Ida et Carmelita | Page 7

Hector Malot
plusieurs heures ainsi en face l'un de l'autre.
--Est-ce qu'il y a des chemins de voiture pour aller sur les flancs de cette montagne? demanda Carmelita en rentrant �� l'h?tel et en montrant du bout de son ombrelle les pentes bois��es du mont Cubli.
--Non, r��pondit le colonel; il n'y a que des sentiers pour les pi��tons.
--Ne me demande pas de t'accompagner, dit le prince; tu sais que les ascensions sont impossibles pour moi.
--Oh! quand je voudrai faire cette promenade, ce ne sera pas �� vous que je m'adresserai, mon cher oncle, dit-elle en riant; ce sera au colonel.

III
Le colonel, le lendemain matin, ��tait parti en excursion de mani��re �� n'��tre pas expos�� �� refuser Carmelita, ce qui ��tait presque impossible, ou �� l'accompagner, ce qui n'��tait pas pour lui plaire dans les conditions morales o�� il se trouvait pr��sentement.
Il resta absent pendant deux jours, et ne revint qu'assez tard dans la soir��e, bien d��cid�� �� repartir le lendemain matin. Il n'y avait pas deux minutes qu'il ��tait dans sa chambre, lorsqu'il entendit frapper deux ou trois petits coups �� la porte cloison; en m��me temps une voix,--celle de Carmelita--l'appela:
--Vous rentrez?
--A l'instant.
--Vous avez fait bon voyage?
--Tr��s bon, je vous remercie.
--Est-ce que vous ��tes mort de fatigue?
--Pas du tout.
--Ah! tant mieux. Est-ce que la porte est condamn��e de votre c?t��!
--Elle est ferm��e �� clef.
--Et vous avez la clef?
--Elle est sur la serrure.
--De sorte que, si vous voulez, voue pouvez ouvrir cette porte?
--Mais pas du tout; il y a un verrou de votre c?t��?
--Je sais bien. Je dis seulement que, si vous voulez tourner la clef en m��me temps que je pousse le verrou, la porte s'ouvre.
--Parfaitement.
--Eh bien! alors, si vous n'��tes pas mort de fatigue, vous pla?t-il de tourner la clef? moi, je pousse le verrou.
Carmelita apparut, le visage souriant, la main tendue:
--Bonsoir, voisin, dit-elle.
--Bonsoir, voisine.
Et ils rest��rent en face l'un de l'autre durant quelques secondes.
--Ma m��re est endormie, et son premier sommeil est ordinairement difficile �� troubler; cependant, en parlant ainsi �� travers les cloisons, nous aurions pu la r��veiller. Voil�� pourquoi je vous ai demand�� d'ouvrir cette porte.
Elle ne montrait nul embarras et paraissait aussi �� son aise dans cette chambre qu'en plein jour, au milieu d'un salon.
--Depuis plus d'une heure je guettais votre retour, dit-elle, et je croyais d��j�� qu'il en serait aujourd'hui comme il en avait ��t�� hier.
--Hier j'ai ��t�� surpris par la nuit �� une assez grande distance, et je n'ai pas pu rentrer.
--Et o�� avez-vous couch��?
--Sur un tas de foin dans un chalet de la montagne.
--Mais c'est tr��s amusant, cela.
--Cela vaut mieux que de coucher �� la belle ��toile, car les nuits sont fra?ches dans la montagne; mais il y a quelque chose qui vaut encore beaucoup mieux qu'un tas de foin, c'est un bon lit.
--Vous aimez ces courses dans la montagne.
--J'aime la vie active, la fatigue; ces courses me d��lassent de la vie s��dentaire que j'ai men��e en ces derniers temps.
--Ah! vous ��tes heureux.
Comme il ne r��pondait pas, elle continua:
--J'entends que vous ��tes heureux de faire ce que vous voulez, d'aller o�� vous voulez, sans avoir �� consulter personne. Savez-vous que depuis que je ne suis plus une toute petite fille, je n'ai pu faire un pas sans la permission de mon oncle, et il faut dire que presque toutes les fois que je lui ai demand�� d'aller �� gauche il m'a permis d'aller �� droite.
Elle s'avan?a dans la chambre, et, prenant une chaise, elle s'assit.
--Je vous donne l'exemple, dit-elle, car je ne veux pas tenir sur ses jambes un homme qui a march�� toute la journ��e.
Il s'assit alors pr��s d'elle, assez intrigu�� par la tournure que prenait cet entretien bizarre.
--Quel but pensez-vous que j'aie eu en vous priant d'ouvrir cette porte? demanda-t-elle.
--Dame!... je n'en sais rien... �� moins que ce ne soit pour causer un instant.
--Vous n'y ��tes pas du tout: j'ai une pri��re �� vous adresser.
--A moi?
--Et qui me rendra tr��s heureuse si vous ne la repoussez point.
--Alors il est entendu d'avance que ce que vous souhaitez sera fait.
--Non, rien �� l'avance: ��coutez-moi d'abord, et puis, selon que ce que je vous demanderai vous plaira ou ne vous plaira point, vous me r��pondrez. Vous souvenez vous d'un mot que j'ai dit l'autre jour, �� notre retour de notre promenade en voiture?
--A propos de quoi ce mot?
--A propos d'une excursion dans la montagne.
--Parfaitement.
--Eh bien! ce mot m'a valu une vive remontrance de mon oncle, et, quand je dis remontrance, c'est pour ne pas employer une expression plus forte. Cependant cela ne m'a pas fait renoncer �� mon id��e, et plus mon oncle m'a dit que j'avais commis une sottise et une inconvenance en manifestant le d��sir de vous accompagner dans une de vos excursions, plus ce d��sir a ��t�� ardent. Cet aveu va peut-��tre vous donner une assez mauvaise id��e de mon caract��re, mais au
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