qu'elle a perdu il y a un
demi-siècle.
[Note 7: L'Art Japonais, par GONSE. Paris, Quantin, 1883.]
[Note 8: Hokousaï a pour précurseur Matahei au XVIIe siècle.]
[Note 9: Voir les articles de Burty et de Duret.]
Oui, ce qui fait d'Hokousaï l'un des artistes les plus originaux de la terre:
c'est cela qui l'a empêché de jouir de la gloire méritée pendant sa vie, et
le DICTIONNAIRE DES HOMMES ILLUSTRES DU JAPON
constate que Hokousaï n'a pas rencontré près du public la vénération
accordée aux grands peintres du Japon, parce qu'il s'est consacré à la
représentation de la Vie vulgaire[10], mais que, s'il avait pris la
succession de Kano et de Tosa, il aurait certainement dépassé les Okiyo
et les Bountchô.
[Note 10: Je me conforme à la traduction consacrée, mais Oukiyô yé
serait plutôt traduisible par: la vie courante, la vie telle qu'elle se
présente rigoureusement aux yeux du peintre.]
II
Hokousaï[11] est né le dix-huitième jour du premier mois de la dixième
année de Hôréki, le 5 mars 1760.
[Note 11: Les Japonais mangent le ou du nom et le prononcent Hok'saï.
Maintenant encore, les Japonais aspirent très fort l'H du
commencement du nom du peintre, et il faudrait peut-être, pour
conserver au nom l'aspiration de là-bas, redoubler l'H, mais ce serait
changer trop complètement l'orthographe à laquelle le public français
est habitué.]
Il est né à Yédo, dans le quartier Honjô, quartier de l'autre côté de la
Soumida, touchant à la campagne, quartier affectionné par le peintre et
qui lui a fait un temps signer ses dessins: le paysan de Katsoushika,
--Katsoushika étant le district de la province où se trouve le quartier
Honjô.
D'après le testament de sa petite fille Shiraï Tati, il serait le troisième
fils de Kawamoura Itiroyémon qui, sous le nom de Bounsei, aurait été
un artiste à la profession inconnue. Mais, vers l'âge de quatre ans,
Hokousaï, dont le premier nom était Tokitaro, était adopté par
Nakajima Issé, fabricant de miroirs de la famille princière de
Tokougawa: adoption qui lui faisait faussement donner pour père ce
Nakajima Issé.
Hokousaï, encore garçonnet, entrait comme commis de librairie chez un
grand libraire de Yédo où, tout à la contemplation des livres illustrés, il
remplissait si paresseusement et si dédaigneusement son métier de
commis qu'il était mis à la porte.
Ce feuilletage des livres illustrés du libraire, cette vie dans l'image,
pendant de longs mois, avait fait naître chez le jeune homme le goût, la
passion du dessin, et nous le trouvons vers les années 1773, 1774,
travaillant chez un graveur sur bois, et en 1775, sous le nouveau nom
de Tétsouzô, gravant les six dernières feuilles d'un roman de Santchô.
Et le voilà graveur jusqu'à l'âge de dix-huit ans.
III
En 1778, Hokousaï, alors dit Tétsouzô, abandonne son métier de
graveur, ne consent plus à être l'interprète, le traducteur du talent d'un
autre, est pris du désir d'inventer, de composer, de donner une forme
personnelle à ses imaginations, a l'ambition de devenir un peintre. Et il
entre à l'âge de dix-huit ans dans l'atelier de Shunshô où son talent
naissant lui mérite un nom: le nom de Katsoukawo Shunrô sous lequel
le maître l'autorise à signer ses compositions représentant une série
d'acteurs, dans le format en hauteur des dessins de comédiens de
Shunshô son maître, et où commence à apparaître chez le jeune Shunrô
un rien du dessinateur qui sera plus tard le grand Hokousaï.
Et, avec la persévérance d'un travail entêté, il continue à dessiner et à
jeter dans le public, jusqu'en 1786, des compositions portant la
signature de Katsoukawo Shunrô ou simplement Shunrô.
Les compositions de ces années d'Hokousaï, ainsi que les premières
compositions d'Outamaro, étaient gravées dans des petits livres à cinq
sous, ces livres populaires, au tirage en noir, à la couverture jaune, d'où
ils tirent leur nom: Kibiôshi, LIVRES JAUNES.
Le premier livre jaune qu'il illustrait, en 1781, à l'âge de vingt et un ans,
était un petit roman en trois volumes, intitulé: Arigataï tsouno itiji,
GRÂCE À UN MOT GALANT, TOUT EST PERMIS, roman que ni
Hayashi, ni les biographes du peintre japonais n'ont rencontré, et dont
le texte, à l'époque de la publication, a été attribué à Kitao Masanobou,
plus tard le célèbre romancier Kiôdén, tandis que le texte et les dessins
sont d'Hokousaï qui avait publié cette plaquette sous le pseudonyme de
Koréwasaï, sobriquet signifiant: «Est-ce cela?» le refrain d'une
chansonnette du temps.
L'année suivante, en 1782, Hokousaï publie les COURRIERS DE
KAMAKOURA, deux fascicules dont il fait le texte et les dessins et
qu'il présente au public sous le nom de Guioboutsou pour le texte, et de
Shunrô pour les dessins.
C'est le récit d'un fait historique, d'une tentative au XVIIe siècle du
renversement du troisième shôgoun par Shôsétsou. Et l'on voit, dans la
succession
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.