gants de chamois jaune paille, et d'un air si ais�� qu'il semblait n'avoir pas fait autre chose de sa vie. ?Un autre que moi, me dit-il chemin faisant, trouverait certainement ici l'occasion de vous faire de magnifiques compliments, louerait en prose et en vers votre charit��, votre sensibilit��, votre modestie; moi, je ne vous dis rien de cela, Fernande, parce que je ne suis pas ��tonn�� de vous voir pratiquer les vertus que vous avez. Manquer de douceur et de mis��ricorde serait horrible en vous; alors votre beaut��, votre air de candeur, seraient des mensonges d��testables de la nature. En vous voyant, je vous ai jug��e sinc��re, juste et sainte; je n'avais pas besoin de vous rencontrer sur le chemin d'une chaumi��re pour savoir que je ne m'��tais pas tromp��. Je ne vous dirai donc pas que vous ��tes un ange �� cause de cela, mais je vous dis que vous faites ces choses-l�� parce que vous ��tes un ange.?
Je te demande pardon de te rapporter cette conversation; tu penseras peut-��tre qu'il y a un peu de vanit�� �� te redire les douceurs que me conte M. Jacques. Et au fait, ma bonne Cl��mence, je crois bien qu'il y en a en effet. Je suis toute glorieuse de son amour; moque-toi de moi, cela n'y changera rien.
Mais n'ai-je pas raison de te rapporter tous ces d��tails, puisque tu veux conna?tre toutes les particularit��s de mon amour et tout le caract��re de mon fianc��? Tu ne me gronderas pas cette fois pour avoir ��t�� trop laconique. Je continue.
Nous arrivons donc chez la m��re Marguerite. La bonne femme fut tout ��tonn��e de se voir apporter la soupe par un beau monsieur en gants jaunes. La voil�� qui me fait ses bavardages accoutum��s, qui me demande au nez de Jacques si c'est l�� mon mari, qui fait toute sorte de voeux pour moi, qui me raconte ses maux, qui me parle surtout de son loyer qu'elle est forc��e de payer, et qui me regarde d'un air piteux, comme pour me dire que je devrais bien lui apporter quelque chose de mieux que la soupe. Moi, je n'ai pas d'argent; ma m��re n'en a gu��re et ne m'en donne pas du tout. J'��tais triste comme je le suis souvent de ne pouvoir soulager que la centi��me partie des maux que je vois. Jacques avait l'air de ne pas entendre un mot de tout cela. Il avait trouv�� sur une planche une vieille bible mang��e des rats, et il semblait la lire avec attention; tout �� coup, pendant que Marguerite parlait encore, je sens tomber doucement dans la poche de mon tablier quelque chose de lourd; j'y porte la main, j'y trouve une bourse; je ne fis semblant de rien, et je donnai �� la vieille la petite somme dont elle avait besoin.
Tout allait bien: Jacques avait l'air doux et tranquille; mais voil�� qu'en sortant j'eus la mauvaise id��e de dire tout bas �� Marguerite que le pr��sent venait de Jacques. Alors elle se mit �� lui adresser ses remerciements et ces b��n��dictions du pauvre qui sont vraiment un peu prolixes, un peu niaises, mais qu'il faut, ce me semble, accepter, puisque c'est la seule mani��re dont le pauvre puisse s'acquitter. Eh bien, sais-tu ce que fit Jacques? Il fron?a deux ou trois fois le sourcil d'un air d'impatience, et finit par interrompre la litanie de la vieille en lui disant d'un ton dur et imp��rieux: ?C'est bon; en voil�� assez!? La pauvre femme resta interdite et humili��e. Moi, je me sentis un peu d'humeur contre Jacques. Quand nous f?mes �� quelques pas de la maisonnette, je lui en fis des reproches. Il sourit, et, au lieu de se justifier, il me dit en me prenant par la main: ?Fernande, vous ��tes une bonne enfant, et moi je suis un vieux homme; vous avez raison d'aimer les ��panchements de la reconnaissance que vous inspirez, c'est un plaisir innocent qui vous engage �� pers��v��rer. Pour moi, je ne puis plus m'amuser de ces choses-l��, et elles me causent au contraire un ennui intol��rable.--Je suis dispos��e, lui dis-je, �� croire que vous avez raison en tout ce que vous faites, et je croirai volontiers que c'est moi qui ai tort; mais expliquez-vous: faites que je vous connaisse bien, Jacques, et que je n'aie jamais l'id��e de vous blamer, quelque chose qui arrive.? Il sourit encore, mais d'un air triste, et, loin de m'accorder l'explication que je lui demandais, il se borna �� me r��p��ter: ?Je vous ai dit, ma ch��re enfant, que vous aviez raison, et que je vous aimais ainsi.? Ce fut tout. Il me parla d'autre chose, et, malgr�� moi, je restai triste et inqui��te tout ce jour-l��.
Voil�� comme il est souvent; il y a en lui des choses qui m'effraient, parce que je ne
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