d'une lettre de Mme Auguste de Staël[26]. Vinet lui avait
envoyé les feuilles autographiées de son cours. Mme Auguste de Staël
lui écrit: «Je vous remercie de tout mon coeur des feuilles de votre
cours[27].»)
4 mars.--Leçon sur Atala. 6 id.--Première leçon sur le Génie du
Christianisme. 20 id.--Seconde leçon sur les Martyrs. 26 id.--Achevé
d'écrire mes deux dernières leçons de littérature. 29 id.--J'ai donné ma
dernière leçon de littérature française. 5 avril.--Corrigé la deuxième
épreuve de ma dernière leçon pour la Revue suisse.
Il s'agit de la leçon sur la littérature de la Restauration (voir
"Conclusion: La littérature de la Restauration"). Elle se trouve dans le
tome septième de la Revue suisse, telle qu'elle figure dans l'autographie,
et telle qu'elle figure aussi dans le présent volume, à l'exception du
dernier paragraphe (celui où le professeur prend congé de ses auditeurs).
Sainte-Beuve lut cet article, où il était un peu question de lui. Il écrivit
aussitôt à Vinet:
«Je viens de lire dans la Revue suisse votre discours sur l'histoire
littéraire de la Restauration; j'oublie que vous m'y traitez trop bien, que
vous m'y accordez trop d'attention; mais le but élevé, final, ne manque
jamais et l'on achève la dernière page en regardant là haut[28].»
7 avril.--Corrigé l'épreuve de la leçon sur Corinne pour le Courrier
suisse.
8 mai.--Achevé d'écrire mon cours précédent (de littérature) pour
l'autographie.
19 juin.--Reçu les dernières pages de mon cours autographié.
Je ferai à propos de la note du 7 avril la même observation que j'ai faite
à propos de celle du 5: Vinet a publié dans le Courrier suisse une leçon
de son cours telle qu'elle figure dans l'autographie. Et ceci nous amène
à nous demander si l'autographie n'a pas une valeur plus grande que
celle que bien souvent on lui attribue. Que de fois j'ai entendu dire--et
par des personnes qui connaissent à fond leur Vinet:--«Nous n'avons
pas le texte authentique du cours sur Madame de Staël et Chateaubriand!
Nous n'avons que des notes d'étudiants, revues sans doute par l'auteur,
et sans doute un peu corrigées et complétées par lui, mais enfin ce n'est
pas du Vinet!» Je me permets de n'être pas tout à fait de leur avis. On
peut d'abord leur faire observer que Vinet a publié deux chapitres de
son cours autographié, sans y rien modifier, et il en faut bien conclure
que, pour deux chapitres au moins, nous avons dans l'autographie du
Vinet parfaitement authentique et définitif. Et pour le reste, je les rends
attentifs à la note du 8 mai: «Achevé d'écrire mon cours pour
l'autographie.» Si cette note a un sens, elle ne peut avoir que celui-ci: à
savoir que Vinet a lui-même rédigé son cours. Il l'a rédigé après l'avoir
professé,--c'est entendu,--et en s'aidant des notes prises par ses
étudiants,--c'est entendu encore,--mais il l'a bel et bien rédigé. Il
écrivait à M. Lutteroth le 16 juin 1844:
«Quand toute mon autographie aura paru je vous enverrai ce qui vous
manque. Je trouve toujours plus impossible d'écrire le cours que je fais
maintenant[29]; il ne faut donc point songer à le joindre au premier
dans le cas où on imprimerait celui-ci[30].»
Ce qui signifie qu'il ne peut rédiger ses leçons sur Lamartine, Hugo,
etc., tandis que le premier cours, le cours sur Chateaubriand et Madame
de Staël, doit être considéré comme prêt pour l'impression.
Mais alors, demandera-t-on, où est le manuscrit?--Le manuscrit a été
perdu, répondrai-je, comme bien d'autres manuscrits de Vinet. Mais de
ce que le manuscrit n'existe pas il ne faut pas déduire qu'il n'a jamais
existé.
Je reconnais qu'il y a dans le cours sur Madame de Staël et
Chateaubriand quelques pages où la suite des idées n'est pas
suffisamment marquée et qui ressemblent plutôt à des notes
incomplètes qu'à une rédaction achevée; mais il y en a extrêmement
peu[31], et le plus souvent ce qui me frappe dans ce cours c'est le fini
de l'expression. Le style est oratoire assurément--et c'est tout naturel, et
il ne faut pas s'en plaindre--mais encore une fois c'est mis au point par
Vinet, et en fait de Vinet authentique je ne vois pas ce qu'on pourrait
demander de plus.
Il est dommage après cela que le manuscrit ait disparu.
Nous n'avons de manuscrits de Vinet relatifs à ce cours que trois ou
quatre feuilles de notes sur Madame de Staël. C'est le plan de la
première leçon du professeur sur l'auteur de Corinne; ce sont les
papiers qu'il devait avoir sous les yeux quand il parlait de sa vie et de
son caractère. Fort peu de chose, comme on voit--la plus grande partie
de ce manuscrit est d'ailleurs un choix de citations--mais cela ne laisse
pas d'être intéressant. L'auteur y a en effet rédigé en deux ou trois
lignes sa pensée maîtresse. Elle est là, dépouillée de tous les
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