amant?? Cette id��e lui parut singuli��re, peu r��alisable, gu��re poursuivable aussi �� cause des complications qu'elle pourrait amener dans sa vie.
Pourtant cette femme lui plaisait beaucoup, et il conclut: ?D��cid��ment, je suis dans un dr?le d'��tat.?
La pendule sonna, et le bruit de l'heure le fit tressaillir, ��branlant ses nerfs plus que son ame. Il l'attendit avec cette impatience que le retard accro?t de seconde en seconde. Elle ��tait toujours exacte; donc, avant dix minutes, il la verrait entrer. Quand les dix minutes furent pass��es, il se sentit tourment�� comme �� l'approche d'un chagrin, puis irrit�� qu'elle lui f?t perdre du temps, puis il comprit brusquement que si elle ne venait pas, il allait beaucoup souffrir. Que ferait-il? Il l'attendrait!--Non,--il sortirait, afin que si, par hasard, elle arrivait fort en retard, elle trouvat l'atelier vide.
Il sortirait, mais quand? Quelle latitude lui laisserait-il? Ne vaudrait-il pas mieux rester et lui faire comprendre, par quelques mots polis et froids, qu'il n'��tait pas de ceux qu'on fait poser? Et si elle ne venait pas? Alors il recevrait une d��p��che, une carte, un domestique ou un commissionnaire? Si elle ne venait pas, qu'allait-il faire? C'��tait une journ��e perdue: il ne pourrait plus travailler. Alors?... Alors, il irait prendre de ses nouvelles, car il avait besoin de la voir.
C'��tait vrai, il avait besoin de la voir, un besoin profond, oppressant, harcelant. Qu'��tait cela? de l'amour? Mais il ne se sentait ni exaltation dans la pens��e, ni emportement dans les sens, ni r��verie dans l'ame, en constatant que, si elle ne venait pas ce jour-l��, il souffrirait beaucoup.
Le timbre de la rue retentit dans l'escalier du petit h?tel, et Olivier Bertin se sentit tout �� coup un peu haletant, puis si joyeux, qu'il fit une pirouette en jetant sa cigarette en l'air.
Elle entra; elle ��tait seule.
Il eut une grande audace, imm��diatement.
--Savez-vous ce que je me demandais en vous attendant?
--Mais non, je ne sais pas.
--Je me demandais si je n'��tais pas amoureux de vous.
--Amoureux de moi! vous devenez fou!
Mais elle souriait, et son sourire disait: ?C'est gentil, je suis tr��s contente.?
Elle reprit:
--Voyons, vous n'��tes pas s��rieux; pourquoi faites-vous cette plaisanterie?
Il r��pondit:
--Je suis tr��s s��rieux, au contraire. Je ne vous affirme pas que je suis amoureux de vous, mais je me demande si je ne suis pas en train de le devenir.
--Qu'est-ce qui vous fait penser ainsi?
--Mon ��motion quand vous n'��tes pas l��, mon bonheur quand vous arrivez.
Elle s'assit:
--Oh! ne vous inqui��tez pas pour si peu. Tant que vous dormirez bien et que vous d?nerez avec app��tit, il n'y aura pas de danger.
Il se mit �� rire.
--Et si je perds le sommeil et le manger!
--Pr��venez-moi.
--Et alors?
--Je vous laisserai vous gu��rir en paix.
--Merci bien.
Et sur le th��me de cet amour, ils marivaud��rent tout l'apr��s-midi. Il en fut de m��me les jours suivants. Acceptant cela comme une dr?lerie spirituelle et sans importance, elle le questionnait avec bonne humeur en entrant.
--Comment va votre amour aujourd'hui?
Et il lui disait, sur un ton s��rieux et l��ger, tous les progr��s de ce mal, tout le travail intime, continu, profond de la tendresse qui na?t et grandit. Il s'analysait minutieusement devant elle, heure par heure, depuis la s��paration de la veille, avec une fa?on badine de professeur qui fait un cours; et elle l'��coutait int��ress��e, un peu ��mue, troubl��e aussi par cette histoire qui semblait celle d'un livre dont elle ��tait l'h��ro?ne.
Quand il avait ��num��r��, avec des airs galants et d��gag��s, tous les soucis dont il devenait la proie, sa voix, par moments, se faisait tremblante en exprimant par un mot ou seulement par une intonation l'endolorissement de son coeur.
Et toujours elle l'interrogeait, vibrante de curiosit��, les yeux fix��s sur lui, l'oreille avide de ces choses un peu inqui��tantes �� entendre, mais si charmantes �� ��couter.
Quelquefois, en venant pr��s d'elle pour rectifier la pose, il lui prenait la main et essayait de la baiser. D'un mouvement vif elle lui ?tait ses doigts des l��vres et fron?ant un peu les sourcils:
--Allons; travaillez, disait-elle.
Il se remettait au travail, mais cinq minutes ne s'��taient pas ��coul��es sans qu'elle lui posat une question pour le ramener adroitement au seul sujet qui les occupat.
En son coeur maintenant elle sentait na?tre des craintes. Elle voulait bien ��tre aim��e, mais pas trop. S?re de n'��tre pas entra?n��e, elle redoutait de le laisser s'aventurer trop loin, et de le perdre, forc��e de le d��sesp��rer apr��s avoir paru l'encourager. S'il avait fallu cependant renoncer �� cette tendre et marivaudante amiti��, �� cette causerie qui coulait, roulant des parcelles d'amour comme un ruisseau dont le sable est plein d'or, elle aurait ressenti un gros chagrin, un chagrin pareil �� un d��chirement.
Quand elle sortait de chez elle pour se rendre �� l'atelier du peintre, une joie l'inondait, vive et chaude, la rendait l��g��re et joyeuse. En posant sa main sur la sonnette de l'h?tel d'Olivier, son coeur
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