Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusquà nos jours - I | Page 7

Théophile Lavallée
bourgeois trouvèrent plus court et plus sûr de

se faire justice eux-mêmes, et, si l'on en croit un contemporain, dans la
lutte qu'ils eurent avec les écoliers, en l'année 1223, ils en tuèrent trois
cent vingt et les jetèrent à la rivière.
Paris prit tant d'accroissement sous Philippe-Auguste, qu'il fallut lui
construire une nouvelle enceinte, laquelle fut fortifiée. Cette
enceinte formait sur la rive droite un demi-cercle qui commençait par la
tour qui fait le coin (près du pont des Arts) et finissait par la tour Babel
(près du port Saint-Paul), en ayant pour points principaux: porte
Saint-Honoré (rue Saint-Honoré, près de l'Oratoire); porte Coquillière
(au coin des rues Coquillière et Grenelle); porte Montmartre (rue
Montmartre, au-dessus de la rue du Jour); porte Saint-Denis (rue
Saint-Denis, près de l'impasse des Peintres); porte Saint-Martin (rue
Saint-Martin, près de la rue Grenier Saint-Lazare); porte de Braque (rue
de Braque, près de la rue du Chaume); porte Barbette (vieille rue du
Temple, au coin de la rue des Francs-Bourgeois); porte Baudet (rue
Saint-Antoine, près de la rue Culture-Sainte-Catherine). L'enceinte
formait aussi sur la rive gauche un demi-cercle, dont la direction est
facile à suivre, puisque la clôture s'est conservée jusqu'au XVIIe siècle
et que les rues qui ont été construites sur ses fossés en portent encore le
nom: ce sont les rues des Fossés-Saint-Bernard, Fossés-Saint-Victor,
Fossés-Saint-Jacques, Fossés-Monsieur-le-Prince,
Fossés-Saint-Germain-des-Prés, Fossés-de-Nesle ou Mazarine. Ce
demi-cercle commençait par la tour de Nesle (près de l'Institut) et
finissait par la Tournelle (quai de la Tournelle, près de la rue des
Fossés-Saint-Bernard), en ayant pour points principaux: porte Bucy (rue
Saint-André-des-Arts, près de la rue Contrescarpe); porte des
Cordeliers (rue de l'École-de-Médecine, près de la rue du Paon); porte
Gibart ou d'Enfer (place Saint-Michel); porte Saint-Jacques (rue
Saint-Jacques, au coin de la rue Saint-Hyacinthe); porte Bordet (rue
Descartes, près de la rue de Fourcy); porte Saint-Victor (rues
Saint-Victor et des Fossés-Saint-Victor). L'enceinte entière avait donc
quatorze portes, outre plusieurs poternes. La muraille, qui avait huit
pieds d'épaisseur, était garnie de tours rondes et espacées de vingt
toises en vingt toises, outre celles qui défendaient les portes. Toute
cette construction fut faite de 1190 à 1220.

§ VI.
Paris sous Louis IX.--Règlements des métiers--Guet.
Sous Louis IX, Paris se complaît dans ses nouvelles murailles et ne
cherche pas à les franchir; mais il continue à se couvrir de fondations
pieuses et charitables, oeuvres des modestes maçons du moyen âge, que
nous avons presque toutes transformées en poussière. Ainsi, le couvent
des Augustins, qui servit pendant des siècles aux assemblées du clergé
et du parlement, est devenu le marché à la volaille: le couvent de
l'Ave-Maria, une caserne; le couvent des Cordeliers, une partie de
l'École de médecine; le collége Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers,
un marché; le couvent des Filles-Dieu, un passage; le collége de Cluny,
une rue; le couvent des Jacobins, une caserne; le couvent des
Chartreux, l'avenue du Luxembourg; le couvent des Prémontrés, un
café; le couvent de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, un passage;
l'hospice des Quinze-Vingts, des rues aujourd'hui détruites, etc.
Heureusement, de toutes ces créations si regrettables, il en reste une
que la main des démolisseurs n'a pas atteinte et qu'on vient de
splendidement restaurer, c'est la Sainte-Chapelle[13].
[Note 13: Voir, pour chacun de ces monuments, l'Histoire des quartiers
de Paris.]
Sous ce règne, la royauté commence à appuyer son sceptre sur la
robuste main du peuple de Paris. Le roi et sa mère étaient en guerre
avec les barons qui leur fermaient le chemin de la capitale. Ils
appelèrent à leur défense les habitants «de la ville avec laquelle, dit
Pasquier, les rois de France ont perpétuellement uni leur fortune.» Les
Parisiens sortirent en armes «en si grande quantité, dit
Joinville, que, depuis Montlhéry jusqu'à Paris, le chemin était plein et
serré de gens d'armes et autres gens.» Ils délivrèrent le monarque et le
ramenèrent en triomphe dans leurs murs.
Cet amour des Parisiens pour le pieux roi se manifesta dans plusieurs
autres circonstances: ainsi, lorsqu'il partit pour sa première croisade,

toute la ville l'accompagna jusqu'à Saint-Marcel en le comblant de
bénédictions; de même, lorsqu'on apprit sa captivité en Égypte, les
petits, les serfs, les pastoureaux songèrent à le délivrer; et il se fit dans
Paris, à la voix d'un aventurier, dit le maître de Hongrie, des
rassemblements menaçants pour les prêtres et les seigneurs; enfin,
lorsque saint Louis, accompagné de ses frères et des gens de sa cour,
nu-pieds, nu-tête, vêtu d'une simple tunique, s'en alla à plusieurs lieues
de la ville chercher la sainte couronne d'épines et la porta par le
faubourg Saint-Antoine à la Sainte-Chapelle, jamais roi n'eut un
triomphe plus populaire.
En récompense, Louis IX s'occupa du bien-être de sa maîtresse ville
avec la plus ardente sollicitude. Il fonda, outre les nombreux couvents
dont nous avons parlé, la Sorbonne, qui devint l'école de théologie la
plus fameuse
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