Histoire de la Revolution francaise, III | Page 6

Adolphe Thiers
n'avoir rempli la d��putation de Paris que d'hommes signal��s pendant ces horribles saturnales. Jusque-l�� tout ��tait vrai. Mais ils ajoutaient des reproches aussi vagues que ceux de f��d��ralisme dont eux-m��mes ��taient l'objet. Ils accusaient hautement Marat, Danton et Robespierre, d'aspirer �� la supr��me puissance; Marat, parce qu'il ��crivait tous les jours qu'il fallait un dictateur pour purger la soci��t�� des membres impurs qui la corrompaient; Robespierre, parce qu'il avait dogmatis�� �� la commune, et parl�� avec insolence �� l'assembl��e, et parce que, �� la veille du 10 ao?t, Panis l'avait propos�� �� Barbaroux comme dictateur; Danton enfin, parce qu'il exer?ait sur le minist��re, sur le peuple, et partout o�� il se montrait, l'influence d'un ��tre puissant. On les nommait les triumvirs, et cependant il n'y avait gu��re d'union entre eux. Marat n'��tait qu'un syst��matique insens��; Robespierre n'��tait encore qu'un jaloux, mais il n'avait pas assez de grandeur pour ��tre un ambitieux; Danton enfin ��tait un homme actif, passionn�� pour le but de la r��volution, et qui portait la main sur toutes choses, par ardeur plus que par ambition personnelle. Mais parmi ces hommes, il n'y avait encore ni un usurpateur, ni des conjur��s d'accord entre eux; et il ��tait imprudent de donner �� des adversaires, d��j�� plus forts que soi, l'avantage d'��tre accus��s injustement. Cependant les girondins m��nageaient plus Danton, parce qu'il n'y avait rien de personnel entre lui et eux, et ils m��prisaient trop Marat pour l'attaquer directement; mais ils se d��cha?naient impitoyablement contre Robespierre, parce que le succ��s de ce qu'on appelait sa vertu et son ��loquence les irritait davantage: ils avaient pour lui le ressentiment qu'��prouve la v��ritable sup��riorit�� contre la m��diocrit�� orgueilleuse et trop vant��e.
Cependant on essaya de s'entendre avant l'ouverture de la convention nationale, et il y eut diverses r��unions dans lesquelles on proposa de s'expliquer franchement, et de terminer des disputes funestes. Danton s'y pr��tait de tr��s bonne foi[1], parce qu'il n'y apportait aucun orgueil, et qu'il souhaitait avant tout le succ��s de la r��volution. P��tion montra beaucoup de froideur et de raison; mais Robespierre fut aigre comme un homme bless��; les girondins furent fiers et s��v��res comme des hommes innocens, indign��s, et qui croient avoir dans les mains leur vengeance assur��e. Barbaroux dit qu'il n'y avait aucune alliance possible _entre le crime et la vertu_, et de part et d'autre on se retira plus ��loign�� d'une r��conciliation qu'avant de s'��tre vu. Tous les jacobins se rang��rent autour de Robespierre, les girondins et la masse sage et mod��r��e autour de P��tion. L'avis de celui-ci et des hommes sens��s ��tait de cesser toute accusation, puisqu'il ��tait impossible de saisir les auteurs des massacres de septembre et du vol du Garde-Meuble; de ne plus parler des triumvirs, parce que leur ambition n'��tait ni assez prouv��e ni assez manifeste pour ��tre punie; de m��priser une vingtaine de mauvais sujets introduits dans l'assembl��e par les ��lections de Paris; enfin de se hater de remplir le but de la convention, en faisant une constitution-et en d��cidant du sort de Louis XVI. Tel ��tait l'avis des hommes froids; mais d'autres moins calmes firent, comme d'usage, des projets qui, ne pouvant ��tre encore ex��cut��s, avaient le danger d'avertir et d'irriter leurs adversaires. Ils propos��rent de casser la municipalit��, de d��placer au besoin la convention, de transporter son si��ge ailleurs qu'�� Paris, de la former en cour de justice, pour juger sans appel les conspirateurs, de lui composer enfin une garde particuli��re prise dans les quatre-vingt-trois d��partemens. Ces projets n'eurent aucune suite et ne servirent qu'�� irriter les passions. Les girondins s'en repos��rent sur la conscience publique, qui, suivant eux, allait se soulever aux accens de leur ��loquence et au r��cit des crimes qu'ils devaient d��noncer. Ils se donn��rent rendez-vous �� la tribune de la convention pour y ��craser leurs adversaires.
[Note 1: Voyez Durand-Maillanne, Dumouriez, Meillan, et tous les contemporains.]
Enfin, le 20 septembre, les d��put��s �� la convention se r��unirent aux Tuileries pour constituer la nouvelle assembl��e. Leur nombre ��tant suffisant, ils se constitu��rent provisoirement, v��rifi��rent leurs pouvoirs, et proc��d��rent de suite �� la nomination du bureau. P��tion fut presque �� l'unanimit�� proclam�� pr��sident. Brissot, Condorcet, Rabaud Saint-��tienne, Lasource, Vergniaud et Camus, furent ��lus secr��taires. Ces choix prouvent quelle ��tait alors dans rassembl��e l'influence du parti girondin.
L'assembl��e l��gislative, qui depuis le 10 ao?t avait ��t�� en permanence, fut inform��e, le 21, par une d��putation, que la convention nationale ��tait form��e, et que la l��gislature ��tait termin��e. Les deux assembl��es n'eurent qu'�� se confondre l'une dans l'autre, et la convention alla occuper la salle de la l��gislative.
D��s le 21, Manuel, procureur-syndic de la commune, suspendu apr��s le 20 juin avec P��tion, devenu tr��s populaire �� cause de cette suspension, enr?l�� d��s-lors avec les furieux de la commune, mais depuis ��loign�� d'eux, et rapproch�� des girondins �� la vue des massacres de l'Abbaye; Manuel
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