AUTRE.
Il prend l'humble sous sa défense.
TOUT LE CHOEUR.
Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats. 350 Non, non, il ne
souffrira pas Qu'on égorge ainsi l'innocence.
DEUX ISRAÉLITES.
O Dieu, que la gloire couronne, Dieu, que la lumière environne, Qui
voles sur l'aile des vents, 355 Et dont le trône est porté par les anges!
DEUX AUTRES DES PLUS JEUNES.
Dieu, qui veux bien que de simples enfants Avec eux chantent tes
louanges!
TOUT LE CHOEUR.
Tu vois nos pressants dangers: Donne à ton nom la victoire: 360 Ne
souffre point que ta gloire Passe à des dieux étrangers.
UNE ISRAÉLITE seule.
Arme-toi, viens nous défendre. Descends tel qu'autrefois la mer te vit
descendre. Que les méchants apprennent aujourd'hui 365 A craindre ta
colère. Qu'ils soient comme la poudre et la paille legere Que le vent
chasse devant lui.
TOUT LE CHOEUR.
Tu vois nos pressants dangers: Donne à ton nom la victoire; 370 Ne
souffre point que ta gloire Passe à des dieux étrangers.
ACTE SECOND.
(_Le théàtre représente la chambre où est le trône Assuérus_.)
SCÈNE I.
AMAN, HYDASPE.
AMAN.
Hé quoi? lorsque le jour ne commence qu'à luire, Dans ce lieu
redoutable oses-tu m'introduire?
HYDASPE.
Vous savez qu'on s'en peut reposer sur ma foi, 375 Que ces portes,
Seigneur, n'obéissent qu'à moi. Venez. Partout ailleurs on pourrait nous
entendre.
AMAN.
Quel est donc le secret que tu me veux apprendre?
HYDASPE.
Seigneur, de vos bienfaits mille fois honoré, Je me souviens toujours
que je vous ai juré 380 D'exposer à vos yeux par des avis sincères Tout
ce que ce palais renferme de mystères. Le Roi d'un noir chagrin paraît
enveloppé. Quelque songe effrayant cette nuit l'a frappé. Pendant que
tout gardait un silence paisible, 385 Sa voix s'est fait entendre avec un
cri terrible. J'ai couru. Le désordre était dans ses discours. Il s'est plaint
d'un péril qui menaçait ses jours: Il parlait d'ennemi, de ravisseur
farouche; Même le nom d'Esther est sorti de sa bouche. 390 Il a dans
ces horreurs passé toute la nuit. Enfin, las d'appeler un sommeil qui le
fuit, Pour écarter de lui ces images funèbres, Il s'est fait apporter ces
annales célèbres Où les faits de son règne, avec soin amassés, 395 Par
de fideles mains chaque jour sont tracés. On y conserve écrits le service
et l'offense, Monuments éternels d'amour et de vengeance. Le Roi, que
j'ai laissé plus caime dans son lit, D'une oreille attentive ecouté ce récit.
400
AMAN.
De quel temps de sa vie a-t-il choisi l'histoire?
HYDASPE.
Il revoit tous ces temps si remplis de sa gloire, Depuis le fameux jour
qu'au trône de Cyrus Le choix du sort plaça l'heureux Assuérus.
AMAN.
Ce songe, Hydaspe, est donc sorti de son idée? 405
HYDASPE.
Entre tous les devins fameux dans la Chaldée, Il a fait assembler ceux
qui savent le mieux Lire en un songe obscur les volontés des cieux.
Mais quel trouble vous-même aujourd'hui vous agite? Votre âme, en
m'écoutant, paraît toute interdite. 410 L'heureux Aman a-t-il quelques
secrets ennuis?
AMAN.
Peux-tu le demander dans la place où je suis, Haï, craint, envié, souvent
plus misérable Que tous les malheureux que mon pouvoir accable?
HYDASPE.
Hé! qui jamais du Ciel eut des regards plus doux? 415 Vous voyez
l'univers prosterné devant vous.
AMAN.
L'univers? Tous les jours un homme. . . un vil esclave, D'un front
audacieux me dédaigne et me brave.
HYDASPE.
Quel est cet ennemi de l'État et du Roi?
AMAN.
Le nom de Mardochée est-il connu de toi? 420
HYDASPE.
Qui? ce chef d'une race abominable, impie?
AMAN.
Oui, lui-même.
HYDASPE.
Hé, Seigneur! d'une si belle vie Un si faible ennemi peut-il troubler la
paix?
AMAN.
L'insolent devant moi ne se courba jamais. En vain de la faveur du plus
grand des monarques 425 Tout révère à genoux les glorieuses marques;
Lorsque d'un saint respect tous les Persans touchés N'osent lever leurs
fronts à la terre attachés, Lui, fierement assis, et la tête immobile, Traite
tous ces honneurs d'impiété servile, 430 Présente à mes regards un front
séditieux, Et ne daignerait pas au moins baisser les yeux. Du palais
cepeudant il assiège la porte: A quelque heure que j'entre, Hydaspe, ou
que je sorte, Son visage odieux m'afflige et me poursuit; 435 Et mon
esprit troublé le voit encor la nuit. Ce matin j'ai voulu devancer la
lumière: Je l'ai trouvé couvert d'une affreuse poussière, Revêtu de
lambeaux, tout pâle; mais son oeil Conservait sous la cendre encor le
même orgueil. 440 D'où lui vient, cher ami, cette impudente audace?
Toi, qui dans ce palais vois tout ce qui se passe, Crois-tu que quelque
voix ose parler pour lui? Sur quel roseau fragile a-t-il mis son appui?
HYDASPE.
Seigneur, vous le savez, son avis salutaire 445 Découvrit de
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