État puissant avec une organisation intérieure déjà compliquée.
Les corps des métiers constituaient de puissantes corporations divisées elles-mêmes en
métiers nobles et en métiers vils. Les premiers, seuls, au nombre de sept, comptaient pour
l'administration ou le gouvernement de la cité.
D'abord venait l'ancienne et puissante corporation des marchands de laine, fabricants de
draps grossiers, de lainages ordinaires, à côté de laquelle s'était formé au XIIIe siècle
«l'arte de Calimara», commerçants en draps étrangers, auxquels ils donnaient le fini
florentin. Venaient ensuite l'art de la soie, destiné plus tard à un grand développement, et
enfin, en toute première ligne, les manieurs d'argent, banquiers, changeurs ou usuriers,
qu'on appelait «les maîtres de la Zecca», qui allaient devenir les plus grands bailleurs de
fonds du monde entier. Les banquiers florentins étaient les préteurs des souverains et des
Papes, par lesquels ils étaient même chargés de percevoir les revenus de l'Eglise en tous
lieux. A côté d'eux, la multiplicité et la diversité des monnaies faisaient des changeurs
une véritable puissance encore doublée par la prérogative de battre monnaie pour le
gouvernement florentin. Les trois autres corporations étaient celles des médecins et
apothicaires, des peaussiers et fourreurs, des hommes de loi, juges et notaires. Les chefs
des «métiers nobles» firent la police et presque la loi jusqu'au jour où, sans institution
nouvelle, par la force des choses, ils devinrent les magistrats communaux et formèrent le
premier gouvernement florentin. Ils s'appelèrent successivement recteurs, prieurs et plus
tard «capitani» quand ils ne furent plus, sous l'autocratie, que les simples délégués des
quartiers qu'ils représentaient. A côté de l'aristocratie marchande, il fallait ménager une
place aux nobles, les uns immigrés allemands fixés à Florence, les autres seigneurs
féodaux, incommodes voisins qu'on avait fait descendre de leurs châteaux et qui
haïssaient et méprisaient également les marchands.
Ces familles dont les chefs, appelés «Capitani», n'étaient pas justiciables des tribunaux
consulaires, se consacraient uniquement à la carrière des armes et en tiraient souvent une
gloire dont le prestige amenait une population bourgeoise à choisir des consuls dans leurs
rangs. Par suite de cette immixtion dans les affaires de l'État, les nobles prirent une
arrogance redoutable et les querelles qui ne cessaient de s'élever entre eux devinrent si
terribles, que, pour se mettre en sûreté, ils en arrivèrent à munir leurs palais de tours
démesurées et à les transformer en citadelles inexpugnables, quelquefois assez
rapprochées pour qu'on pût se frapper de l'une à l'autre. Cet état de guerre n'existait pas
seulement de nobles à nobles, et de nobles à marchands, mais ces derniers eux-mêmes
étaient encore divisés par les rivalités de métier. De plus, s'ils voyaient avec joie les
nobles s'épuiser en luttes sanguinaires, à leur tour ils vivaient en défiance continuelle de
la classe placée au-dessous d'eux et de beaucoup la plus nombreuse, celle qui,
originairement composée de serfs, ne comptait pour rien dans le gouvernement recruté
parmi le «primo popolo».
A cette époque (1208), l'expérience avait démontré que, dans les conflits de plus en plus
graves qui mettaient les grandes familles aux prises, les nobles ne prendraient jamais au
sérieux les arrêts prononcés par des juges qu'ils considéraient comme des inférieurs et qui
eux-mêmes avaient à redouter leurs ressentiments et leurs vengeances. Aussi Florence et
les autres gouvernements démocratiques de la Toscane reconnurent-ils la nécessité
d'instituer une magistrature suprême, dont l'autorité s'imposât à tous. Ce nouveau pouvoir
fut celui du Podestat.
Originairement le «Potestate» était un commissaire impérial chargé d'administrer au nom
de l'Empereur. Cette magistrature, instituée par Frédéric Barberousse, fut rapidement
délestée et conspuée dans les villes où elle exerçait un pouvoir absolu et despotique. Mais,
si le gouvernement des Podestats avait ses inconvénients, on ne tarda pas à reconnaître
que leur qualité d'étrangers les prédisposait à une grande impartialité dans leurs
jugements. On se résolut alors à choisir au loin le magistrat auquel on confierait cette
autorité redoutable et à ne la lui confier que pour une période limitée, pendant laquelle il
lui serait interdit de nouer aucune relation avec ses justiciables.
Le XIIIe siècle ne voit que grandir la discorde, que se multiplier les factions, et cet état de
guerre intestine offre le plus étrange contraste avec la prospérité et la richesse croissantes
du pays.
La première scission effective dans le parti de la noblesse (1215?) fut causée par la
rupture d'un mariage projeté entre un Buondelmonti et une Uberti et cela sans autre motif
que le bon plaisir du premier, affront que les Uberti lavèrent en assassinant
Buondelmonte. Cet événement jeta les Uberti dans le parti de l'Empereur, tandis que les
Buondelmonti embrassaient le parti populaire et que, derrière leurs deux maisons, se
groupaient les principales familles florentines constituant deux factions rivales
profondément hostiles.
Ce ne fut pourtant qu'en 1240 que furent adoptées les fameuses dénominations de Guelfes
et de Gibelins, sous lesquelles les partis allaient
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