qui rivalisait, disait-on, de luxe, de somptuosit�� avec celui de Rennes?
De tous ces ��difices, si remarquables �� un titre ou �� un autre, il ne reste plus �� cette heure que l'��glise Saint-Sauveur. Encore n'a-t-elle rien conserv�� des admirables sculptures qui faisaient autrefois son orgueil et y attiraient la foule des visiteurs.
Mais si Saint-Malo a vu tomber en poussi��re tous ses vieux monuments, il en a ��t�� un peu partout de m��me; et non pour le malheur de l'humanit��. Si attrayant que soit le tableau r��trospectif de leurs beaut��s d��truites, il ne doit point nous faire pleurer le pass�� et calomnier le pr��sent. Notre age vaut d��cid��ment, forc��ment et NATURELLEMENT mieux que ceux qui l'ont pr��c��d��: de m��me ses successeurs vaudront mieux que lui, car la loi du progr��s nous emporte. Les arts produits d��licats du sentiment contemplatif et extatique ont c��d�� le pas aux arts fruits de la civilisation industrielle; l'utile a succ��d�� �� l'agr��able, l'application pratique �� l'application id��ale. Le droit du plus grand nombre s'est impos�� aux pr��tentions de la minorit��. Saint-Malo y a perdu peut-��tre; mais combien d'autres y ont gagn��!
Soyons juste et v��ridique, d'ailleurs: Saint-Malo poss��de encore, valide et mena?ant, son fort chateau f��odal, que nous aurons bient?t l'occasion de d��crire, et qu'on achevait d'��difier en 1534, au moment o�� commence notre narration.
A cette ��poque, vis �� vis du chateau, �� quelques pas du pont-levis qui en garde l'entr��e et ?jouxte l'hospital Saint-Thomas,? dit un document du temps, devant l'h?tel de Chateaubriand, m��tamorphos��, h��las! aujourd'hui en une auberge, l'H?tel de France, on voyait une maison de bois entrecrois��s et de moellons, d'un seul ��tage, projet�� �� au moins deux pieds en avant sur le rez-de-chauss��e. Cette maison, vieillotte, ratatin��e, p��chant quelque peu contre les lois de l'��quilibre, mais proprette au dehors comme au dedans, avait trois entr��es: l'une, la principale, sur une petite place, ombrag��e d'arbres, en face du chateau; les deux autres devant l'h?tel de Chateaubriand. Rien ne la distinguait de la g��n��ralit�� des habitations de Saint-Malo. Comme la plupart, elle ��tait couverte en tuiles rouges, courbes, et ses portes et les volets de ses fen��tres �� guillotine ��taient bard��s de fortes plaques de t?le, assujetties sur les panneaux au moyen de boulons en fer riv��s. Seulement, l'une de ses portes de derri��re s'ouvrait sur un perron, abrit�� par un appentis que supportaient deux colonnettes, et auquel montait un escalier en ��querre, de quelques marches, muni d'une rampe en pierre pleine. Ce perron servait, pour ainsi dire, de vestibule aux appartements de l'��tage sup��rieur.
C'est dans cette maison qu'��tait n�� Jacques Cartier; c'est l�� qu'il vivait avec sa femme, Catherine Desgranches, fille de Jacques Desgranches, ?conn��table de la ville et cit�� de Saint-Malo;? c'est �� que nous le trouverons dans la soir��e du dimanche 19 avril 1534.
Quoiqu'on soit au printemps, le froid est p��n��trant au dehors; il tombe une pluie fine et glaciale.
Soulevons le lourd marteau de bronze, �� t��te de lion, pos�� �� la porte du rez-de-chauss��e, et entrons sans fa?on dans cette hospitali��re demeure, o�� l'��tranger honn��te est toujours s?r de trouver franc accueil.
Descendant une marche, nous voici dans une longue et large salle basse: tout y annonce le s��jour habituel du marin. C'est qu'en effet, fils de marin, Jacques Cartier est marin lui-m��me. Si son p��re fut l'un des riches armateurs de Saint-Malo, Jacques a encore augment�� le patrimoine qu'il lui a laiss��. Mais, fid��le aux anciennes coutumes, il ne d��daigne ni le lieu o�� il poussa son premier vagissement, ni les habitudes de ses a?eux. Dans cette salle enfum��e, aux solives noires comme le charbon, dans cette salle dall��e, o��, en plein midi, le jour filtre parcimonieusement �� travers des vitres verdatres, enchass��es dans des losanges de plomb, vous remarquez des filets, des instruments de p��che, des avirons, des ancres, des armes rang��s ?a et l�� ou accroch��s �� la muraille, ou suspendus au plafond. Une table massive, carr��e, luisante, en bois bruni par l'age et flanqu��e de deux bancs solides �� d��fier la pesanteur d'un Gargantua, occupe tout le milieu de la pi��ce et r��fl��chit les capricieuses clart��s r��verb��r��es par une large et profonde chemin��e, dans laquelle, sur un atre plus ��lev�� que le sol de la pi��ce, flamboient, en p��tillant avec bruit, deux troncs de chataignier, couch��s horizontalement l'un contre l'autre. De l��, ces rayons fantastiques vont se r��fl��chir sur une immense vaisseli��re, charg��e de bassines en cuivre et de fa?ences colori��es qui renvoient la lumi��re jusqu'au fond de la salle o�� l'on distingue un lit monumental. Ce lit ressemble �� une armoire sans battants; ses ��paisses cloisons sont couvertes de sculptures, aux ar��tes desquelles se joue la lumi��re, qui vient mourir enfin par l'ouverture de l'alc?ve, en jetant un dernier reflet sur un grand Christ d'ivoire, fix�� au fond et dont l'aspect, dans cette p��nombre flottante, impose ��
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