portait la t��te et tenait le cou �� deux mains...
Et ils s'enfuyaient dans la direction du parc, avec leur fardeau ballott��, cahot��, tressautant.
Qu'auriez-vous fait? Ce que je fis.
Je courus apr��s eux. Mais, bast! ces jambes-l�� ��taient de fer; je les vis, longtemps, bondissant �� travers les rues, les squares, les avenues, l'emportant, lui,--et avec lui mon secret,--et je dus m'arr��ter, haletant, ��puis��, soufflant et m'appuyant les deux mains au c?t��... Ils ��chapp��rent �� ma vue.
VI
Voyons. Me voici chez moi, bien calme, bien repos��. Il faut que je r��fl��chisse.
Quel est mon point de d��part? Ah! j'y suis... Six heures. Cette heure a un sens, ce moment a une influence. Sur qui? Sur Golding, ceci est acquis.--Et remarquons-le--une influence ind��pendante de sa propre volont��. La preuve, c'est qu'�� six heures moins deux minutes, il dormait.
Seconde question.--Comment a-t-il eu conscience de l'heure, alors que le narcotique--car j'avoue mon subterfuge--agissait sur son syst��me nerveux?
Avez-vous remarqu�� ceci? Vous vous ��tiez dit, en vous couchant: demain, il faut que je me r��veille �� cinq heures du matin. Et �� cinq heures juste, n'ayant aupr��s de vous que votre montre qui ne sonne pas, vous vous r��veillez en sursaut. Il faut donc que votre cerveau ait ��t�� mont��--par le fait de votre intention--de telle sorte qu'un mouvement monitoire se produis?t juste �� l'heure dite. Cet effet est ��videmment de m��me nature: oui, c'est cela. Dans ce corps engourdi, il y eut--par habitude de volont��--d��tente r��flexe d'un ressort �� six heures juste. Et la machine excit��e se mit tout enti��re en motion, comme lorsque vous touchez le balancier d'une pendule et que le reste du m��canisme se trouve entra?n�� par cet effort.
Donc, quand je disais tout �� l'heure--influence _ind��pendante de sa volont��--je me trompais, c'est �� la persistance latente_ de cette volition, devenue instinctive par l'habitude, qu'il faut attribuer cette mise en action.
Consid��rons donc ces deux points comme prouv��s: six heures, temps fixe o�� quelque chose doit ��tre fait par Golding, et ne peut pas _ne pas ��tre fait_--puis, en second lieu, excitation c��r��brale provenant de l'habitude, habitude d��termin��e dans le principe par un acte de volont��.
Un jour, il s'est dit: ?Tous les jours, �� six heures, je ferai cela.? Et au bout d'un certain temps, il n'a plus ��t�� n��cessaire pour lui d'avoir recours �� l'acte coercitif de la volont��. La volont�� a ��t�� rel��gu��e au second plan. Aujourd'hui, le voul?t-il, il ne pourrait s'abstenir de faire ce quelque chose.
--Je ferai cela!--a dit Golding. Cela, c'est x.
Quels sont les autres ��l��ments du probl��me?
Deux gentlemen, ob��issant �� la m��me pr��occupation... N'allons pas si vite. Est-ce bien l�� la v��rit��, et ne fais-je pas fausse route? M��me pr��occupation? Non, une m��me pr��occupation aurait d��termin�� chez eux un effort dans le m��me sens. C'est-��-dire, qu'eux aussi, ils auraient voulu aller quelque part. Lui voulait sortir de chez moi, eux voulaient y entrer. Il n'y a pas identit�� de volition, mais, au contraire, contradiction d'effort. D'autre part, ils voulaient se rencontrer,--d'o�� tendance �� un point d'intersection.
Prenons deux points math��matiques A et B, pla?ons-les comme ceci:
A................................. B
A, c'est Golding, qui tendait ��videmment vers B, et qui tend l�� chaque jour, �� six heures. Donc habitude de la part de B d'��tre touch��, chaque soir (�� une heure que nous ne pourrions d��terminer qu'en connaissant la distance de A �� B), par la ligne partant de A. Habitude d'��tre touch�� par cette ligne implique, de la part de B, tendance �� aller au-devant de A.
Alors B--que nous admettons anim��, puisque cette id��e se d��gage que B est repr��sent�� par les deux gentlemen--en raison de cette tendance �� sentir A pr��s de lui--B, dis-je, s'est peu �� peu rapproch�� de A...; un obstacle mat��riel s'est oppos�� �� la r��union des deux termes du probl��me; mais la double tendance agissant continuellement, A et B ont tendu l'un vers l'autre �� travers ma porte... et lorsque j'ai ouvert ma porte, B double de A, l'a entra?n�� au point o�� ils eussent d? se trouver depuis longtemps... si je n'avais invit�� Golding �� luncher avec moi.
Je repasse soigneusement mes d��ductions. Elles sont justes.
Occupons-nous maintenant de la conclusion, qui servira de base �� mes recherches ult��rieures.
VII
Cette conclusion, la voici, telle qu'elle sort tout arm��e de mon cerveau.
Golding doit tous les soirs aller retrouver les deux gentlemen. Il ne peut s'en dispenser. Eux de leur c?t�� ne peuvent rester s��par��s de Golding.
Et cela ne d��pend pas d'un caprice, d'une fantaisie de vieillards: il y a plus que d��sir, plus qu'habitude, il y a n��cessit��. Ce n'est pas une liaison qui existe entre ces trois hommes, c'est un lien, plus serr�� que le noeud d'Alexandre, et l'��p��e s'��mousserait sur lui. Une pareille amiti��, fatale, involontaire, n'a qu'un nom. J'h��site �� le prononcer... elle s'appelle (bast! personne ne lira ceci) complicit��!
VIII
Le lendemain, de bonne heure, j'��tais chez Golding. Je ne vous
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