Jacques Cartier | Page 7

Émile Chevalier
encore il est, je crois, facile de reconstruire par la pens��e cette enceinte primitive, qui devait ��tre circonscrite par les rues actuelles du Boyer, Sainte-Anne, Saint-Beno?t, Danican et une partie de la rue consacr��e �� la m��moire de ce Porcon de la Babinais, que M. Cunat qualifie si proprement de Regulus malouin.
Quoi qu'il en soit, favoris�� par la bont�� de son port et son heureuse situation �� l'embouchure de la Rance, Saint-Malo, qui avait ��t�� baptis�� du nom de son premier ��v��que, cr?t rapidement en grandeur, en prosp��rit�� sous la domination et la juridiction cl��ricales.
?Grace, dit son historien, �� la modicit�� du prix exig�� par les seigneurs eccl��siastiques pour accorder ce que l'on a appel�� depuis cong�� d'amiral, le commerce maritime prit bient?t de l'extension.? D��s le milieu du treizi��me si��cle, les Malouins allaient en course et m��ritaient le titre de troupes l��g��res de la mer; en 1241, ils s'associaient �� la Ligue ans��atique; sous saint Louis, ils prenaient une part active aux Croisades; puis ils se lan?aient vaillamment, opiniatrement dans cette lutte sanglante qui, pendant pr��s de deux cents ans, d��sola la France et l'Angleterre.
Plusieurs fois assi��g��e, prise et saccag��e durant ces guerres formidables, la ville de Saint-Malo ne d��veloppa pas moins sa population, sa richesse, sa puissance. Tandis que le pavillon britannique flottait sur Paris et sur toutes les forteresses normandes, le cardinal-��v��que Guillaume de Montfort arma quelques nefs �� Saint-Malo, battit et dispersa la flotte anglaise qui bloquait le Mont-Saint-Michel. En r��compense de cette victoire, Charles VII rendit, le 6 ao?t 1425, un d��cret par lequel les vaisseaux malouins seraient exempts pendant trois ann��es de toute imposition dans les ports soumis �� la couronne.
Cet ��dit et les lettres de franchise accord��es par le duc Fran?ois Ier de Bretagne, en 1446 et 1447, aux habitants de Saint-Malo furent tr��s-avantageux au commerce. Aussi l'agrandissement de la ville n��cessita-t-il bient?t des fortifications nouvelles.
Suivant une tradition, dont l'autorit�� me para?t suspecte, les Malouins ��tendaient d��j�� si loin leurs excursions maritimes que, d��s 1492, l'ann��e m��me de l'arriv��e de Colomb dans la mer des Antilles, ils auraient, ?de concert avec les Dieppois et les Biscayens,? d��couvert l'?le de Terreneuve et quelques c?tes du bas-Canada. A cette ��poque, cependant, les navigateurs de Saint-Malo s'��taient acquis une notori��t�� rare, et leur havre passait pour l'un des plus consid��rables du continent.
Deux ans plus tard, le 31 d��cembre 1494, naissait
Jacques Cartier, le futur explorateur du Saint-Laurent--le h��ros de ce r��cit.
Saint-Malo, dont la population monta (en 1700) jusqu'�� pr��s de 20,000 ames, intra muros, et dont les relations se prolongeaient dans toutes les mers connues; Saint-Malo qui, avant la paix honteuse de 1763, avait, en quatre ann��es, arm�� 40 navires pour les Antilles, 33 pour la c?te de Guin��e, 438 pour Terreneuve et le Canada, non compris de nombreuses exp��ditions pour les Grandes-Indes et la Chine; Saint-Malo, �� pr��sent d��chu de sa splendeur, et dont, le vaste port, �� demi d��sert, les somptueux batiments abandonn��s et noircis par le temps, semblent en deuil de la vie absente, de leurs h?tes disparus; Saint-Malo, dont le recensement donne �� peine aujourd'hui 10,000 habitants, ��tait tout aussi peupl��, mais bien autrement anim��, bien autrement affair�� au milieu du seizi��me si��cle.
Que, sous le rapport du pittoresque, du l'��l��gance, la ville de la Renaissance ou du moyen age e?t paru a un po��te, sup��rieure �� la ville moderne! Malgr�� ses quais magnifiques, ses superbes remparts, sa Bourse, son Intendance, ses monumentales constructions rectilignes, de la d��funte Compagnie des Indes, sur les rues de Chartres et d'Orl��ans, ses hautes maisons du temps de Louis XV, son beau chantier de marine, son m?le des Noirs, les bassins grandioses qu'on a substitu��s �� son havre de mar��e, malgr�� son Casino, ses bains de mer, malgr�� m��me son railroad,--celle-ci peut faire regretter celle-l��, avec ses gr��ves abruptes, ses ruelles escarp��es, h��riss��es ?a et l�� d'escaliers branlants; ses places ��troites, mais bigarr��es de gens de toutes les nations, ses batisses multiformes, aux ��tages surplombant, aux pignons aigus, ornement��s, aux vitraux de couleur; et ses nombreuses tours, et ses d?mes, et ses clochers, et ses campanilles, et ses pyramides ��gar��es dans les nues, et, en un mot, le mouvement qui, du matin au soir, r��gnait �� l'int��rieur comme au dehors des murs.
Qu'est-elle devenue, cette noble cath��drale, commenc��e par les picoteurs al��thiens vers le huiti��me si��cle? Qu'en subsiste-t-il? Un tron?on, avec un m��chant portail, relev�� sous Louis XIII ou Louis XIV. O�� sont aussi ces trois gigantesques colonnes-phares, surmont��es de fl��ches effil��es, qui se dressaient fi��rement pr��s de cette basilique? O�� l'��glise des R��collets avec son clocheton ouvr�� en dentelle? Ou l'h?pital Saint-Thomas et ses gothiques arceaux? O�� ce vaste couvent des B��n��dictins dont la chapelle, dans le style byzantin, ��tait un chef-d'oeuvre d'architecture? O�� encore le joli moutier des religieuses du Calvaire? O�� donc enfin le palais ��piscopal,
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