cess�� d'agir.
Il avait travers�� la salle o�� nous avions lunch��, ouvert la porte; il descendait l'escalier.
Oui, mais s'il s'en va! Eh bien! apr��s, que saurai-je? le suivre, c'est banal. Il me semble qu'il y a mieux �� faire. Maintenant, je ne doute plus. Il y a un secret, ce secret est mon bien, ma proie, il ne faut pas qu'il m'��chappe...
Une id��e infernale traverse mon cerveau. Si je l'enfermais! je rentrerai tard, je lui dirai qu'il s'��tait endormi, que j'ai cru devoir respecter son sommeil.
Et comme ces pens��es ��taient ��closes en moi en une seconde, je me trouvai dehors, et je fermai la porte �� double tour.
Il ��tait enferm��. Et toutes les voix de la ville, comme dans un appel d��sesp��rant, r��p��taient: Une, deux, trois, quatre, cinq, six... cinq, six... cinq, six.
Moi, je courus �� une petite fen��tre basse par laquelle je pouvais plonger �� l'int��rieur. Je vis vraiment un spectacle bizarre.
Me Golding ��tait appuy�� contre la porte, non comme un homme ivre, mais dans l'attitude d'un homme qui marche. Les jambes se levaient, l'une apr��s l'autre, en cadence, sans temps d'arr��t: comprenez-vous cela? Il allait sans bouger. Le visage coll�� contre la porte, il tendait _en avant_ comme s'il e?t fait une course rapide, et, en r��alit��, il piaffait sur place.
Je ne sais pourquoi cela me sembla d��mesur��ment grotesque. Je partis d'un violent ��clat de rire, et...
III
--��videmment, il sera tomb�� de fatigue! dis-je �� demi-voix.
Mon partner posa son cigare sur le rebord de la table, lan?a dans le foyer un long jet de salive brune et r��pondit:
--J'invite �� coeur, et vous coupez! par la mort diable! cela devient intol��rable.
Ceci se passait au National-Club.
Au moment o�� j'avais ri si intempestivement, une main s'��tait pos��e sur mon ��paule, et une voix bien connue m'avait propos�� un tour au club. J'avais h��sit��. Fallait-il le laisser, lui? Et puis, je m'��tais dit qu'apr��s tout la porte ��tait solide, que mon excuse serait toujours bonne et qu'il ��tait comique de le laisser pendant quelques heures livr�� �� lui-m��me. C'est ainsi qu'��tant �� l'Athenaeum, j'aimais �� corser les probl��mes d'arithm��tique que nous proposait le professeur, en y ajoutant quelque combinaison inconnue.
Ces deux, trois, quatre heures--qui sait?--pouvaient faire jaillir un x nouveau. Cette id��e me s��duisit et je suivis le capitaine au club; l��, j'acceptai une partie de whist.
Mais en d��pit de tous mes efforts, je n'avais pu parvenir �� abstraire ma pens��e, et chaque carte qui tombait me semblait correspondre �� l'un des pas de l'homme.
Si par hasard il parvenait �� ouvrir ma porte, s'il s'enfuyait... tout ��tait perdu. Car, ce que je voulais avant tout, c'est qu'il ne p?t pas aller l�� o�� il allait d'ordinaire. Je voulais d��ranger cette machine, briser un engrenage, affoler la roue.
--Mais non, je n'ai rien �� craindre.
--�� vous la donne, capitaine.
--Oui, mais tonnerre, ne jouez pas de singleton aussi maladroit.
Il a raison, le capitaine, je joue mal. Mais il ne sait pas, lui, ce qui me pr��occupe. D'abord nul ne le saura. Est-ce que je voudrais partager mon secret avec quelqu'un? Mon secret! car il est bien �� moi. Je l'ai fait lever comme un gibier, et seul, j'ai la piste.
Certes, je sens en moi un immense d��sir: ?Si vous saviez!? ou bien encore: ?Je pourrais vous raconter quelque chose!? Des phrases pleines de r��ticences viennent �� mes l��vres, quand ce ne serait que pour avoir le plaisir de m'arr��ter quand je le voudrais, et de donner la preuve de ma discr��tion. Il serait bon d'indiquer que j'ai la propri��t�� d'un secret, que nul ne partage, ni ne partagera que si cela me pla?t.
Mais ces mots qui br?lent mes l��vres, je ne les prononcerai pas...
D'ailleurs, pourquoi ne puis-je pas chasser le souvenir? Le jeu m'int��resse, la fiche est �� dix dollars... Voyons! faisons un pacte avec moi-m��me. Il est dix heures et demie. �� minuit, je retournerai chez moi. Minuit, c'est bien convenu.
Tenez, cette r��solution va me porter bonheur. Voil�� que j'ai la main pleine d'atouts... trois de tri... partie gagn��e. Encore un rubber.
Il marche toujours, lui. Oh! ne dites pas non, j'en suis s?r. C'est comme si j'y ��tais... ses pieds et sa canne heurtent r��guli��rement la dalle de l'antichambre... pan, pan, pan... pan, pan, pan! un bruit r��gulier, une, deux, trois... O�� veut-il aller comme cela?
Pas d'impatience, je d��gusterai mon myst��re lentement, �� petites doses. Il ne faut pas imiter ces avides qui d��vorent tout leur bien en quelques mois... je ferai des ��conomies d'��trange, je puiserai petit �� petit dans mon tr��sor, et je ne m'apercevrai m��me pas qu'il diminue!
Onze heures et demie! Encore une demi-heure. Allons, je suis content de moi. Mais aussi, pour me r��compenser, je me donne un quart d'heure de grace... je partirai �� minuit moins un quart.
--Capitaine, nous avons gagn�� trente-deux fiches, je crois.
--Oui, vous nous quittez?
Comme je souris victorieusement
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.