de patriotes entrant à droite en chantant:
UN PATRIOTE--En avant! marchons, etc. O Canadiens, peuple de braves, La liberté rouvre ses bras! On nous disait: soyez esclaves! Nous avons dit: soyons soldats! Aux armes donc, fiers patriotes, Ressuscitons les sans-culottes! En avant, marchons! Contre les canons! A travers le fer, le feu, les bataillons! Marchons, sus aux despotes! (bis)
LE CHOEUR--En avant, marchons, etc.
(Ils sortent à gauche en chantant.)
TOINON, resté seul en arrière, avec un grand sabre tout rouillé sur l'épaule--Ste Anne du Nord! Si je pouvais donc déplanter un Anglais! . . . ?a serait-y rien qu'un petit. . . . avec le sabre à mon grand-père. . . . Il m'semble que ?a y ferait plaisir, c'pauv'défunt! . . . (Il chante sur un ton faux, en s'en allant à gauche:) En avant, marchant, à travers les champs . . . (Cardinal et Duquette entrent à droite.)
CARDINAL, à Toinon--Gar?on, attends! j'ai à te parler. (à Duquette.) Tu dis qu'il s'est échappé?
DUQUETTE--Oui, et voici même la lettre que je viens de recevoir à ce sujet. (Il lit:) ?Camel s'est évadé hier de la prison où nous l'avions enfermé. Il est probable qu'à l'heure où je t'écris, nous sommes tous dénoncés. On m'assure que le tra?tre est parti ce matin pour Napierville. Ainsi, soyez sur vos gardes. (Signé.) No. 12?. Vous voyez que nous n'avons pas de temps à perdre.
CARDINAL--Ainsi, il est probable qu'il est en ce moment à Napierville?
DUQUETTE--C'est très possible.
CARDINAL, à Toinon--Gar?on, tu connais le capitaine Félix Poutré?
TOINON--Ben, j'penserais!
CARDINAL--Eh bien, cours à Napierville, et dis-lui que Camel s'est échappé de prison; qu'il doit être en ce moment dans les environs, et qu'il faut s'emparer de sa personne à tout prix. Va, tu seras récompensé.
TOINON--?a y est. (Il sort à gauche en chantant:) ?Quand le feu fut dans les sapins, ?a flambait ben, ?a flambait ben.?
(Cardinal et Duquette le suivent.)
Le décor s'ouvre et représente l'intérieur de la demeure de Poutré.
SCèNE II
POUTRé, père et CAMEL (assis)
CAMEL--Je vous dis qu'il y était, moi; et que cette maudite canaille a eu l'audace d'attaquer Odeltown où les volontaires étaient retranchés; qu'ils se sont battus deux jours de suite comme des enragés brigands qu'ils sont. Mais heureusement qu'ils n'avaient pour armes que quelques mauvais fusils et les troupes du gouvernement n'ont pas eu de peine à repousser leurs attaques.
POUTRé--Pauvres enfants!
CAMEL--Oui, pauvres enfants, des rebelles qui, s'ils tombent maintenant sous la patte du gouvernement, recevront certainement ce qu'ils méritent. Entendez-vous, père Poutré, et votre Félix pourrait bien, avant longtemps, essayer une cravate plus dure qu'une cravate de marié!
POUTRé--Mais qui donc t'a dit, Camel, que Félix faisait partie des révoltés? Il est parti depuis huit jours pour Lacolle où il règle quelques-unes de mes affaires.
CAMEL--Allons donc! allons donc! on sait ce qu'on sait. Et si je vous disais, moi, que depuis un mois, il parcourt les campagnes pour assermenté les rebelles et lever des fonds pour acheter des armes aux états-Unis; qu'il a ainsi réuni plus de trois mille vauriens, organisé des comités, tenu des conciliabules, et soulevé partout cette canaille qui est heureusement dispersée maintenant!
POUTRé, à part--Le tra?tre sait tout! (Haut.) C'est impossible ce que tu me dis là, Camel. Mon fils ne s'est jamais mêlé des troubles du pays. Mais, toi, tu fais un bien vil métier en décriant ainsi tes compatriotes, et en essayant de faire planer de tels soup?ons sur la conduite de tes frères.
CAMEL--Ta, ta, ta, ta! Tenez, le père, si j'écoutais mon devoir, je devrais les dénoncer plut?t, et le gouvernement m'en saurait gré . . . (On entend chanter ait loin: En avant! marchons, etc.) Tenez, les voilà qui s'approchent! (On entend des coups de fusil.) Entendez-vous la fusillade? C'est sans doute quelque escarmouche de l'autre c?té de la rivière. Il est maintenant 7 heures du soir: bien! avant qu'il soit 11 heures, les troupes se seront emparées du village. Au revoir, père Poutré. (Il sort.)
SCèNE III
POUTRé seul
POUTRé--Oui, au revoir, maudit pourvoyeur de potence! S'il fallait chasser quelqu'un du pays, c'est bien par les chenapans de ton espèce qu'il faudrait commencer! . . . Mais Félix ne revient toujours pas . . . pourvu qu'il ne lui soit point arrivé malheur . . . qui sait où sa mauvaise tête peut le conduire . . . O mon Dieu, conservez-moi le seul espoir de mes cheveux blancs! (Une troupe de patriotes entrent en chantant. Ils sont armés de fourches, de faux et de mauvais fusils.)
SCèNE IV
POUTRé, BéCHARD, TOINON, PATRIOTES
POUTRé--Eh bien, Béchard? (Il lui serre la main.)
BéCHARD--Et Félix?
POUTRé--Il n'est pas avec vous? Mon Dieu, qu'est-il devenu?
BéCHARD--Il est parti hier soir, pour aller à Lacolle chercher des fusils. Nous le cherchons; le temps presse; il devrait être de retour depuis longtemps.
(Félix entre.)
SCèNE V
Les Précédents, FéLIX
BéCHARD--Le voilà! Eh bien, Félix, voilà quatre heures que nous te cherchons . . .
FéLIX, découragé--Pas d'armes, pas d'armes!
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.