le Gaulois et le
Français, c'est-à-dire que l'influence de la souche primitive est si persistante, si
profondément enracinée qu'on la retrouve encore par delà les siècles. En effet, la forme
massive, pélasgique, pour ainsi dire, des murs imposants de Cortone ou de Volterra ne se
reconnaît-elle pas dans les lourdes constructions florentines, et leur bossage même ne
rappelle-t-il pas l'appareil étrusque, attestant la perpétuité d'une forte et puissante race sur
le sol toscan?
La domination romaine amena une nouvelle colonisation de l'Étrurie et couvrit le pays de
villes importantes égales aux anciennes cités, déjà en pleine prospérité.
Ce ne fut pourtant que lorsque Antoine et Octave fondèrent leurs colonies militaires en 50
avant J.-C. que l'une d'elles, s'étant fixée dans la partie du pays réputée la plus fertile, et
émerveillée de la richesse de sa nouvelle patrie, appela la ville qu'elle bâtit Florentia,
c'est-à-dire la ville des Fleurs.
Jusque vers le IVe siècle il n'est guère fait mention de la colonie que l'on retrouve à cette
époque jouissant de franchises et de droits étendus, en lutte ouverte contre le
christianisme, auquel il faudra plus d'un demi-siècle pour devenir la religion définitive du
pays.
Ainsi, dès lors, la destinée semble avoir voué Florence à une suite perpétuelle d'agitations
et d'inquiétudes et son histoire tout entière, telle qu'à sa première page, n'offrira qu'une
longue succession de luttes et de combats.
Envahie au Ve siècle par Radagaise, assiégée par Alaric, prise et reprise par Totila et
Narsès, il n'en reste plus pierre sur pierre. Relevée de ses ruines par Charlemagne et
constituée fief de margraves, elle jouit pendant un siècle et demi d'une tranquillité et
d'une paix heureuses; mais à ce calme devait succéder la tempête sous des tyrans cupides
et violents. Ce fut alors que toutes les espérances se tournèrent vers le nord, et que
l'Empire fut appelé pour la première fois à secourir l'Italie (962). Avec Othon le Grand,
les Allemands s'installèrent sans scrupule, comme en pays conquis, chez ceux qui les
avaient appelés, et bientôt les évêques et même le Pape ne furent plus que les premiers
fonctionnaires de l'Empire.
Pourtant la Toscane, au IXe siècle, retrouva sous de nouveaux margraves une vie propre;
elle étendit alors sa domination autour d'elle, à telle enseigne que le Pape arriva à la
considérer comme un rempart contre les ambitions démesurées de l'Empire, tandis que
l'Empereur y voyait un avant-poste. Le pays n'avait qu'à gagner à ce jeu de bascule, où
chacun lui faisait des avances et lui accordait de véritables avantages pour tacher de le
gagner sa cause. Malheureusement pour lui, en 1069, la comtesse Mathilde prenait les
rênes du gouvernement et le pape Alexandre II obtenait d'elle l'acte fameux appelé la
Renonciation de la comtesse Mathilde, par lequel elle se déclarait simple dépositaire de
sa puissance et résolue à n'en user que pour le bien de l'Église; c'était la guerre entre la
Papauté et l'Empire, c'était le brandon des luttes terribles qui allaient ensanglanter la
Toscane pendant tant d'années, car ce que Mathilde donnait à l'Église, les lois de l'Empire
ne lui permettaient pas d'en disposer.
Aussi Henri IV, malgré Canossa, envahit-il aussi la Toscane. Sienne, Pise, Lucques, se
décidèrent en sa faveur; Arezzo et Pistoie se donnèrent à lui et leurs évêques, bien
qu'excommuniés, continuèrent à officier (1081). En récompense de leur fidélité Henri IV
octroya aux villes d'amples franchises et confirma la fondation des libertés urbaines,
tandis que Florence supportait le poids de son attachement au Pape et à la comtesse
Mathilde et qu'assiégée, elle ne devait son salut qu'au départ précipité de l'Empereur pour
l'Allemagne. Les quatre années qu'il y resta permirent à Mathilde de jeter les bases d'un
gouvernement et d'embellir la ville en y édifiant de nombreux monuments, Florence
entreprenait alors de petites guerres contre ses voisins et concluait avec eux des alliances
où perçait pour la première fois son esprit actif et pratique.
La mort de Mathilde ouvrit sa difficile succession et ses biens furent disputés âprement
par Henri V, le successeur d'Henri IV, et par le pape Pascal II, appuyés, l'un sur les droits
du fief, l'autre sur ceux de la donation. Comme tous les deux sollicitaient également
l'appui des villes, ils durent, dans le but de se les acquérir, accorder privilèges sur
privilèges, créant ainsi leur indépendance, car elles n'avaient garde de se donner et
demeuraient platoniquement pour l'Empereur ou pour le Pape.
Après, des rivalités et des luttes sanglantes entre Sienne, Pise et Florence, l'avènement de
Frédéric Barberousse, en 1154, vint rallier tous les intérêts devant le danger commun de
l'invasion par l'Empereur d'un pays qu'il considérait comme traître et rebelle. Aussi, à sa
mort, les cités s'engagèrent-elles à ne plus accepter d'autre souveraineté que celle du
Pape.
Dès cette époque, la petite ville des «Mark-grafs» et de la comtesse Mathilde était
devenue un
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