Histoire de la Revolution francaise, III | Page 5

Adolphe Thiers
��nergie qui rendait toute r��conciliation impossible. Inf��rieur �� ses amis par l'esprit, mais dou�� d'intelligence et de facilit��, beau, h��ro?que, il se r��pandit en menaces, et en quelques jours il obtint autant de haine que ceux qui pendant toute la l��gislative n'avaient cess�� de blesser les opinions et les hommes.
Le personnage autour duquel se rangeait tout le parti, et qui jouissait d'une consid��ration universelle, ��tait P��tion. Maire pendant la l��gislative, il avait, par sa lutte avec la cour, acquis une popularit�� immense. A la v��rit�� il avait, le 9 ao?t, pr��f��r�� une d��lib��ration �� un combat; depuis il s'��tait prononc�� contre septembre, et s'��tait s��par�� de la commune, comme Bailly en 1790; mais cette opposition tranquille et silencieuse, sans le brouiller encore avec la faction, le lui avait rendu redoutable. Plein de lumi��res, de calme, parlant rarement, ne voulant jamais rivaliser de talent avec personne, il exer?ait sur tout le monde, et sur Robespierre lui-m��me, l'ascendant d'une raison froide, ��quitable, et universellement respect��e. Quoique r��put�� girondin, tous les partis voulaient son suffrage, tous le redoutaient, et, dans la nouvelle assembl��e, il avait pour lui non-seulement le c?t�� droit, mais toute la masse moyenne, et beaucoup m��me du c?t�� gauche.
Telle ��tait donc la situation des girondins en pr��sence de la faction parisienne: ils avaient pour eux l'opinion g��n��rale, qui r��prouvait les exc��s; ils s'��taient empar��s d'une grande partie des d��put��s qui arrivaient chaque jour �� Paris; ils avaient tous les ministres, except�� Danton, qui souvent dominait le conseil, mais ne se servait pas de sa puissance contre eux; enfin ils montraient �� leur t��te le maire de Paris, l'homme le plus respect�� du moment. Mais �� Paris, ils n'��taient pas chez eux, ils se trouvaient au milieu de leurs ennemis, et ils avaient �� redouter la violence des classes inf��rieures, qui s'agitaient au-dessous d'eux, et surtout la violence de l'avenir, qui allait cro?tre avec les passions r��volutionnaires.
Le premier reproche qu'on leur adressa fut de vouloir sacrifier Paris. D��j�� on leur avait imput�� de vouloir se r��fugier dans les d��partemens et au-del�� de la Loire. Les torts de Paris �� leur ��gard ��tant plus grands depuis les 2 et 3 septembre, on leur supposa d'autant plus l'intention de l'abandonner, on pr��tendit qu'ils avaient voulu r��unir la convention ailleurs. Peu �� peu les soup?ons, s'arrangeant, prirent une forme plus r��guli��re. On leur reprochait de vouloir rompre l'unit�� nationale, et composer des quatre-vingt-trois d��partements, quatre-vingt-trois ��tats, tous ��gaux entre eux, et unis par un simple lien f��d��ratif. On ajoutait qu'ils voulaient par-l�� d��truire la supr��matie de Paris, et s'assurer une domination personnelle dans leurs d��partemens respectifs. C'est alors que fut imagin��e la calomnie du f��d��ralisme. Il est vrai que, lorsque la France ��tait menac��e par l'invasion des Prussiens, ils avaient song��, en cas d'extr��mit��, �� se retrancher dans les d��partemens m��ridionaux; il est encore vrai qu'en voyant les exc��s et la tyrannie de Paris, ils avaient quelquefois repos�� leur pens��e sur les d��partemens; mais de l�� �� un projet de r��gime f��d��ratif il y avait loin encore. Et d'ailleurs, entre un gouvernement f��d��ratif et un gouvernement unique et central, toute la diff��rence consistant dans le plus ou moins d'��nergie des institutions locales, le crime d'une telle id��e ��tait bien vague, s'il existait. Les girondins, n'y voyant au rest�� rien de coupable, ne s'en d��fendaient pas, et beaucoup d'entre eux, indign��s de l'absurdit�� avec laquelle on poursuivait ce syst��me, demandaient si, apr��s tout, la Nouvelle-Am��rique, la Hollande, la Suisse, n'��taient pas heureuses et libres sous un r��gime f��d��ratif, et s'il y aurait une grande erreur ou un grand forfait �� pr��parer �� la France un sort pareil. Buzot surtout soutenait souvent cette doctrine, et Brissot, grand admirateur des Am��ricains, la d��fendait ��galement, plut?t comme opinion philosophique que comme projet applicable �� la France. Ces conversations divulgu��es donn��rent plus de poids �� la calomnie du f��d��ralisme. Aux Jacobins, on agita gravement la question du f��d��ralisme, et on souleva mille fureurs contre les girondins. On pr��tendit qu'ils voulaient d��truire le faisceau de la puissance r��volutionnaire, lui enlever cette unit�� qui en faisait la force, et cela, pour se faire rois dans leurs provinces. Les girondins r��pondirent de leur c?t�� par des reproches plus r��els, mais qui malheureusement ��taient exag��r��s aussi, et qui perdaient de leur force en perdant de leur v��rit��. Ils reprochaient �� la commune de s'��tre rendue souveraine, d'avoir par ses usurpations empi��t�� sur la souverainet�� nationale, et de s'��tre arrog�� �� elle seule une puissance qui n'appartenait qu'�� la France enti��re. Ils lui reprochaient de vouloir dominer la convention, comme elle avait opprim�� l'assembl��e l��gislative; ils disaient qu'en si��geant aupr��s d'elle, les mandataires nationaux n'��taient pas en s?ret��, et qu'ils si��geraient au milieu des assassins de septembre. Ils l'accusaient d'avoir d��shonor�� la r��volution pendant les quarante jours qui suivirent le 10 ao?t, et de
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 112
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.