Philippe, ��tait pour son p��re et pour son fr��re, mort, car il avait reni�� la croyance de ses a?eux...
--Les Kardigan sont grands �� mes yeux, dit noblement Madame. Ils ont plus fait que dix g��n��rations, �� eux seuls. J'ai oubli�� la chute de l'un d'eux...
--Vous l'avez oubli��e, vous, madame, parce que le coeur de Votre Altesse Royale est bon et ��lev��... mais le p��re, le vieux gentilhomme, l'anc��tre, ne l'avait pas oubli��e, lui! Il avait chass��, au m��pris des lois des temps modernes, son fils ren��gat de sa famille. Il lui avait arrach�� son nom, en lui disant: ?Les Kardigan ne te connaissent plus. Va-t'en de ma famille!? Et le fils avait ob��i. Il avait chang�� de nom... Et c'��tait lui que mon p��re voulait me faire ��pouser.
--Pauvre fille!
--Oh! oui, pauvre fille... Trop heureuse encore si mes malheurs avaient d? s'arr��ter l��. J'ai vu, au milieu de la nuit, les deux fr��res, arm��s l'un contre l'autre, l'��p��e �� la main, ne se reconnaissant pas; j'ai vu mon fianc�� tomber bless��... Je pouvais croire tous mes malheurs, toutes mes angoisses finis, car j'��tais aupr��s lui, et mon p��re ne pouvait plus me forcer d'��pouser un homme que je n'aimais pas, puisque le mari qui me destinait ��tait le fr��re de mon fianc��... Il se retirait, me laissant libre... Mon coeur s'ouvrait �� l'esp��rance et �� la joie... Libre et aimer, que pouvais-je souhaiter de plus?
Madame ��tait fort ��mue. Elle savait avec sa haute intelligence, que la vie cache des drames sombres, bien plus impressionnants que toutes les cr��ations des po?tes, mais elle ne croyait pas que rien p?t atteindre �� un pareil degr��.
--Continuez votre confession, mon enfant, dit-elle. Vous avez bien fait de ne me rien cacher. Je ne comprends pas encore comment je pourrai vous ��tre utile; mais, pour peu que ce soit possible, ou que cela d��pende de moi, je vous promets que vous ne regretterez point d'��tre venue vous jeter �� mes pieds.
Fernande saisit la main de Madame et la baisa. Une larme br?lante roula de ses yeux et tomba sur cette main.
--Allons, du courage, ch��re petite... Qu'avez-vous donc �� me demander?
--J'ai �� vous demander la vie, Altesse, et c'est pour cela que vous me voyez si ��mue.
Cette simple r��ponse remua profond��ment la Duchesse. Elle ��tait partie du coeur et la touchait au coeur.
Machinalement, elle regarda autour d'elle, et hocha tristement la t��te. On venait lui demander la vie, et l'implorer, et la supplier, le soir d'une d��faite, lorsque l'��toile de sa race semblait palir!
Ses a?eux recevaient les solliciteurs dans leur palais, resplendissant de lumi��res et de luxe, gard�� par des soldats qui portaient les plus illustres noms du royaume. Elle, elle recevait dans une humble chambre d'une ferme de village...
C'��tait, en effet, une imposante sc��ne dans sa simplicit�� que cette reine, m��re d'un roi et fille d'un roi, oblig��e de se d��guiser et de cacher ses membres d��licats sous la bure grossi��re d'un v��tement de paysan; que cette belle et jeune femme, rel��gu��e, elle la plus grande dame de France, dans une pi��ce sombre, �� peine ��clair��e d'une chandelle fumeuse, meubl��e �� la hate, et se demandant si, �� l'heure m��me, un des siens ne mourait pas obscur��ment pour la d��fendre?
Cette antith��se violente du pass�� et du pr��sent la saisit au coeur et la fit penser.
On la sollicitait donc encore, elle dont la t��te ��tait mise �� prix!
Puis ses yeux se report��rent sur la pauvre jeune fille inclin��e devant elle, et qui venait ?lui demander la vie...? Alors elle se jura int��rieurement de tout faire pour lui rendre ce bonheur perdu, et quoi qu'elle sollicitat, de ne la quitter que joyeuse et consol��e...
Fernande attendait un mot de Son Altesse pour continuer son r��cit, quand, au loin, �� travers la nuit, on entendit retentir le galop effr��n�� de plusieurs chevaux sur le pav�� de la route.
Par instants, le vent ti��de apportait le hennissement des montures. Madame ouvrit la fen��tre et appela. Un paysan se pr��senta.
--Mon gars, va �� la d��couverte... et sache qui nous arrive.
Le gars pr��ta l'oreille.
--Je le sais, Madame... c'est mon ma?tre Jean-Nu-Pieds qui revient.
--Lui! dit la princesse, et elle regarda Fernande qui chancela.
Aubin Ploguen, le lecteur l'a reconnu, se pencha vers Fernande, et lui dit, de mani��re que la princesse p?t entendre:
--Ne craignez rien, ma?tresse. Ma Tante est bonne... ayez foi en elle.
--Ah! tu connais donc ce qu'elle a �� me demander? mon gars, dit Madame avec un sourire.
--Je le sais.
--Elle te l'a racont��?
Aubin Ploguen s'inclina, puis:
--C'est moi qui lui ai conseill�� de venir, ajouta-t-il tranquillement.
--Et tu as eu raison, mon gars: elle ne s'en repentira pas.
--C'est mon opinion.
Madame se mit �� rire.
--Va dire �� ton ma?tre, reprit-elle, que je le prie de venir me trouver.
Aubin Ploguen s'��loigna de la fen��tre que la princesse referma.
--Quoi! Votre Altesse veut.. s'��cria Fernande en palissant.
--Retirez-vous au fond de
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