouverons. Dors, mon petit Jean: il faudra se lever de bonne heure demain.?
La petite fille dormait d��j��, Jeannot s'endormait; Jean fut endormi peu d'instants apr��s; la m��re seule veilla, pleura et pria.
II
LA RENCONTRE
Le lendemain au petit jour, H��l��ne se leva, fit deux petits paquets de provisions, les enveloppa avec le linge et les v��tements des enfants, et s'occupa de leur d��jeuner; au lieu du pain sec, qui ��tait leur d��jeuner accoutum��, elle y ajouta une tasse de lait chaud. Aussi, quand ils furent ��veill��s, lav��s et habill��s, ce repas splendide dissipa la tristesse de Jean et les inqui��tudes de Jeannot. La petite fille dormait encore.
Le moment de la s��paration arriva: H��l��ne embrassa dix fois, cent fois son cher petit Jean; elle embrassa Jeannot, les b��nit tous deux, et fit voir �� Jean plusieurs pi��ces d'argent qui se trouvaient dans la poche de sa veste.
?Ce sont les braves gens, nos bons amis de K��rantr��, qui t'ont fait ce petit magot, pour reconna?tre les petits services que tu leur as rendus, mon petit Jean. M. le cur�� y a mis aussi sa pi��ce.?
Jean voulut remercier, mais les paroles ne sortaient pas de son gosier; il embrassa sa m��re plus ��troitement encore, sanglota un instant, s'arracha de ses bras, essuya ses yeux, et se mit en route comme son fr��re le sourire sur les l��vres, et sans tourner la t��te pour jeter un dernier regard sur sa m��re et sur sa demeure.
?Je comprends, se dit-il, pourquoi Simon marchait si vite et ne se retournait pas pour nous regarder et nous sourire. Il pleurait et il voulait cacher ses larmes �� maman. Pauvre m��re! elle ne pleure pas; elle croit que je ne pleure pas non plus, que j'ai du courage, que j'ai le coeur joyeux, tout comme pour Simon. C'est mieux comme ?a; le courage des autres vous en donne: je serais triste et malheureux si je pensais que maman e?t du chagrin de mon d��part. Elle croit que je serai heureux loin d'elle.... Calme, gai m��me, c'est possible; mais heureux, non. Sa tendresse et ses baisers me manqueront trop.?
Pendant que Jean marchait au pas acc��l��r��, qu'il r��fl��chissait, qu'il se donnait du courage et qu'il s'��loignait rapidement de tout ce que son coeur aimait et regrettait, Jeannot le suivait avec peine, pleurnichait, appelait Jean qui ne l'entendait pas, tremblait de rester en arri��re et se d��solait de quitter une famille qu'il n'aimait pas, une patrie qu'il ne regrettait pas, pour aller dans une ville qu'il craignait, �� cause de son ��tendue, pr��s d'un cousin qu'il connaissait peu et qu'il n'aimait gu��re.
[Illustration: Jeannot le suivait avec peine, pleurnichait.]
?Je suis s?r que Simon ne va pas vouloir s'occuper de moi, pensa-t-il; il ne songera qu'�� Jean, il ne se rendra utile qu'�� Jean, et moi je resterai dans un coin, sans que personne veuille bien se charger de me placer.... Que je suis donc malheureux! Et j'ai toujours ��t�� malheureux? A deux ans je perds papa en Alg��rie; �� dix ans je perds maman. C'est ma tante qui me prend chez elle, la plus grondeuse, la plus maussade de toutes mes tantes. Et ne voil��-t-il pas, �� pr��sent, qu'elle m'envoie me perdre �� Paris, au lieu de me garder chez elle.
?Jean est bien plus heureux, lui; il est toujours gai, toujours content; tout le monde l'aime; chacun lui dit un mot aimable. Et moi! personne ne me regarde seulement; et quand par hasard on me parle, c'est pour m'appeler pleurard, maussade, ennuyeux, et d'autres mots aussi peu aimables.
?Et on veut que je sois gai? Il y a de quoi, vraiment! Ma bourse est bien garnie! Deux francs que le cur�� m'a donn��s! Et Jean qui ne sait seulement pas son compte, tant il en a! Tout le monde y a mis quelque chose, a dit ma tante....
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