Henri IV | Page 6

William Shakespeare
Fals. Yea, for obtaining of
suits.
Jeu de mots sur le mot suits, qui signifie une requête et un vêtement
complet.]
[Note 10: The melancholy of moor-ditch. Moor-ditch était un fossé
bourbeux qui environnait une partie des murs de Londres, et dont les
exhalaisons occasionnaient, à ce qu'il paraît, une maladie appelée the
melancholy of moor-ditch.]
[Note 11: Paroles de l'Écriture.]
FALSTAFF.--Oh! tu as de damnables applications; en vérité, tu serais
capable de corrompre un saint.--Tu m'as fait bien du tort, Hal! Dieu te
le pardonne; mais avant de te connaître, Hal, je ne savais rien de rien; et
aujourd'hui, pour dire la vérité, je ne vaux rien de mieux que ce qu'il y a
de pis. Il faut que je quitte cette vie-là, et je la quitterai; si je ne le fais
pas, dis que je suis un misérable. Il n'y a pas un fils de roi dans la
chrétienté pour qui je veuille me faire damner.
HENRI.--Jack, où irons-nous demain escamoter une bourse?
FALSTAFF.--Où tu voudras, mon garçon; je suis de la partie. Si je n'y
vas pas, appelle-moi un misérable, et fais moi quelque affront.
HENRI.--Je vois que tu t'amendes bien. Tu passes de la prière au
guet-apens.
(Poins paraît dans le fond du théâtre.)
FALSTAFF.--Que veux-tu, Hal, c'est ma vocation, mon ami; et ce n'est
pas péché pour un homme que de suivre sa vocation.--Poins! Nous

allons savoir tout à l'heure si Gadshill a lié une partie. Oh! si les
hommes étaient sauvés selon leur mérite, quel trou dans l'enfer serait
assez chaud pour lui? C'est peut-être le plus universel coquin qui ait
jamais crié arrête à un honnête homme.
HENRI.--Bonjour, Ned[12].
[Note 12: Ned, diminutif d'Edward.]
POINS.--Bonjour, cher Hal.--Que dit M. Remords? que dit sir
Jean-vin-sucré? Jack, comment le diable et toi vous arrangez-vous au
sujet de ton âme, après la lui avoir vendue, le vendredi saint dernier,
pour un verre de vin de Madère et une cuisse de chapon froid?
HENRI.--Sir Jean ne s'en dédit pas; il tiendra son marché avec le diable,
car de sa vie encore il n'a fait mentir de proverbes. Il donnera au diable
ce qui lui appartient.
POINS.--Eh bien, te voilà donc damné pour tenir ta parole au diable?
HENRI.--Il l'aurait été aussi pour avoir friponné le diable.
POINS.--Mais, mes enfants, mes enfants, c'est demain qu'il faut se
rendre dès quatre heures du matin chez Gadshill. Il y a des pèlerins qui
s'en vont à Cantorbéry, chargés de riches offrandes, et des marchands
qui chevauchent vers Londres avec des bourses bien grasses. J'ai des
masques pour vous tous, et vous avez vos chevaux; Gadshill couche ce
soir à Rochester; j'ai commandé le souper pour cette nuit à Eastcheap.
Il n'y a pas plus de danger là qu'à dormir dans vos lits. Si vous voulez
venir, je vous garnis vos bourses de couronnes jusqu'au bord: si vous ne
voulez pas, restez à la maison, et allez vous faire pendre.
FALSTAFF.--Ecoute, Edouard; si je reste ici et n'y vais point, je vous
ferai tous pendre pour y avoir été.
POINS.--En vérité, Côtelettes.
FALSTAFF.--Veux-tu en être, Hal?

HENRI.--Qui! moi, voler! Moi, aller faire le brigand? Non pas moi, sur
ma foi!
FALSTAFF.--Tiens, tu n'as en toi rien d'un honnête homme, d'un
homme de coeur, d'un bon camarade; tu n'es pas sorti du sang royal;
tiens, si tu n'oses pas tenir pour dix schellings[13].
[Note 13: Thou camest not of the blood royal, if thou darest not stand
for ten shillings. Jeu de mots sur royal ou reale, qui signifiait aussi une
monnaie de la valeur de dix schellings.]
HENRI.--A la bonne heure, je ferai donc, une fois dans ma vie, un coup
de tête.
FALSTAFF.--Voilà ce qui s'appelle parler.
HENRI.--Eh bien, arrive ce qui voudra, je garde la maison.
FALSTAFF.--Sur mon Dieu, s'il en est ainsi, je conspire quand tu seras
roi.
HENRI.--Je ne m'en soucie guère.
POINS.--Sir John, je t'en prie, laisse-nous seuls un moment le prince et
moi; je lui donnerai de si bonnes raisons pour cette expédition, qu'il y
viendra.
FALSTAFF.--A la bonne heure: puisses-tu avoir l'esprit de persuasion,
et lui l'intelligence du profit! afin que ce que tu diras puisse le toucher,
et que ce qu'il entendra, il puisse le croire, et afin que le prince véritable
puisse (par récréation) devenir un faux voleur; car les pauvres abus de
ce siècle ont bien besoin de protection. Adieu, vous me retrouverez à
Eastcheap.
HENRI.--Adieu, printemps passé; adieu, été de la Toussaint.
(Falstaff sort.)
POINS.--Allons, mon bon, doux et gracieux seigneur, montez à cheval

demain avec nous. J'ai une farce à jouer que je ne saurais arranger tout
seul. Falstaff, Bardolph, Peto et Gadshill dévaliseront ces hommes que
nous sommes à guetter. Ni vous, ni moi, n'y serons; et quand ils auront
leur butin, si entre vous et moi nous ne les volons
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 45
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.