de la gloire! on plante des calebasses dans la cendre de Philippe-le-Bon!--Plus rien de la Chartreuse! Je me trompe.--Le portail de l'��glise et la tourelle du clocher sont debout; la tourelle ��lanc��e et l��g��re, une touffe de girofl��e sur l'oreille, ressemble �� un jouvenceau qui m��ne en laisse un l��vrier; le portail martel�� serait encore un joyau �� pendre au cou d'une cath��drale. Il y a outre cela, dans le pr��au du clo?tre, un pi��destal gigantesque dont la croix est absente et autour duquel sont nich��es six statues de proph��tes, admirables de d��solation.--Et que pleurent-ils? Ils pleurent la croix que les anges ont report��e dans le ciel.
?Le sort de la Chartreuse a ��t�� celui de la plupart des monuments qui embellissaient Dijon �� l'��poque de la r��union du duch�� au domaine royal. Cette ville n'est plus que l'ombre d'elle-m��me. Louis XI l'avait d��couronn��e de sa puissance, la r��volution l'a d��capit��e de ses clochers. Il ne lui reste plus que trois ��glises, de sept ��glises, d'une sainte chapelle[12], de deux abbayes et d'une douzaine de monast��res. Trois de ses portes sont bouch��es, ses poternes ont ��t�� d��molies, ses faubourgs ont ��t�� ras��s, son torrent de Suzon s'est pr��cipit�� aux ��gouts, sa population a secou�� ses feuilles, et sa noblesse est tomb��e en quenouille.--H��las! on voit bien que le duc Charles et sa chevalerie parties,--il y aura bient?t quatre si��cles[13]--pour la bataille, n'en sont pas revenus.
?Et moi, j'errais parmi ces ruines comme l'antiquaire qui cherche des m��dailles romaines dans les sillons d'un castrum, apr��s une grosse pluie d'orage. Dijon expir�� conserve encore quelque chose de ce qu'il fut, semblable �� ces riches Gaulois qu'on ensevelissait une pi��ce d'or �� la bouche et une autre dans la main droite.
--Et l'art, lui demandai-je?
--J'��tais un jour occup��, devant l'��glise Notre-Dame, �� consid��rer Jacquemart, sa femme et son enfant, qui martelaient midi.--L'exactitude, la pesanteur, le flegme de Jacquemart seraient le certificat de son origine flamande, quand m��me on ignorerait qu'il dispensait les heures aux bons bourgeois de Courtrai, lors du sac de cette ville, en 1383. Gargantua escamota les cloches de Paris, Philippe-le-Hardi l'horloge de Courtrai; chaque prince �� sa taille.--Un ��clat de rire se fit entendre l��-haut et j'aper?us, dans un angle du gothique ��difice, une de ces figures monstrueuses que les sculpteurs du moyen-age ont attach��es par les ��paules aux goutti��res des cath��drales; une atroce figure de damn�� qui, en proie aux souffrances, tirait la langue, grin?ait des dents et se tordait les mains.--C'��tait elle qui avait ri.
--Vous aviez un f��tu dans l'oeil! m'��criai-je.
--Ni f��tu dans l'oeil, ni coton dans l'oreille.--La figure de pierre avait ri,--ri d'un rire grima?ant, effroyable, infernal--mais sarcastique--incisif--pittoresque.?
J'eus honte pour moi d'avoir eu si longtemps affaire �� un monomane. Cependant j'encourageai d'un sourire le rose-croix de l'art �� poursuivre sa dr?latique histoire.
--?Cette aventure, continua-t-il, me donna a r��fl��chir.--Je r��fl��chis que, puisque Dieu et l'amour ��taient les premi��res conditions de l'art, ce qui dans l'art est sentiment,--Satan pourrait bien ��tre la seconde de ces conditions, ce qui dans l'art est id��e.--N'est-ce pas le diable qui a bati la cath��drale de Cologne?
?Me voil�� en qu��te du diable. Je bl��mis sur les livres magiques de Cornelius Agrippa et j'��gorge la poule noire du ma?tre d'��cole mon voisin. Pas plus de diable qu'au bout du rosaire d'une d��vote! N��anmoins il existe:--saint Augustin en a, de sa plume, l��galis�� le signalement: _Daemones sunt genere animalia, ingenio rationabilia, animo passiva, corpore aerea, tempore aeterna_. Cela est positif. Le diable existe. Il p��rore �� la chambre, il plaide au palais, il agiote �� la bourse. On le grave en vignettes, on le broche en romans, on l'habille en drames. On le voit partout, comme je vous vois. C'est pour lui ��piler mieux la barbe que les miroirs de poche ont ��t�� invent��s. Polichinelle a manqu�� son ennemi et le n?tre. Oh! que ne l'a-t-il assomm�� d'un coup de baton sur la nuque!
?Je bus l'��lixir de Paracelse, le soir avant de me coucher. J'eus la colique. Nulle part le diable en cornes et en queue.
?Encore un d��sappointement:--l'orage, cette nuit-l��, mouillait jusqu'aux os la vieille cit�� accroupie dans le sommeil. Comment je r?dais �� tatons, n'y voyant goutte, dans les anfractuosit��s de Notre-Dame, c'est ce que vous expliquera un sacril��ge. Il n'y a pas de serrure dont le crime n'ait la clef.--Ayez piti�� de moi! j'avais besoin d'une hostie et d'une relique.--Une clart�� piqua les t��n��bres, plusieurs autres se montr��rent successivement, de sorte que je distinguai bient?t quelqu'un dont la main aff?t��e d'un long allumoir distribuait la flamme aux chandelles du ma?tre-autel. C'��tait Jacquemart qui, non moins imperturbable que de coutume sous sa caule de fer rapi��c��e, acheva sa besogne sans para?tre s'inqui��ter ni m��me s'apercevoir de la pr��sence d'un t��moin profane. Jacqueline, agenouill��e aux degr��s, gardait une immobilit�� parfaite, la pluie d��coulant de sa jupe de plomb attourn��e
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