Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusquà nos jours - II | Page 7

Théophile Lavallée

Quai des Orfèvres.--Il a été construit de 1580 à 1643 et a pris son nom
des nombreux orfèvres qui l'habitaient et dont quelques-uns l'habitent
encore. Il n'allait d'abord que jusqu'à la rue de Jérusalem: là
commençait la rue Saint-Louis, dont les maisons bordaient la rivière et
qui se prolongeait jusqu'au pont Saint-Michel; c'était par cette rue, qui
communiquait par la petite rue Sainte-Anne avec la cour de la
Sainte-Chapelle, que les rois se rendaient au Palais. Elle a été détruite
en 1808 et le quai prolongé jusqu'au pont Saint-Michel.
Quais du Marché-Neuf et de l'Archevêché.--Le milieu de ce quai a été
ouvert en 1568 pour y établir un marché; ses deux extrémités étaient
garnies de maisons bordant la Seine et dont la dernière, voisine du petit
pont, a été récemment détruite. On trouve sur ce quai le plus affligeant
édifice public qui soit dans Paris: c'est la Morgue, où l'on expose,
jusqu'à ce qu'ils soient reconnus, les individus trouvés morts hors de
leur domicile. La Morgue reçoit annuellement 360 à 480 cadavres.
A partir du Petit-Pont, la ligne des quais de la Cité est interrompue par
les bâtiments de l'Hôtel-Dieu, qui bordent la Seine jusqu'au
Pont-aux-Doubles. Au delà de ce pont commence le quai de
l'Archevêché, qui date de 1800 et s'est d'abord appelé quai Catinat;
avant cette époque, c'étaient les jardins de l'archevêque et du chapitre
qui bordaient la Seine.

§ II. (p.017)
Rue d'Arcole et le Parvis Notre-Dame.
La rue d'Arcole commence au quai Napoléon, en face le pont d'Arcole,
et finit au Parvis Notre-Dame: c'est une grande et large voie qui a été
formée récemment des anciennes rues du Chevet Saint-Landry et de
Saint-Pierre-aux-Boeufs.
La première tirait son nom d'une église dont la fondation se perd dans

la nuit des temps et où les reliques de saint Landry, évêque de Paris,
furent transportées, lorsque la ville fut assiégée par les Normands.
L'entrée de cette église, qui fut reconstruite en 1477, était dans la rue
Saint-Landry, et son chevet dans la rue qui en prenait le nom. On y
remarquait le beau monument sculpté par Girardon pour la sépulture de
sa femme, le tombeau de la famille Boucherat et celui de Pierre
Broussel, ce père du peuple au temps de la Fronde. Broussel demeurait
rue Saint-Landry, nº 7, et sa maison existe encore; c'est là qu'il fut
arrêté le 26 août 1648; c'est là que commença l'émeute qui ébranla le
trône du jeune Louis XIV. L'église Saint-Landry a été démolie en 1790;
on a trouvé dans ses fondations un amas d'ossements humains, qui
semble le reste d'une bataille livrée en cet endroit, ainsi que les ruines
du monument triomphal élevé en 383 par le tyran Maxime pour sa
victoire sur Gratien[5]: ces ruines ont été retrouvées dans une grande
muraille qui enveloppait toute la Cité et qui datait probablement de la
domination franque.
[Note 5: Hist. gén. de Paris, p. 5.]
Dans la rue Saint-Pierre-aux-Boeufs était une église aussi ancienne que
Saint-Landry, et dont le surnom venait d'un marché de boucherie établi,
dès les premiers siècles de notre histoire, dans son (p.018) voisinage,
marché qui fut transféré au XIIe siècle près du Châtelet. Cette église,
qui occupait l'emplacement de la maison nº 15, a été démolie; mais son
élégant portail a été transporté à l'église Saint-Séverin, dont il forme la
porte latérale.
Le Parvis Notre-Dame est une grande place sur laquelle se trouvent,
outre la cathédrale, l'Hôtel-Dieu et l'administration des hospices de
Paris. Elle date de la fondation même de Notre-Dame, et, bien qu'elle
fût jadis beaucoup moins grande qu'aujourd'hui, elle renfermait des
écoles publiques, le bureau des pauvres, les églises Saint-Christophe et
Sainte-Geneviève-des-Ardents, enfin l'échelle patibulaire et la prison de
l'évêque de Paris. C'est là qu'on amenait les condamnés pour faire
amende honorable, une torche à la main, et entendre lire leur arrêt de
mort. Ce lugubre spectacle fut donné une dernière fois, le 19 février
1790, pour le supplice du marquis de Favras. On y faisait aussi des

exécutions criminelles. Enfin, près de l'église Saint-Christophe et sous
la protection de Notre-Dame, se tenait le marché au pain pour les
pauvres, où venaient vendre en franchise les boulangers des environs de
la ville. Le Parvis commença à être déblayé en 1748 par la destruction
des églises Saint-Christophe et Sainte-Geneviève, sur l'emplacement
desquelles on élargit les rues Saint-Christophe et Neuve-Notre-Dame,
et l'on bâtit l'hospice pour les enfants trouvés, remplacé aujourd'hui par
l'administration générale des hôpitaux; les autres agrandissements de la
place ont été faits depuis la révolution, et principalement aux dépens de
l'Hôtel-Dieu et du cloître Notre-Dame.

§ III.
L'église Notre-Dame.
Du temps de Tibère, les nautes ou bateliers parisiens élevèrent, (p.019)
à la pointe occidentale de la Cité, un monument à Jupiter. Des fouilles
faites en 1711 sous le choeur de Notre-Dame amenèrent la découverte
d'une partie
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