Gabriel | Page 5

George Sand
conna?tre, tout sentir, tout poss��der, tout braver! Ah! cela vous ��tonne; mais, ��coutez: on peut ��lever des faucons en cage et leur faire perdre le souvenir ou l'instinct de la libert��: un jeune homme est un oiseau dou�� de plus de m��moire et de r��flexion.
LE PR��CEPTEUR. Votre illustre parent vous fera conna?tre ses intentions, vous lui manifesterez vos d��sirs. Ma tache envers vous est termin��e, mon cher ��l��ve, et je d��sire que Son Altesse n'ait pas lieu de la trouver mal remplie.
GABRIEL. Grand merci! Si je montre quelque bon sens, tout l'honneur en reviendra �� mon cher pr��cepteur; si mon grand-p��re trouve que je ne suis qu'un sot, mon pr��cepteur s'en lavera les mains en disant qu'il n'a pu rien tirer de ma pauvre cervelle.
LE PR��CEPTEUR. Espi��gle! m'��couterez-vous enfin?
GABRIEL. ��couter quoi? J'ai cru que vous m'aviez tout dit.
LE PR��CEPTEUR. Je n'ai pas commenc��.
GABRIEL. Cela sera-t-il bien long?
LE PR��CEPTEUR. Non, �� moins que vous ne m'interrompiez sans cesse.
GABRIEL. Je suis muet.
LE PR��CEPTEUR. Je vous ai souvent expliqu�� ce que c'est qu'un majorat, et comment la succession d'une principaut�� avec les titres, les droits, privil��ges, honneurs et richesses y attach��s....
(_Gabriel baille en se cachant._)
Vous ne m'��coutez pas?
GABRIEL. Pardonnez-moi.
LE PR��CEPTEUR. Je vous ai dit....
GABRIEL. Oh! pour Dieu, l'abb��, ne recommencez pas. Je puis achever la phrase, je la sais par coeur: ?Et richesses y attach��s, peuvent passer alternativement, dans les familles, de la branche a?n��e �� la branche cadette, et repasser de la branche cadette �� la branche a?n��e, r��ciproquement, par la loi de transmission d'h��ritage, �� l'a?n�� des enfants males d'une des branches, quand la branche collat��rale ne se trouve plus repr��sent��e que par des filles.? Est-ce l�� tout ce que vous aviez de nouveau et d'int��ressant �� me dire! Vraiment, si vous ne m'aviez jamais appris rien de mieux, j'aimerais autant ne rien savoir du tout.
LE PR��CEPTEUR. Ayez un peu de patience, songez qu'il m'en faut souvent beaucoup avec vous.
GABRIEL. C'est vrai, mon ami, pardonnez-moi. Je suis mal dispos�� aujourd'hui.
LE PR��CEPTEUR. Je m'en aper?ois. Peut ��tre vaudrait-il mieux remettre la conversation �� demain ou �� ce soir.
(_L��ger bruit dans le cabinet._)
GABRIEL. Qui est l��-dedans?
LE PR��CEPTEUR. Vous le saurez si vous voulez m'entendre.
GABRIEL, vivement. Lui! mon grand-p��re, peut-��tre?
LE PR��CEPTEUR. Peut-��tre.
GABRIEL, courant vers la porte. Comment peut-��tre! et vous me faites languir!...
(_Il essaie d'ouvrir. La porte est ferm��e en dedans._)
Quoi! il est ici, et on me le cache!
LE PR��CEPTEUR. Arr��tez, il repose.
GABRIEL. Non! il a remu��, il a fait du bruit.
LE PR��CEPTEUR. Il est fatigu��, souffrant; vous ne pouvez pas le voir.
GABRIEL. Pourquoi s'enferme-t-il pour moi? Je serais entr�� sans bruit; je l'aurais veill�� avec amour durant son sommeil; j'aurais contempl�� ses traits v��n��rables. Tenez, l'abb��, je l'ai toujours pressenti, il ne m'aime pas. Je suis seul au monde, moi: j'ai un seul protecteur, un seul parent, et je ne suis pas connu, je ne suis pas aim�� de lui!
LE PR��CEPTEUR. Chassez, mon cher ��l��ve, ces tristes et coupables pens��es. Votre illustre a?eul ne vous a pas donn�� ces preuves banales d'affection qui sont d'usage dans les classes obscures....
GABRIEL. Pl?t au ciel que je fusse n�� dans ces classes! Je ne serais pas un ��tranger, un inconnu pour le chef de ma famille.
LE PR��CEPTEUR. Gabriel, vous apprendrez aujourd'hui un grand secret qui vous expliquera tout ce qui vous a sembl�� ��nigmatique jusqu'�� pr��sent; je ne vous cache pas que vous touchez �� l'heure la plus solennelle et la plus redoutable qui ait encore sonn�� pour vous. Vous verrez quelle immense, quelle incroyable sollicitude s'est ��tendue sur vous depuis l'instant de votre naissance jusqu'�� ce jour. Armez-vous de courage. Vous avez une grande r��solution �� prendre, une grande destin��e �� accepter aujourd'hui. Quand vous aurez appris ce que vous ignorez, vous ne direz pas que vous n'��tes pas aim��. Vous savez, du moins, que votre naissance fut attendue comme une faveur c��leste, comme un miracle. Votre p��re ��tait malade, et l'on avait presque perdu l'espoir de lui voir donner le jour �� un h��ritier de son titre et de ses richesses. D��j�� la branche cadette des Bramante triomphait dans l'espoir de succ��der au glorieux titre que vous porterez un jour....
GABRIEL. Oh! je sais tout cela. En outre, j'ai devin�� beaucoup de choses que vous ne me disiez pas. Sans doute, la jalousie divisait les deux fr��res Julien et Octave, mon p��re et mon oncle; peut-��tre aussi mon grand-p��re nourrissait-il dans son ame une secr��te pr��f��rence pour son fils a?n��... Je vins au monde. Grande joie pour tous, except�� pour moi, qui ne fus pas gratifi�� par le ciel d'un caract��re �� la hauteur de ces graves circonstances.
LE PR��CEPTEUR. Que dites-vous?
GABRIEL.
Je dis que cette transmission d'h��ritage de male en male est une loi facheuse, injuste peut-��tre. Ce continuel d��placement de possession entre les diverses branches d'une famille ne peut qu'allumer le feu de la jalousie,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 50
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.