Ida et Carmelita | Page 8

Hector Malot
moins il vous prouvera que je suis franche. Et puis ce d��sir n'est-il pas bien justifiable, apr��s tout? Je suis enferm��e dans cet h?tel; ma m��re est emp��ch��e de sortir par sa maladie, mon oncle est retenu par son horreur de la fatigue et de la marche. Moi, qui ne suis pas malade et qui n'ai pas horreur de la marche, j'ai envie de voir ce qu'il y a derri��re ces rochers qui se dressent du matin au soir devant mes yeux comme des points d'interrogation. N'est-ce pas tout naturel? Et voil�� pourquoi je veux vous demander de vous accompagner quelquefois. Voil�� ma pri��re. Enfin voil�� comment j'ai ��t�� amen��e �� pousser ce verrou.
--Je vous ai dit que d'avance ce que vous souhaitiez serait fait, je ne puis que vous le r��p��ter. Maintenant, quand vous pla?t-il que nous entreprenions cette promenade?
--Oh! ce n'est pas ainsi que les choses doivent se passer. Le grand grief de mon oncle, ?a ��t�� que je venais me jeter �� travers vos projets d'une fa?on importune et g��nante. Si demain matin je lui dis que je pars avec vous pour cette promenade, il comprendra que son discours n'a pas ��t�� tr��s efficace, et il le recommencera en l'accentuant. Le moyen d'��chapper �� ce nouveau discours, c'est que vous demandiez vous-m��me �� mon oncle de me faire faire cette promenade; comme cela, il ne pourra plus parler de mon importunit��. Le voulez-vous?
Il fut convenu que, la lendemain matin, le colonel adresserait sa demande au prince.
Carmelita, ordinairement impassible comme si elle ��tait insensible �� tout, se montra radieuse.
--Maintenant, dit-elle, je ne veux pas abuser plus longtemps de votre hospitalit��. Bonsoir, voisin; �� demain.
Et, apr��s lui avoir tendu la main, elle rentra dans sa chambre.
Mais presque aussit?t rouvrant la porte:
--Comment! dit-elle, vous n'avez pas tourn�� la clef?
--Mais....
--Mais il le faut, de m��me qu'il faut que je pousse le verrou pour mon oncle.
Le lendemain matin, il adressa au prince Mazzazoli sa demande ou plut?t la demande de Carmelita.
--C'est cette grande enfant, s'��cria le prince, qui j'en suis certain, vous a tourment�� pour vous accompagner dans vos excursions?
--Elle a manifest�� le d��sir de parcourir la montagne, et je suis heureux de me mettre a sa disposition.
--Vous ��tes heureux d'aller o�� bon vous semble, librement voil�� qui est certain, et c'est bien assez que nous soyons venus vous chasser de votre appartement, sans encore vous prendre votre libert��. Excusez-la, je vous prie; elle n'a pas pris garde �� ce qu'elle vous demandait.
--Refusez-vous de me la confier?
--Je refuse de vous ennuyer.
L'entretien ainsi engag�� ne pouvait finir que par la d��faite du prince.
Un quart d'heure apr��s, Carmelita ��tait pr��te �� partir: elle avait rev��tu un costume bizarre: une robe courte, serr��e �� la taille par un ceinturon de cuir et modulant sa taille et ses ��paules; aux pieds, des souliers pris dans les gu��tres; sur la t��te un petit chapeau de feutre, sans plumes, mais avec un voile gris flottant au vent; �� la main, une longue canne.
--M'acceptez-vous ainsi? dit-elle en posant sur lui ses grands yeux clairs. Je vous promets de vous suivre sans demander grace, et de passer partout o�� vous passerez; le pied est solide et je ne sais pas ce que que c'est que le vertige.
Ils partirent sans qu'il pensat �� se demander comment, en un quart d'heure, elle avait pu improviser ce charmant costume de montagne, qui ��tait un vrai chef-d'oeuvre longuement m��dit�� par l'illustre Faugeroles, et sans qu'il se dit qu'il ��tait assez ��trange, alors qu'elle ne devait pas faire d'excursion, qu'elle e?t dans ses bagages des objets aussi peu appropri��s �� une toilette ordinaire que des gu��tres et une canne.
--Et o�� vous pla?t-il que nous allions? demanda-t-il apr��s avoir march�� pendant quelques minutes pr��s d'elle.
--Mais o�� vous voudrez, dans la montagne, droit devant nous. Quand vous viendrez, dans l'Apennin, si jamais vous nous faites le plaisir de nous visiter �� Belmonte, je vous guiderai; ici guidez-moi vous-m��me, car je ne connais rien. Tout ce que je d��sire, c'est aller le plus loin possible, le plus haut que nous pourrons monter.
Ils quitt��rent bient?t le chemin pour prendre un sentier qui courait sur le flanc de la montagne en c?toyant le ravin et en coupant �� travers des paturages et des bois de sapins.
Personne dans ce sentier, personne dans les bois; sur les pentes des paturages, quelques vaches qui paissaient l'herbe verte ou qui venaient boire �� des auges creus��es dans le tronc d'un pin et qui, en marchant lentement, faisaient sonner leurs clochettes.
Ils avan?aient, c?te �� c?te, et quand le sentier devenait trop ��troit pour deux, il prenait la t��te, se retournant alors de temps en temps pour voir si elle le suivait.
Elle marchait dans ses pas, sur ses talons, et quand un filet d'eau rendait les pierres du sentier glissantes, il n'avait qu'�� ��tendre le bras
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