adresse, son ��conomie; les familles que le hasard de la naissance avait d'abord plac��es au bas de l'��chelle sociale s'��levaient peu �� peu et contractaient quelquefois des alliances avantageuses; c'est alors qu'entre la noblesse et la masse obscure des pl��b��iens se forma une classe interm��diaire qui prit plus tard le nom de tiers ��tat ou de bourgeoisie.
L'affranchissement des communes peut se d��finir d'un mot: ce fut la victoire du travail sur la guerre.
La tradition chr��tienne, fort obscurcie au milieu de ces luttes, s'��loignait de plus en plus de la d��mocratie ��vang��lique. Il se rencontra, de si��cle en si��cle, des hommes qui protest��rent contre la direction du clerg��; mais comme ils ��taient en petit nombre, on les d��clara h��r��tiques. ?L'an 1320, dit Belleforest, on a vu des novateurs qui sous le nom de _Fr��rots_ estoient venus en telles resveries qu'ils disoient et pr��choient publiquement que les gens d'��glise ne devoient rien tenir qui leur fust propre; que l'��glise estoit fond��e en pauvret�� telle que J��sus-Christ avoit et approuv�� et institu��, veu qu'il n'avoit jamais poss��d��.... Par l�� ils inf��roiont que c'estoit abusivement proc��der au pape, cardinaux, ��vesques et autres preslats, d'��tre riches et puissants.? Cette secte avait pour chef Jehan de La Rochetaillade, ?lequel, ajoute Froissard, proposoit des choses si profondes ... que par aventure il oust fait le monde errer.... A tant que moult, souvent les cardinaux en estoient esbahis et volontiers l'eussent �� mort condamn��.? A la lumi��re de cette tradition d��mocratique s'alluma le flambeau de Wiclef, de Jean Huss et de J��r?me de Prague, qui voulaient ramener l'Eglise �� sa constitution primitive. La tentative ��tait g��n��reuse, mais elle ��tait t��m��raire. L'��glise et l'��tat avaient d��sormais si bien confondu leurs int��r��ts, qu'il devenait impossible de toucher �� l'une sans ��branler l'autre; le pape ��tait roi, le roi de France ��tait ?clerc et homme d'��glise?. Aussi les nouveaux pr��dicateurs furent-ils trait��s comme s��ditieux et punis de mort. On les frappa au nom de l'Eglise avec un glaive aiguis�� sur l'��vangile de celui qui avait dit: ?Remettez le glaive dans le fourreau.?
L'affranchissement des communes fut suivi plus tard de l'affranchissement des serfs sur plusieurs points du royaume. Ce qu'il y a encore de tr��s-remarquable, c'est que le clerg�� n'intervint nullement dans cet acte d'humanit��. Les ��dits m��mes d'affranchissement ne font aucune allusion au sentiment religieux ni �� l'esprit chr��tien. Que conclure de leur silence, sinon que le d��veloppement du droit naturel et le respect de la dignit�� humaine amen��rent, en dehors de toute autre influence, l'abolition de la servitude corporelle? Elle existait pourtant encore, cette servitude, dans certaines localit��s, jusqu'�� la veille de la R��volution. Un grand coup port�� �� l'��difice des anciennes croyances religieuses fut le mouvement de la R��formation. L'esprit de libre examen, foudroy�� dans la personne de Jean Huss par la puissance de l'orthodoxie ��rig��e en concile, trouva dans Martin Luther un vigoureux lutteur qui d��chira l'unit�� de l'��glise. La libert�� de penser avait apparu dans le monde. Quoique Luther eut voulu limiter sa r��volte �� l'ordre de foi, bien autres devaient en ��tre les cons��quences. Tous les esprits s��rieux savent quelle ��troite affinit�� relie la pens��e �� l'action, l'h��r��sie �� la guerre contre les pouvoirs absolus. Ces deux courants se c?toyaient l'un l'autre et partaient du m��me principe. L'h��r��sie en voulait �� la t��te de l'��glise, de m��me que la R��volution au chef de l'��tat. Les peuples qui avaient vu un ancien moine jeter au feu la bulle du pape ne recul��rent plus devant la majest�� d'un roi; la lutte contre L��on X amena la r��sistance du Parlement anglais contre Charles 1er. Luther appela Cromwell.
C'est une loi douloureuse, mais qu'y faire? Le progr��s s'��crit d'un c?t�� de la page avec la plume et de l'autre avec le glaive.
Le peuple anglais s'��tait ralli�� �� la noblesse contre la monarchie pour conqu��rir certains droits octroy��s dans ce qu'on appelle la grande charte, magna charta. Chez nous, au contraire, le populaire se rattacha fortement �� la royaut�� en haine de l'aristocratie. C'est la diff��rence des deux histoires. La France aspirait �� l'imit��. C'est �� cet esprit d'unit�� qu'il faut rapporter l'��rection des parlements en cours permanentes et s��dentaires de justice. Cette institution rendit des services, ?en nous sauvant, dit Loyscau, d'��tre cantonn��s et d��membr��s comme en Italie et en Allemagne?.
Les doctrines de Luther et de Calvin avaient mis le feu aux poudres. La France n'��chappa pointe cet embrasement g��n��ral. La guerre civile ��tait imminente. Les Huguenots tenaient dans leurs mains une partie des services publics. On les trouvait partout, m��me �� la cour. La noblesse ��tait aussi bien atteinte que la classe moyenne par l'esprit de libert�� en mati��re de religion. La France allait-elle devenir protestante? Il serait oiseux de rechercher quelle influence bonne ou mauvaise ce changement de croyances aurait pu exercer sur ses destin��es.
Une femme, Catherine de M��dicis,
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