elle, ��piant tous les mouvements de sa figure, toutes les colorations de sa chair, toutes les ombres de la peau, toutes les expressions et les transparences des yeux, tous les secrets de sa physionomie, il s'��tait impr��gn�� d'elle comme une ��ponge se gonfle d'eau; et transportant sur sa toile cette ��manation de charme troublant que son regard recueillait, et qui coulait, ainsi qu'une onde, de sa pens��e �� son pinceau, il en demeurait ��tourdi, gris�� comme s'il avait bu de la grace de femme.
Elle le sentait s'��prendre d'elle, s'amusait �� ce jeu, �� cette victoire de plus en plus certaine, et s'y animait elle-m��me.
Quelque chose de nouveau donnait �� son existence une saveur nouvelle, ��veillait en elle une joie myst��rieuse. Quand elle entendait parler de lui, son coeur battait un peu plus vite, et elle avait envie de dire,--une de ces envies qui ne vont jamais jusqu'aux l��vres--: ?Il est amoureux de moi.? Elle ��tait contente quand on vantait son talent, et plus encore peut-��tre quand on le trouvait beau. Quand elle pensait �� lui, toute seule, sans indiscrets pour la troubler, elle s'imaginait vraiment s'��tre fait l�� un bon ami, qui se contenterait toujours d'une cordiale poign��e de mains.
Lui, souvent, au milieu de la s��ance, posait brusquement la palette sur son escabeau, allait prendre en ses bras la petite Annette, et tendrement l'embrassait sur les yeux ou dans les cheveux, en regardant la m��re, comme pour dire: ?C'est vous, ce n'est pas l'enfant que j'embrasse ainsi.?
De temps en temps, d'ailleurs, Mme de Guilleroy n'amenait plus sa fille, et venait seule. Ces jours-l�� on ne travaillait gu��re, on causait davantage.
Elle fut en retard un apr��s-midi. Il faisait froid. C'��tait �� la fin de f��vrier. Olivier ��tait rentr�� de bonne heure, comme il faisait maintenant, chaque fois qu'elle devait venir, car il esp��rait toujours qu'elle arriverait en avance. En l'attendant, il marchait de long en large et il fumait, et il se demandait, surpris de se poser cette question pour la centi��me fois depuis huit jours. ?Est-ce que je suis amoureux?? Il n'en savait rien, ne l'ayant pas encore ��t�� vraiment. Il avait eu des caprices tr��s vifs, m��me assez longs, sans les prendre jamais pour de l'amour. Aujourd'hui il s'��tonnait de ce qu'il sentait en lui.
L'aimait-il? Certes, il la d��sirait �� peine, n'ayant pas r��fl��chi �� la possibilit�� d'une possession. Jusqu'ici, d��s qu'une femme lui avait plu, le d��sir l'avait aussit?t envahi, lui faisant tendre les mains vers elle, comme pour cueillir un fruit, sans que sa pens��e intime e?t ��t�� jamais profond��ment troubl��e par son absence ou par sa pr��sence.
Le d��sir de celle-ci l'avait �� peine effleur��, et semblait blotti, cach�� derri��re un autre sentiment plus puissant, encore obscur et �� peine ��veill��. Olivier avait cru que l'amour commen?ait par des r��veries, par des exaltations po��tiques. Ce qu'il ��prouvait, au contraire, lui paraissait provenir d'une ��motion ind��finissable, bien plus physique que morale. Il ��tait nerveux, vibrant, inquiet comme lorsqu'une maladie germe en nous. Rien de douloureux cependant ne se m��lait �� cette fi��vre du sang qui agitait aussi sa pens��e, par contagion. Il n'ignorait pas que ce trouble venait de Mme de Guilleroy, du souvenir qu'elle lui laissait et de l'attente de son retour. Il ne se sentait pas jet�� vers elle, par un ��lan de tout son ��tre, mais il la sentait toujours pr��sente en lui, comme si elle ne l'e?t pas quitt��; elle lui abandonnait quelque chose d'elle en s'en allant, quelque chose de subtil et d'inexprimable. Quoi? ��tait-ce de l'amour? Maintenant, il descendait en son propre coeur pour voir et pour comprendre. Il la trouvait charmante, mais elle ne r��pondait pas au type de la femme id��ale, que son espoir aveugle avait cr����. Quiconque appelle l'amour, a pr��vu les qualit��s morales et les dons physiques de celle qui le s��duira; et Mme de Guilleroy, bien qu'elle lui pl?t infiniment, ne lui paraissait pas ��tre celle-l��.
Mais pourquoi l'occupait-elle ainsi, plus que les autres, d'une fa?on diff��rente, incessante?
��tait-il tomb�� simplement dans le pi��ge tendu de sa coquetterie, qu'il avait flair�� et compris depuis longtemps, et, circonvenu par ses manoeuvres, subissait-il l'influence de cette fascination sp��ciale que donne aux femmes la volont�� de plaire?
Il marchait, s'asseyait, repartait, allumait des cigarettes et les jetait aussit?t; et il regardait �� tout instant l'aiguille de sa pendule, allant vers l'heure ordinaire d'une fa?on lente et immuable.
Plusieurs fois d��j��, il avait h��sit�� �� soulever, d'un coup d'ongle, le verre bomb�� sur les deux fl��ches d'or qui tournaient, et �� pousser la grande du bout du doigt jusqu'au chiffre qu'elle atteignait si paresseusement.
Il lui semblait que cela suffirait pour que la porte s'ouvr?t et que l'attendue appar?t, tromp��e et appel��e par cette ruse. Puis il s'��tait mis �� sourire de cette envie enfantine obstin��e et d��raisonnable.
Il se posa enfin cette question: ?Pourrai-je devenir son
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